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No. II.

AVANT que de faire l'acquisition de ce Vafe, j'avois eu occafion d'examiner un Bronze Grec, qui préfente deux têtes adoffées, parfaitement reffemblantes, & telles que l'on en voit fur les Médailles de Syracufe. L'explication fe trouve plus bas dans la claffe des Grecs, & j'y renvoye le Lecteur. Mais ce Monument autentique m'a encore plus perfuadé, qu'on doit attribuer aux Etrufques l'invention des doubles têtes, fous lesquelles on n'a reconnu pendant long-temps que Janus. En effet, un grand nombre de Monumens, & en particulier celui que j'ai fait graver fous ce No. ne laiffent aucun doute fur cette opinion, & prouvent en même temps la variété avec faquelle les Etrufques ont traité cette allégorie. On voit ici deux têtes de femmes, dont l'une eft belle, jeune, grande; & l'autre vieille, petite & ridée.

Cet usage a été tranfinis dans la fuite aux Grecs & aux Romains. Les premiers, en traitant le même fujet fur les Médailles de Syracuse & d'autres Villes, ont confervé la coeffure Etrufque, comme pour marquer l'origine de cet emblême. Ils fe font contentés d'ajouter dans la totalité, l'élégance & même la reffemblance des deux têtes entre-elles, ce qui pouvoit être contraire à l'intention de l'Inventeur, qui aura voulu exprimer par cette allégorie les caractères oppofés, ou la réunion de différentes Vertus, qui ne fe rencontrent pas communément dans la même perfonne.

Janus, , par exemple, pacifique & guerrier, présente deux idées, & peut être considéré fous deux faces. Dans le Vafe que j'explique, il eft poffible que l'Artiste ait voulu donner un emblême moral, en nous peignant la différence de la même femme, jeune, belle & dans tout fon éclat, ou chargée de rides & d'années. Ces explica, tions ont leurs principes dans la nature, & ne font peut

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Planche L.

être pas plus vrayes. Il faut cependant convenir que l'ef prit a toujours été en égale quantité dans le monde; & l'on fçait que les Etrufques ont communiqué aux autres Nations, & en particulier aux Grecs, une partie de ces idées fucceffives qu'on voit groffièrement exprimées, dégroffies, corrigées, développées, & enfin perfectionnées fur les Monumens des Peuples qui leur ont fuccédé. Le Tom. II. p. 311. Pere Monfaucon a cité deux têtes adoffées, dont l'une eft furmontée d'un Difque, & l'autre d'un Globe ; je les crois Egyptiennes, & je les regarde comme l'image du Soleil & de la Lune. Elles font de ronde-boffe, & portées fur une gaîne. Je conviens qu'elles ont le caractère de la Nation à laquelle il les attribue; mais ce Monument ne pourroit détruire aucune de mes idées : car on peut au moins affûrer, qu'il n'eft pas dans le goût le plus généralement reconnu des Egyptiens. Je perfifte donc dans mon fentiment, & je crois que c'eft aux Etrufques que les autres Peuples doivent l'idée, non-feulement de la repréfentation de la double tête de Janus, mais de toutes les autres têtes adoffées, qui se ressemblent, ou qui diffèrent entre-elles.

Ce Vafe de terre travaillé felon l'usage ordinaire des Etruf ques, a quatre pouces, deux lignes de hauteur; & deux pouces de diamètre dans fa plus grande largeur.

No. III.

CE Vafe dont les anfes & la forme font affez communes aux Etrufques, eft chargé de quelques ornemens qu'on trouve fréquemment fur les Antiquités de cette Nation. D'un côté on a répréfenté un Cheval nud & en liberté, & de l'autre un jeune homme fans aucun habillement, affis fur une Draperie & tenant fur le poing un Oiseau de proye très-exactement deffiné, ce qui prouve l'ancienneté de la chaffe du vol.

Le Vafe a fept pouces de hauteur, & fix pouces & demi

de diamètre.

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Ce nouvel exemple de têtes adoffées, ne peut que confirmer les conjectures que je viens d'établir dans l'Article précédent. J'ajouterai feulement ici que ce Vafe fingulier, qui paroît avoir été confacré aux Libations, pourroit avoir fervi spécialement pour la cérémonie du Mariage. En effet on y voit la tête d'une jeune femme adoffée à celle d'un homme dans fa force. Le Lecteur jugera lui-même de cette idée, que je donne comme une fimple conjecture; mais on peut parler avec plus de certitude fur le détail de l'Art. Les deux têtes font de relief, & pourroient même être des Portraits. Elles font d'un affez mauvais travail, & ne donnent l'idée d'aucune fineffe, foit du côté de l'ébauchoir, foit du côté du pinceau, ajouté à la couleur de la terre; le refte du Vase eft noir, & la petite guirlande indiquée à la hauteur de l'extrêmité des anfes, eft traitée dans la manière ordinaire aux Etrufques, quand ils ont ajouté des ornemens au pinceau. Je ne dois point laiffer ignorer que ces deux têtes ont été moulées & réunies pour former le Vafe: ce qui prouve que l'on en a fait plus d'un, & que l'ufage de ces fortes d'ornemens étoit fort étendu. Je ne crois pas que ce beau Monument du travail & de l'intelligence des Etrufques foit rapporté dans aucun Recueil.

Sa hauteur eft de fix pouces, moins deux lignes; fa base a deux pouces, trois lignes de diamètre; & fa plus grande ouverture a trois pouces & demi.

No. III.

LE Vaffe deffiné fous ce N°. eft percé au-deffus, de plusieurs petits trous, ainsi que quelques autres de cette

même Nation, que l'on verra dans la Planche xxxvIII. de cette Claffe, No. 1. & 11. Il eft aifé de fentir l'embarras où l'on fe trouveroit,fi on vouloit déterminer l'ufage de ces fortes de Vafes. Ainfi fans me livrer aux conjectures, je me renfermerai dans leur Description. Celui-ci eft remarquable, en ce qu'une tête de Lion, abfolument de relief, lui fert de gouleau, tandis que le corps eft fimplement deffiné & rendu par l'efpèce de Peinture que les Etrufques employoient dans leurs Ouvrages de Terre cuite. Deux talens fe trouvent ici réunis, ce qui annonce les recherches que ces Peuples faifoient pour les progrès des Arts.

Le Vase dont il s'agit eft percé par deffous; & ce trou auffi ancien que le Vafe même fe fermoit apparemment avec un bouchon. C'eft une commodité que n'ont pas la plûpart des autres Vafes Etrufques: mais elle ne remédioit pas à tous les inconvéniens, & n'étoit pas fuffifante pour tout ce que le fervice & la propreté exigoient.

La hauteur eft de deux pouces, huit lignes ; le diamètre de quatre pouces.

Nos. IV. & V.

CE n'eft point la forme du gouleau, ni celle du Vase qui m'ont déterminé à rapporter ce morceau, mais plutôt la belle tête de relief, dont le milieu eft orné. En effet rien n'eft plus capable de relever la gloire des Etrufques. Cette tête de Faune eft du plus beau travail : le caractère en eft grand, & l'on en voit peu de mieux coeffées. On la prendroit pour la tête de Jupiter, fans les oreilles confacrées à Pan, & qui déterminent l'intention de l'Artifte. Je fuis perfuadé que cet Ouvrage n'a été fabriqué que dans les temps poftérieurs, lorfque les Etrufques eurent connoiffance des beaux Arts de la Grèce. Cette tête eft gravée féparément au No. V.

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