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la partie inférieure, un Amour eft affis dans une nacelle à laquelle eft attelé un Papillon, qui en fuit de fort près un autre, lequel femble le guider & conduire cette petite voiture du côté de Pfiché. Ce dernier Groupe eft placé au-deffus d'un lit de deux couleurs qui fe diftingue du fond de l'Agathe, & continue depuis la Pfiché, N°. III. jufqu'à la Diane, No. 1. c'eft-à-dire, qu'il parcourt la moitié de la circonférence. L'Artifte en a profité pour indiquer tantôt par une fleur beaucoup trop forte la fertilité du terrein, tantôt les nuages qui portent les Figures; & enfin, ce même lit défigne le Ciel, lorfqu'il occupe l'efpace parallèle au-deffus des Figures. Telle eft la compofition de ce morceau; il n'eft pas même poffible de hafarder des conjectures fur fon objet. Nous ignorons les détails de la Religion des Anciens. Les idées métaphyfiques dont on l'enveloppoit, offrent des variétés fans nombre, & ces variétés font autant de mystères pour nous. Nous ne parviendrons jamais à expliquer les Emblêmes, les Symboles que ces Peuples avoient adoptés.

D'ailleurs, les Arts ont toujours été foumis aux caprices des Grands, par la raison qu'ils ont pû les encourager par des récompenfes. Ces hommes favorifés de la fortune manquent fouvent de goût, ils forcent quelquefois les Artiftes à fuivre leurs idées, & à jetter du défordre & de la confufion dans un Dessein, en éxigeant la représentation de différens inftans, ce qui produit néceffairement des compofitions bifares & obfcures. Telle eft celle qu'on voit ici. Tout paroît cependant indiquer un Vase funéraire. Peut-être a-t-il été deftiné pour une feule perfonne; peut-être auffi pour la mémoire de plufieurs. Le Papillon eft le Symbole de l'ame échapée du corps. La nacelle, dans la forme qu'elle paroît ici, marque le paffage de l'ame aux Enfers. Toutes ces Figures de l'Amour pourroient faire croire que ce Dieu eft caufe de la mort de la perfonne, ou des perfonnes en l'honneur de

qui

qui ce Monument a été fabriqué. Hébé marqueroit l'âge, Apollon & Diane les goûts favoris de celui ou celle qu'on regrette; car ces deux dernières Divinités n'ont ici d'autre action que celle de préfider. Enfin, je n'entreprendrai pas de rendre raifon de tous les autres ornemens; le Lecteur pourra facilement trouver des idées plus heureuses. J'ajoûterai que ce relief pourroit avoir pour objet quelque trait particulier de l'Hiftoire de Pfiché, auquel il feroit allufion.

Quoique le luxe ait été porté infiniment loin à Ro- T me, & qu'il y ait eu des Particuliers d'une richeffe immenfe, la magnificence de ce Vafe me perfuade qu'il a été fait pour une famille Impériale; car on en a trouvé un pareil à peu-près, mais de matière différente, puifqu'il n'eft que de verre, dans le Tombeau d'Aléxandre Sévère, & ce Vafe eft confervé à Rome dans le Palais Barberin: mais on n'a jamais pû donner l'explication des fujets qui en font l'ornement.

Il faut obferver que le defordre dans les compofitions a précédé chez les Romains la décadence de l'Art; car on voit fouvent de très-belles parties dans des fujets très-mal compofés. Au refte, ce Monument d'Agathe avoit été deffiné très-exactement dans un Recueil Manufcrit de Peiresc, confervé à la Bibliotheque du Roi. Il a perdu une des anfes depuis que cet homme célèbre l'a fait deffiner; car alors il en avoit encore une. On peut remarquer dans l'Eftampe les naiffances de ces deux anfes. Elles étoient prifes dans l'épaiffeur du morceau, & formées fimplement & quarrément, fans excéder la hauteur & la largeur du Vafe. Dans le Recueil de M. de Peiresc, il eft représenté monté en or & enrichi de Pierreries; travail moderne, qui avoit été fait fans doute, pour fauver la difformité de la caffure ancienne. J'ai marqué par des points N°. 11. la forme de l'anse qui fubfiftoit encore dans le dernier fiècle. La monture dont il étoit orné, & que

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nous a confervée M. Peiresc, paroît avoir été d'un affez bon goût.

L'ouvrage pouvoit avoir été fait par nos Orfévres, du temps de François Premier; car la France en a produit d'excellens, auffi-tôt après le renouvellement des Arts. Ce morceau, felon toutes les apparences, faifoit l'ornement du Cabinet de nos Rois. On- peut lui comparer le Vafe du Cabinet de Brunfwick, également d'Agatheonice, & représentant un Sacrifice à Cérès & à Bachus: Pl. LXXVIII. To. On en trouvera la defcription dans le P. Montfaucon. Celui qui nous occupe a été vendu fans monture, & donné pour un prix médiocre dans la dernière vente faite au Garde-meuble en 1753. M. Guai connu par fon talent pour la gravûre fur les Pierres fines, l'a retrouvé dans Paris, & me l'a communiqué. Ce Monument méritoit d'être gravé, tant à caufe de fa richesse & de fa rareté, que parce qu'il n'a point encore paru dans aucun Recueil d'Antiquités.

11. Part. I.

Le Vafe eft rapporté de fa grandeur exacte.

PLANCHE LXX XV I I.

Les deux têtes de terre cuite repréfentées fous les deux premiers N°. de cette Planche, ne font dessinées que de face; les autres afpects font détruits, & ne pourroient rien indiquer.

N°. I.

LES cheveux de cette Tête élégamment frifés, font élevés fur le front dans une forme circulaire, & recouverts à moitié d'un voile, qui eft autant une parure de mode, qu'une marque du Sacerdoce: ils accompagnent le visage, retombent fur les épaules & paroiffent fe foutenir à la hauteur des oreilles par des corps faillans, qui font couverts par ces mêmes cheveux.

Cette coeffure noble & majeftueuse, femble cepen

dant être plus recherchée que celle que l'on voit ordinairement aux Prêtreffes. Toutes les têtes en ce genre que j'ai rapporteés dans le premier Volume & dans celui-ci, font pleines & ont été travaillées à l'ébauchoir; celle-ci eft la feule qui foit moulée & creuse dans fon intérieur. Cette diftinction peut la faire regarder comme une tête plus recommandable, & dont on a voulu multiplier les Copies fur le moule. C'étoit peut-être celle d'u ne Princeffe, de la famille Imperiale: elle a été trou vée en Egypte, d'où elle m'a été envoyée. Elle a un pouce & demi de hauteur.

par

No. II. i

ΓΙ il

CE Monument nous préfente une des plus grandes bi farreries de la mode. Un amas prodigieux de feuilles de Laurier, ou d'autres Plantes; (car il n'eft pas poffible d'en diftinguer l'espèce) se termine à un bourelet, ou à l'extrémité d'une calotte. Des feftons d'ornemens se détachent de ce bourelet, & fe mêlent aux cheveux qui règnent fur le front. La tête paroît ferrée à la hauteur des oreilles des corps percés pour recevoir les parures qu'on vou Loit y fufpendre. Cette coeffure fingulière, n'autorise aucune conjecture, & il fuffit de la décrire. Mais je dois obferver que cette tête ne me paroît point un ouvrage de fantaisie, ni compofée pour faire partie d'aucun ornenement. Elle porte cet air de nature & de vérité, auquel il eft difficile de fe tromper; elle est, ainsi que toutes les autres que j'ai rapportées en ce genre, un véritable Portrait. Cette terre cuite eft également venue d'Egypte.

Sa hauteur eft de deux pouces quatre lignes; fa largeur deux pouces,

No. III.

LE travail de cette tête de Médufe, eft auffi mauvais que groffier, & je ne lui aurois point donné place dans ce

Recueil, fi elle n'étoit de Corail; matière affez rarement employée par les Anciens. Il n'eft pas facile de déterminer le Pays où elle a été fabriquée. Je croirois qu'on doit l'attribuer à quelque Colonie Romaine. Le goût des Romains s'étendoit avec leur Empire. On imitoit dans les Provinces les Arts qui régnoient à Rome, & ces Arts traités chez les Nations Barbares, & par des Ouvriers ignorans, perdoient leurs graces & leur beauté. Il y a cependant une forte de recherche dans cette mauvaise têtes car les yeux font incruftés & formés par une matière blanche, qui peut avoir été tirée d'un Coquillage. Le trou qu'on apperçoit dans les moulures de l'ornement, qui termine le col, me détermine à mettre ce Monument au rang des Amulettes.

Il a un pouce & demi de hauteur, & treize lignes de largeur.

N. IV.

POUR ne point négliger de préfenter de belles formes aux Artiftes, j'ai orné cette Planche d'un Vafe, dont le trait eft des plus agréables. Il eft gravé en creux fur une très-belle Cornaline, que le hafard m'a fait rencontrer à Paris. Le travail en eft beau, la Pierre eft bien confervée, & fon antiquité ne peut être douteufe. Les morceaux d'ornement dans ce genre de travail ne préfentent point de contours, de fentimens de chair, de touches variées & de mouvement de compofition. On ne peut par conféquent décider à quel Peuple ils appartiennent. Il ne faut pour les exécuter que de la jufteffe dans la main, & de l'habitude d'outil, & j'en ai vû de très-beaux de travail moderne. Cependant je ne fçais fi les Grecs ont jamais placé des Vafes feuls fur leurs Pierres; & je crois devoir donner celui-ci, malgré fa grande beauté, aux Romains. Sans doute il aura été gravé dans ces temps heureux où les Artiftes Grecs attirés à Ro

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