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mant; enfin, tout ce qui eft néceffaire pour la gravûre des pierres étoit connu de ces Peuples, & fréquemment répété par eux. Une telle opération eft conftamment liée avec plufieurs autres parties des Arts fur lefquelles je pourrois m'étendre; mais pour me renfermer dans les bornes convenables à cet ouvrage, je m'arrête à quelques réflexions, ou plutôt à quelques conjectures fur l'histoire des Sceaux & des Cachets.

Je fuis perfuadé que les Amulettes ont toujours eu un double objet. Celui de flatter la fuperftition des Peuples & celui de fervir de fceau, ou de figne d'aveu ou de préfence, par le moyen de leur empreinte. Cette opinion eft d'autant plus vrai-femblable, qu'il eft rare d'en rencontrer dont les sujets foient de relief. Il eût été poffible d'employer ces dernieres aux mêmes ufages; mais l'empreinte auroit caufé plus d'embarras, & l'effet en auroit été beaucoup moins facile à diftinguer. Ainfi je crois que les Anciens ont commencé à porter au col ces fortes d'aveux dans ces temps où l'Ecriture étoit moins pratiquée. Ces hommes qui étoient prefque tous ouvriers, laboureurs ou foldats, n'imaginoient pas qu'il fût naturel d'embarraffer leurs mains de bagues qui les auroient empêchés de travailler & de manier les armes, fur-tout dans des fiècles où la groffièreté du travail & des métaux, donnoit à cet ornement une épaiffeur confidérable. Au refte, je ne donne ces réflexions que comme des conjectures à l'appui defquelles Pline me paroît cependant venir, lorfqu'il déclame contre les anneaux; il affûre que les Egyptiens n'en ont jamais porté; & il ajoûte dans le même endroit, que les bagues ont précédé l'argent monnoyé. Il eft vrai que la fabrique en eft moderne, en comparaifon des anneaux que nous voyons cités dans les plus anciens Auteurs. Pline croyoit donc que ce genre de parure n'étoit connu dans le monde que depuis peu de fiècles ; & ce font les Amulettes, fans doute, qui leur ont

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donné naiffance. Mais on reffemble, en parlant de ces chofes éloignées, à des aveugles qui touchent plufieurs corps avant que de trouver celui qu'ils cherchent, & qui le plus fouvent tournent le dos à leur objet.

Il me paroît que les Egyptiens ont employé conftam ment pour leurs Amulettes la forme des Scarabées; nous en trouvons de toutes les matières, à la réserve des métaux. Cependant, l'art de la fonte leur étoit connu. Peutêtre quelque fuperftition particulière que nous ignorons, leur défendoit d'employer les métaux à cet ufage. Les fcarabées de terre cuite, couverte d'émaux de couleur verte & bleue, étoient préférés par ces Peuples, du moins je n'en ai point vû d'autre couleur; ils en faifoient de toutes les pierres fines & de tous les marbres. Dans quelque Art que ce puiffe être, les manoeuvres différentes & néceffaires font une preuve de fes progrès : de forte que les moyens d'opérer examinés avec foin, nous font connoître la datte des monumens, & la route qui a conduit les talens à divers degrés de perfection. Les Amulettes de terre indiquent cette progreffion : car, outre les premiers procedés, & la gravûre; la couverte, le degré du feu, & le moule exigeoient d'autres manoeuvres néceffaires pour la production de ces ouvrages. Dabord on dût fe fervir de corps cylindriques, quarrés, ou pyramidaux : on vint enfuite aux Scarabées, & l'on s'y arrêta. A quoi l'on fut porté fans doute, non-feulement par le refpect que la Religion infpiroit pour un animal, qui étoit l'emblême du Soleil, mais encore par des raifons d'ufage & de commodité. Le corps du Scarabée fervoit de tenue à la main, & fa baze permettoit de placer le fceau ou le cachet avec autant de sûreté que de facilité. Les Etrufques ont admis cet usage, & l'ont pratiqué. Mais les Grecs ont dans la fuite fupprimé le corps du Scarabée, & confervé la forme ovale que fa baze préfentoit pour le corps de la gravûre; enfin, ils ont monté ces pierres dans des

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anneaux qui leur fervoient d'ornemens, & offroient aux yeux les belles gravûres que leurs Artistes avoient exécutées, fans exclurre l'utilité attachée à ces fortes d'ouvrages. Il ne faut pas cependant croire que ces dernieres opérations ayent fuccédé promptement aux premieres: on doit avoir été long-temps à produire la foûdure d'un anneau, & encore plus la fertiffure d'une pierre dans le métal. On pouvoit fondre, forger un anneau, le réparer même à la lime, fans fçavoir cependant établir les pierres dans les métaux, rabattre des parties fines & déliées, qu'il falloit détacher, & réserver fur la place, pour fixer & affûrer folidement une pierre, en un mot, ce qu'on appelle la fertir. On évitoit tous ces détails qui paroiffent de peu de conféquence à nos Artiftes éclairés par l'habitude & la réflexion, & qui étoient très-difficiles alors parce qu'on perçoit la pierre avec le même inftrument qui fervoit à la graver, & qu'on la paffoit enfuite dans une ganfe. Telle eft, à mon fens, l'origine des cachets; tels ont été les progrès des Arts, telle eft la marche que les pierres gravées ont fuivie avant que de parvenir à l'état où nous les

voyons.

Je ne dois pas finir cet article fans avertir que les Bafilidiens ou les Gnoftiques, Chrétiens hérétiques du premier fiècle, qui vivoient en Egypte, voulant avoir entre eux des marques certaines de reconnoiffance, & des fignes qui leur affûroient l'hofpitalité, fignes appellés Teffera par les Romains, qui en portoient auffi, ont adopté la plus grande partie des pierres anciennement travaillées par les Egyptiens, & les tables des Scarabées. Quelques-unes de ces tables étoient nues, & fans ornement, comme on en trouve encore aujourd'hui. Ils les ont remplies en tout fens de mots bizarres, & de caractères Grecs, Cophtes & Hébreux, qui n'avoient de fignification que pour eux, & dans lefquels on pcuyoit reconnoître la Religion qu'ils profeffoient. Souvent

pour rendre encore ces caractères plus inintelligibles, ils
les ont placés aux côtés de différentes figures, antiques à
leur égard, que ces tables portoient déja. Ces pierres qui
forment un affemblage bizarre, font répandues dans tous
les Cabinets de l'Europe, & connues fous le nom d'A-
braxas. Elles ne font recommandables qu'autant que les
deffeins Egyptiens peuvent encore s'y diftinguer. Confi
dérées fous ce point de vûe, elles ont une forte d'utilité,
& mériteroient plus d'attention de la part des Curieux,
qui peut-être les négligent un peu trop.

PLANCHE X.
No. I.!!

Tour ce que j'ai dit dans le premier volume, Planche XXXIX. N°. I. à l'occasion d'un Vafe Etrufque, convient parfaitement à celui que je préfente. C'est la même matière, le même travail & la même fabrique. On peut lire les réflexions dont j'ai accompagné l'explication de ce Monument. Elles ne feront point déplacées dans cet Article, & j'évite de les répéter pour ne point groffir inutilement ce volume.

Je mets ce Vase dans la claffe des Antiquités Egyptiennes, parce que , parce que les Figures dont il eft orné & fa forme, prouvent au moins qu'il a été deftiné pour l'Egypte. Il paroît cependant avoir été fabriqué en Etrurie. La Divinité à tête d'Epervier, femble conjurer l'Animal qu'on voit à fes pieds, fur la pointe defquels il eft guinPl. exxxt dé, tandis qu'il s'appuye fur un bâton. Le P. Montfaucon a placé plufieurs Figures à tête d'Oiseaux, & femblables à celle-ci, au nombre des Ofiris, Ce petit Animal a quelque rapport avec l'Ichneumon; ainfi le sujet du Deffein pourroit être une conjuration, ou une priere contre le Crocodile, & peut-être auffi contre Typhon, dont on connoît l'histoire. Il est impoffible de déterminer la nature & l'efpèce des deux corps qui font placés devant

tom. 2. fec. Part,

&

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