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buer à ces éclairciffemens, en préfentant plufieurs de ces compofitions; j'ofe même l'efpérer, d'autant que les Figures ont le plus fouvent quatre ou cinq pouces de proportion, & qu'elles rendent clairement l'objet pour lequel elles ont été destinées.

Ces réflexions me ferviront d'excufe auprès de ceux qui me reprochent d'avoir trop loué cette Nation, & d'avoir attaché une idée trop avantageufe à leurs Ouvrages de terre. Je n'ai d'autre objet dans ces explications, que de faire connoître la variété des fujets dont les Etrufques ont orné ces fortes d'Ouvrages, & de faire fentir les différences dans le goût de leur Deffein: plus je les vois, plus je découvre trois manières parfaitement diftinctes, & qui pourroient fournir une Differtation particulière, mais elle feroit trop sèche pour le grand nombre des Lecteurs; & ceux qui connoiffent véritablement les Arts, n'ont pas befoin qu'on leur démontre cette vérité.

Je ne me fuis autant étendu fur les Ouvrages de terre, que pour rappeller le goût particulier de cette Nation. Je crois avoir prouvé ailleurs fon ancienneté dans les Arts fur les Grecs, & la différence avec laquelle ils ont puifé dans une fource commune; le Commerce avec ces derniers, qu'on démontre par les Monumens, a changé & perfectionné la manière d'opérer des Etrufques. Imitateurs, & non Copiftes, ils ont profité des lumières des Grecs, fans s'affervir à leur goût.

Je dois avertir que la vûe des Planches ne répond pas quelquefois bien exactement à l'explication. La raison en eft, que ceux qui ont fait les Deffeins, même fous mes yeux, n'ont pû s'affujettir à des détails uniformes, fur-tout dans les plus anciens Monumens. Il faudroit que les mêmes vûes conduisîffent le Deffinateur, le Graveur & l'Auteur : la querelle des Antiquaires & des Graveurs n'est pas prête à finir.

PLANCHE

PLANCHE XIII.

N°. I.

J'AI dit dans le premier Volume de ce Recueil en expliquant la Figure, No. I. de la Planche xxvIII. qu'elle avoit précédé le commerce des Etrufques avec les Egyptiens. Les deux bronzes que je préfente ici doivent être mis dans la même classe. Et fans admettre les traces de la mître & de la coëffure des Troyens, comme a fait Pignorius dans le Origini di Padoua, pag. 66. Il nous fuffit qu'il en rapporte non-feulement d'un goût approchant, mais de pareilles, pour les donner aux premiers habitans de l'Italie.

Le travail de ces Figures ne peut être plus barbare: tout y refpire cette ignorance que le goût n'a point diffipée. On diftingue principalement dans le N°. 1. les efforts d'un génie qui voudroit fe produire, qui cherche à fe développer, & qui n'ayant aucun Monument capable de lui faire fentir par la comparaifon l'harmonie de l'ensemble, n'eft frappé que d'un objet, s'y arrête, & le marque, fans penfer aux proportions que cet objet doit avoir avec la totalité de la figure. Celle-ci tient un fruit avec deux doigts ridicules & monftrueux par leur groffeur. Cette action eft, fans doute, l'objet principal de l'ouvrage. Du refte, elle est emblématique, & il feroit difficile de l'expliquer. Tous les anciens Peuples étant tombés dans l'idolâtrie, on peut dire que leurs premieres Figures ont été des actes de refpect pour les Dieux qu'ils s'étoient fabriqués, ou de reconnoiffance envers les hommes qui ont rendu quelques fervices à la Patrie, ou à l'humanité. Ainfi elles font prefque toutes allégoriques, & il faudroit connoître l'hiftoire des tems & des circonftances pour débrouiller ce cahos. Ce bronze ne fe trouve dans aucun des Auteurs Florentins, qui ont le mieux

* H

connu ces Antiquités. Le P. Montfaucon en fait mention, ou d'un autre femblable, Planche cxvIII. Tome 2. Partie 2. il le met au rang des Monumens Egyptiens, & le regarde comme Ofiris; il eft vrai qu'il témoigne quelque doute.

La hauteur de ce bronze eft de quatre pouces, moins une ligne.

N°. II.

CETTE figure n'a rien de fingulier que le bonnet pointu, ou l'efpèce de mître dont la tête eft couverte. Cette coëffure, toute fimple qu'elle eft, pourroit cependant être l'origine de deux autres que l'on voit dans le premier Volume, Planche LXIII. N°. I. & Planche LXXXV. No. II. Car tel eft le progrès des Arts: les ornemens les plus groffiers fouvent répétés, acquièrent infenfiblement fous la main des Artistes, des corrections, des graces, de l'élégance, & parviennent, enfin, à l'efpèce de perfection qui leur eft propre. Je préfumois dans le premier Volume, que ces deux parures étoient empruntées des Etrufques. Je croyois y découvrir le goût & le travail de cette Nation. Si le Monument que je décris n'eft pas une preuve abfolue de ma conjecture, du moins elle en augmente la vraisemblance.

Ce bronze a trois pouces, neuf lignes de hauteur.

No. III.

L'EXECUTION de ce bronze ne touche par aucun détail de vérité. On doit d'autant moins s'attendre d'en trouver dans ces fortes de Figures, que le nud eft toujours plus difficile à rendre, & que l'on pardonne plus aifément, fur-tout dans des travaux auffi groffiers, un mauvais jeu de draperie qu'un mauvais emmanchement. Cependant, ces ouvrages fi défectueux par eux-mêmes, peuvent devenir intéreffans par la réflexion. Ils rappellent, en effet,

1.

II..

III.

I.

11.

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