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RECUEIL

D'ANTI

QUITES

D'ANTIQUITÉS

EGYPTIENNES,

ETRUSQUES, GRECQUES

ET ROMAINES.

PERITIORES

VETVSTAS

FACIT

Cicero pro Domo
C.45.

A PARIS,

Chez DUCHESNE, Libraire rue S. Jacques, au bas de la Fontaine
Saint Benoît, au Temple du Goût.

M. D C C. L V I.

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AVERTISSEMENT LE Public ayant reçu favorablement la première partie

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de ce Recueil, je devrois, peut-être, ne pas courir de nouveaux rifques; mais les mêmes motifs qui m'ont déterminé à commencer cette entreprise, ont produit les mêmes effets. Livré par inclination à la recherche des Monumens anciens, j'ai acquis de nouvelles richesses, dont je n'ai pas voulu priver les Connoiffeurs. On abandonne difficilement un travail qu'on aime, & qu'on a suivi jusqu'à un âge déja avancé. Je ne fçais fi je ne me fais pas illusion à moimême, & fimon opinion n'eft pas une fuite des préjugés qu'on fe forme par l'habitude, & de cette paffion qu'on contracte pour le genre d'étude qu'on a embraffé; mais il me femble que de toutes les occupations, celles d'un Antiquaire ont le plus d'attraits, & font les plus capables de fixer nos efprits.

En examinant les précieux reftes des Anciens, on peut concevoir une idée füre de leur goût. Les Arts portent le caractère des Nations qui les ont cultivés; on démêle leurs commencemens, leur enfance, leur progrès & le point de perfection, où ils ont été conduits chez tous les Peuples. On ne diftingue pas mieux le génie de ces Peuples, leurs moeurs, latournure de leur efprit, s'il eft permis de parler ainfi, dans les Livres qu'ils nons ont laiffés, que dans les ouvrages de Sculpture & de Peinture, qui font parvenus jusqu'à nous. Un coup d'œil jetté rapidement dans un de ces Cabinets, où ces tréfors fe trouvent raffemblés, embraffe en quelque forte le Tableau de tous les fiècles.

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Un Antiquaire entretient des correfpondances dans les Pays, où les Arts ont autrefois établi leur empire. Les foins qu'il prend pour faire des acquifitions, les Lettres qu'il est obligé d'écrire, fes voyages en différens lieux, fes recherches dans les Cabinets des Curieux, & dans les Bibliothèques, donnent au cours de fa vie une action, que l'esprit & la raifon peuvent avouer.

Dans l'inftant où fes tréfors arrivent, il ouvre avec une douce inquiétude, mêlée d'espérance, les caisses qui les renferment : il se flatte d'y trouver des choses rares & inconnues. Le moment de la découverte eft pour lui une jouiffance vive. Il examine ces Monumens antiques; il les compare avec ceux qui font déja connus ; il en recherche la différence ou la conformité; il réfléchit; il difcute; il établit des conjectures, que les temps reculés & le filence des Auteurs ont rendues néceffaires. Si un de ces morceaux présente des idées fur une opération de l'Art, négligée, perdue ou refusée aux Modernes, le plaifir de faire des expériences, celui de les décrire, l'anime, flatte fon goût. Mais rien n'eft comparable à la satisfaction de prévoir une utilité publique. Cette idée le pénètre ; elle touche fon cœur; & le bonheur de réuffir, le dédommage amplement de tous fes foins & de toutes fes peines. Voilà, je l'avoue, les motifs qui m'ont féduit.

Je ne m'y fuis pas livré cependant, fans avoir balancé d'autres raifons capables de m'arrêter. Si nous fommes flattés de quelques découvertes que nous préfentent les Monumens, nous avons auffi le chagrin de trouver fréquemment des chofes connues, ou peu importantes à connoître. Souvent nous ne fommes point fatisfaits des éclairciffemens que nous fourniffons. Nos lumières bornées ne nous offrent que des con

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