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les premieres impreffions que les hommes ont reçûes, & les moyens qu'ils ont employés pour exprimer ce qu'ils voyoient. Confidérés fous cet afpect, ces Monumens offrent à l'imagination une infinité d'idées qu'il feroit souvent trop long de développer. Arrêtons-nous à convenir que ces Inventeurs auroient été de grands hommes s'ils étoient venus dans des temps plus heureux, dans des fiècles plus éclairés. La plupart des Artistes fameux ne mériteroient pas tous nos éloges, fi la patience de leurs prédéceffeurs à défricher le terrein,ne les avoit mis en état d'exécuter le grand & le fublime que nous admirons dans leurs ouvrages. Car tout eft fucceffif dans les Arts. Raphaël n'a fait des progrès fi rapides d'après le Perugin, que parce que la matière avoit été préparée par Léonard de Vinci, qui avoit déja établi des idées grandes, des moyens profonds, & d'autant plus certains qu'ils étoient puifés dans la Nature. Léonard de Vinci, né avec un efprit & des talens fupérieurs, s'étoit élevé lui-même au-deffus de ceux qui l'avoient précédé. Il est vrai que manière étoit lente, & tendoit peu à l'effet; mais il n'eft pas moins vrai qu'il a fallu une fucceffion dans l'Art, depuis Cimabue & le Giotto, jufqu'à Raphaël & le Correge, époque qu'il faut regarder comme le point de perfection.

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Mais revenons à la Figure Etrufque, dont il eft impoffible d'expliquer le fujet. 11 eft certain qu'elle repréfente un Héros. On croiroit que c'eft Hercule,fans le Serpent dont le bras eft entouré. Ce Serpent pourroit auffi indiquer Efculape, car il eft trop petit pour être l'image de l'Hydre. Nos lumières font trop bornées fur la Religion, les mœurs, les coûtumes des anciens Etrufques, pour pouvoir éclaircir avec affûrance les Monumens qui nous font reftés de cette Nation.

Ce petit bronze a un peu moins de trois pouces & demi.

PLANCHE XIV.

No. I.

CETTE Figure de bronze peut être mife au rang des plus anciennes que l'Etrurie nous ait fournies. Elle indique une très-grande ignorance de deffein, & une trèsgrande réminifcence des ouvrages Egyptiens, mais fans pouvoir être regardée comme leur copie. Ce qui rend à mon gré cette Figure plus fingulière, c'eft d'avoir été trouvée depuis très-peu de temps dans le terrein de l'ancienne enceinte de Nifmes.

Ce bronze a quatre pouces, trois lignes de hauteur.

N°. II.

CE bronze eft inconteftablement Etrufque, & de cette premiere Antiquité dont les Monumens font fi rares. Cependant je l'ai trouvé par hazard dans Paris, ainfi que les autres qui compofent cette Planche. Cette Figure eft dans le goût de celles dont j'ai parlé dans le premier Volume, & que j'ai dit avoir précédé le Commerce des Etrufques avec les Egyptiens. Cependant, on remarque dans ce morceau des variétés sensibles; ce qui nous prouve encore que le génie de cette Nation cherchoit à fe développer dès fon enfance; c'eft-à-dire, qu'elle ne pratiquoit point les Arts d'une manière abfolument fervile. peau de Lion paffée dans le bras eft toujours fort petite dans ces anciennes Figures. Elle eft ici traitée fans aucun jeu, ou, pour parler plus clairement, fans plis & fans mouvement. La tête n'a jamais été couverte ni de

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la peau de Lion, ni d'aucun autre ornement. Les mains étoient fans doute armées, mais le temps a détruit les attributs dont elles étoient chargées, ainfi que les pieds. Mais quand elle feroit encore plus mutilée, je ferois toujours étonné que ces fortes de Monumens nous ayent

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confervés, d'autant qu'on ne les a point recherchés : leur détail & leur ensemble n'ayant jamais eu qu'un attrait médiocre. D'ailleurs, les Etrufques ne peuvent en avoir produit autant que les Egyptiens, les Grecs & les Romains. Cependant, proportion gardée, nous en trouvons un plus grand nombre. On doit en inférer que les Etrufques étoient fort attachés aux Arts. On croit ordinairement que ces Figures représentent Hercule.

La hauteur de ce bronze eft de trois pouces, trois lignes.

No. III.

CETTE Figure paroît être d'une antiquité fort recuculée, fur-tout, fi l'on confidère le travail qui ne peut être plus groffier, ni plus uniforme. On eft toujours frappé en voyant ces fortes de morceaux. En effet, on a peine à comprendre comment les pratiques de la Méchanique & de la fonte étoient en vigueur dans un pays où les formes, l'imitation de la nature & le deffein étoient fi peu avancés, ou plutôt fi barbares. L'efprit, en fe prêtant à ces idées, ne peut réfoudre les difficultés qu'elles préfentent, ainfi je ne m'arrêterai pas à des réflexions fi éloignées de mon fujet; il fuffit de les indiquer en paffant. Je crois que ce bronze repréfente un Gladiateur. Son attitude, fon poing fermé, ce que nous fçavons des Etrufques, les témoignages des Auteurs qui ont parlé des anciens Peuples, auxquels ils attribuent, non-feulement la connoiffance des Gladiateurs, mais encore l'invention de cet ufage, les bas-reliefs exécutés en marbre fur leurs tombeaux, & dans lesquels on en voit un fi grand nombre; enfin, tout autorife cette conjecture.

La hauteur eft de quatre pouces, neuf lignes.
Nos. IV. & V.

L'ATTITUDE & la pofition de cette Figure m'engagent à la regarder comme la représentation de Jupiter.

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