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fabriqué dans un Pays étranger, où les Arts étoient dans leur enfance, & qu'on en ignoroit les pratiques; l'autre dans l'Egypte, où l'on étoit éclairé fur les opérations.

On peut ajoûter encore que la bifarrerie du culte, ou des raisons d'économie peuvent avoir engagé l'Artiste à ne pas traiter cette Figure avec plus de foin, d'autant qu'il ne s'agiffoit peut-être, que d'indiquer une Divinité, ou une Allégorie connue. Quoi qu'il en foit de ces réflexions, on pourroit regarder cette Figure comme une mauvaise représentation du Minotaure, fi la position des bras & des jambes n'étoit pas purement Egyptienne. D'ailleurs on doit s'en rapporter aux impreffions du premier coup d'œil, qui attachent à ce Monument un fens & des idées allégoriques, & des rapports à un culte obfcur en lui-même.

Cette Idole eft d'or, elle n'a qu'un pouce de hauteur, elle pèfe un demi-gros vingt-deux grains: l'or en eft beaucoup plus jaune & plus pur que celui du N°. précédent; car il eft au moins à vingt Karats.

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CE Monument préfente des difficultés que je n'entreprendrai pas d'expliquer. Je me contenterai d'en donner la defcription.

Il est deffiné d'après un Plâtre, ou plutôt un Gypse fort léger, auquel on a donné une couleur rougeâtre, pour lui faire imiter la terre cuite. Il appartenoit à M. le Maire, Conful de France en Egypte, qui le tenoit foigneufement renfermé dans un étui fait exprès. Malgré les perquifitions que j'ai faites, je n'ai pû fçavoir ni comment il lui étoit parvenu, ni le lieu où il avoit été trouvé, ni même la nature du corps fur lequel il a été moulé, fi cependant il eft vrai qu'il l'ait été de nos jours, ce qui peut peut encore fouffrir quelque difficulté. Quoi qu'il en foit, il faut remarquer que la même compofition eft

répétée trois fois, & que les bandes appliquées l'une contre l'autre fe retréciffent en s'élevant, & forment une forte de Pyramide à trois faces. Ce rétréciffement prouve que ce Monument n'a pas été tiré d'une de ces bandes que l'on trouve communément derrière les Figures Egyptiennes, qui leur fervent d'appui, & fur lesquelles on voit affez fouvent des caractères Hiéroglyphiques.

D'ailleurs je n'ai jamais observé fur ces bandes l'alliage du creux & du relief qu'on voit ici, & dont il est rare en général, de rencontrer des exemples, non-feulement dans l'Antique, mais encore dans le Moderne. Il résulte d'un pareil assemblage, de l'efpèce des ornemens, du genre de la matière & de la répétition fymmétrique d'un feul morceau, d'affez grandes fingularités, qui méritoient d'être remarquées.

Au refte, les caractères Hieroglyphiques en creux, qui occupent toute la hauteur dans le milieu, font de la plus grande netteté, & les Figures en pied, qui accompagnent de chaque côté ces Hiéroglyphes dans les deux tiers, font de relief; & je puis affûrer que jamais aucun moule n'a été pris avec autant d'exactitude & de précifion. On y reconnoît fans peine toutes les fineffes de travail que l'Original doit préfenter, foit pour le creux, foit pour le relief. Je ne puis finir cet article, sans faire quelques réflexions.

Le creux & le relief fe trouvent alliés dans ce morceau; ce qui n'eft pas ordinaire, comme je l'ai déja dit; & ce qui mérite une attention plus particulière, c'est la fingularité même du relief. En effet, on ne trouve point d'Ouvrages Egyptiens de cette espèce dans les Monumens publics. On voit, il eft vrai, de petites Figures de relief fur les Amulettes ; j'en ai rapporté une dans le prePl. IX. n°. 4. mier volume de ce Recueil: mais ces morceaux font rares, & leur relief eft très-peu faillant. Cette confidération me paroît une des plus fortes preuves en faveur de la

grande

grande antiquité des Arts chez les Egyptiens. Car il eft
conftant que
la premiere idée qui fe préfente fur cette
partie de la Sculpture, n'eft jamais féparée de celle du
relief. Dibutade rapporté par Pline, comme l'Inventeur
de cet Art, prouve cette vérité; & l'on doit convenir
que la marche de l'esprit humain eft, & fera toujours la
même, fur-tout par rapport aux Arts, dont le but eft l'i-
mitation de la Nature. Combien donc a-t-il fallu d'années,
& peut-être de fiècles, pour fentir que le relief fur les ma-
tières même les plus dures, étoit expofé à des accidens
inévitables à tous les corps faillans? On ne pourroit fi-
xer le temps qui s'eft écoulé avant qu'on ait imaginé de
prévenir les inconvéniens par un moyen contraire. Il fal-
loit facrifier toutes les parties de l'effet, & par confé-
quent la beauté & la magnificence, au defir de rendre
les Ouvrages immortels; c'est-à-dire, abandonner les fail-
lies qui produifent les ombres qui les font valoir, & met-
tre en leur place les mêmes compofitions en creux. C'est
ainfi que les Egyptiens en ont agi dans tous les morceaux
de ce genre d'ornement, qui font venus jufqu'à nous. Il
eft donc vraisemblable qu'ils avoient auparavant employé
la voie la plus fimple, & la plus naturelle. C'est même
par une fuite de cette idée, plus encore que par la faci-
lité du travail, que toutes les Nations qui ont fuccédé
aux Egyptiens dans la pratique des Arts, ont toujours
traité leurs Lettres en creux fur le Marbre & fur le Bron-
ze, tandis que moins grands dans leurs projets, & moins
occupés de la poftérité, ils ont exécuté tous les autres or-
nemens de relief.

Je ne fçais fi le morceau, qui a fervi de modèle à celui-ci, n'avoit pas plus de longueur à chacune de ses extrémités. L'ignorance où nous fommes, par rapport aux caractères, ne nous permet pas de juger fi nous poffédons un fragment, ou la copie d'un tout.

Ce Monument a été réduit à peu-près au tiers dans * G

Liv. 35. c. 12.

tous les fens, pour entrer dans la Planche d'une maniè¬ ré plus agréable à l'oeil. If a deux pouces à fa base, & cinq lignes de moins à fon extrémité. Sa hauteur eft de quinze pouces cinq lignes. Il n'eft pas néceffaire d'avertir que les parties marquées BB, fe joignent à celles qui font diftinguées AA. pour former le morceau tel qu'il

éxifte.

M. Pélerin en eft poffeffeur; il lui a été envoyé d'Egypte après la mort de M. le Maire.

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