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jectures arbitraires. Nous craignons d'autant plus de nous rencontrer avec des Ecrivains plus anciens, qu'il est impoffible de tout lire & de tout retenir. Le Public caufe des allarmes : il n'approuve que ce qui l'amuse, ou ce qui l'instruit, & n'a aucune indulgence pour un Auteur, que rien n'engage à le devenir, & qui n'a point d'excufe pour l'être. D'ailleurs nous avons des Livres excellens fur l'Antiquité : cette connoiffance est aujourd'hui négligée, & les Ouvrages qui en traitent, font peu recherchés de notre Nation; mais le defir d'être utile à quelques parties des Arts, foit en éclairciffant leurs opérations, foit en préfentant aux Sculpteurs & aux Peintres des formes fimples & heureuses, l'a emporté fur toutes ces confidérations.

Je ferois flatté d'obtenir les fuffrages des Sçavans dans les explications que je donne, ou d'être conduit à la vérité par la critique. Je l'attends principalement, cette critique, des Italiens. Ils habitent une région fortunée, où les Arts fugitifs de l'Egypte & de la Grèce, cherchèrent autrefois un azyle, & fixèrent long-temps leur féjour. Ils vivent au milieu des Edifices fuperbes qu'éleva le Peuple Romain, lorsque maître du monde, il fut dominé par le luxe. Ce luxe utile aux progrès des Arts attira dans l'Italie, non-feulement des Artistes habiles, mais même les Ou vrages fabriqués dans l'Egypte & dans la Grèce. Rome fe vit tout-à-coup décorée d'ornemens étrangers; elle admira dans les Places publiques, dans les Temples, & dans les Maifons particulières les chefs-d'œuvres de plufieurs Nations. Les Italiens foulent aux pieds les débris refpectables de l'Antiquité. La terre s'ouvre tous les jours fous leurs pas pour les enrichir. Une Ville entière, engloutie par les Volcans du Véfuve, reparoît au jour pour leur fournir de

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nouvelles richeffes. Heureufe découverte ! qui doit intérefser les Nations fçavantes de l'Europe, & réveiller dans elles le goût de l'Antique, trop négligé dans ce temps, où l'on a plus de fecours pour le cultiver. Auffi les Italiens peuvent comparer les Monumens nouvellement découverts avec d'autres Monumens connus; avantage qui nous eft fouvent refufé. Ils peuvent établir des certitudes, où nous ne propofons que des conjectures. Ils relèveront mes erreurs & perfectionneront cet Ouvrage en donnant, peut-être, des explications préférables à celles que je présente.

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Au reste, je n'ai rien négligé pour l'exécution de mon deffeín. J'ai cru devoir m'écarter quelquefois de la loi que je m'étois impofée. J'ai rapporté des morceaux qui ne m'appartiennent point, parce qu'ils m'ont paru mériter une attention particulière, ou parce qu'ils confirment mes principes: enfin j'ai travaillé le mieux qu'il m'a été poffible; puiffe mon exemple être utile aux progrès des Arts, à l'étude de l'Antiquité, & engager des hommes plus sçavans que moi, nous faire part de leurs lumières.

à

Il étoit néceffaire de marquer les grandeurs & les matières de chaque morceau; mais ces détails inférés dans le corps de l'Explication, auroient produit une trop fréquente répétition. Je les ai féparés du texte, & fait imprimer en caractère Italique, pour les préfenter plus facilement aux Lecteurs, qui voudront comparer les proportions.

EXPLICATION

DES VIGNETTES ET DES CULS-DE-LAMPE.

LE Fleuron eft composé d'une couronne de Laurier, semblable à celles que l'on voit fur les Médailles : il renferme un mot de Cicéron, qui ma paru convenir à l'objet de cet Ouvrage.

La Planche du Titre représente une fouille d'Antiquités. C'est une compofition bien rendue par Vaffé, Sculpteur du Roi. La Vignette de l'Avertiffement eft formée par une bande d'ornement, tirée d'un Vafe Etrufque.

Le Cul-de-Lampe de l'Avertisement représente une portion de Vafe Romain, de bronze. Les ornemens de ce petit Monument méritent quelque confidération. Il ne feroit pas aife d'imaginer aujourd'hui l'ufage auquel il étoit anciennement deftiné, d'autant que fa partie fupérieure eft perdue. La portion que l'on voit deffinée, a dix lignes de hauteur, & un peu plus dans fon diamètre.

que.

La Vignette de cette Explication est tirée d'un Vase Etruf

Le Cul-de-Lampe repréfente un Animal affis, ou plutôt accroupi, & dont la tête eft fi groffièrement formée qu'il eft impoffible de le reconnoître. Ce petit morceau a été trouvé Pannée dernière à Bavay, d'où il m'a été envoyé. Cette Figure, dont le corps eft affez bien fait, eft fans doute un Ouvrage Romain.

Sa hauteur eft d'un pouce, neuf lignes, & fa largeur de dix lignes.

La Vignette, page 1, à la tête des Monumens Egyp

tiens, eft formée par la représentation d'une tête d'Ifis, de terre, mais moulée. Elle eft de bon goût, & du travail auftère de l'Egypte. Elle a été trouvée depuis très-peu de temps dans l'Ile de Chypre. J'ai placé cette Tête au milieu d'un Ornement que les Egyptiens ont fouvent répété, & qu'ils regardoient, ce me femble, comme un Emblême de la Divinité. On le trouve dans les Tables Ifiaques de Pignorius, page 48. au-dessus de la Figure, marquée MM. Cette Tête, ou ce fragment, n'a plus que deux pouces, moins deux lignes de hauteur.

Le Cul-de-Lampe de la Claffe des Etrufques, page 50. eft rempli par un petit Bauf de ronde-boffe, &de pierre de fanguine. Il eft couché,& il tient encore à une partie platte, deftinée fans doute, pour l'arrêter à l'extrémité de quelque corps. Les Egyptiens portoient de cette façon plufieurs Divinités dans leurs Proceffions. Ce morceau paroît cependant, avoir été trop petit pour cet ufage.

Il a fept lignes de longueur, & quatre de hauteur.

La Vignette, page 51. eft formée par une compofition 'de trois Figures, tirée d'un petit Vafe Etrufque. Le travail en est assez grossier. La Figure qui occupe le milieu, eft habillée d'une façon comique. Je ne l'ai trouvée que deux fois dans tous les Vafes de cette Nation, que j'ai rassemblés. Cette Figure & celle dont elle eft fuivie tiennent, l'une un ouvrage qui me paroît d'Orfévrerie, & l'autre une corde double, qui pourroit être une Fronde; & elles préfentent ces chofes à un Prêtre, ou à un homme, chargé apparemment de les exa

miner.

Le petit Vafe à trois gouleaux, qui m'a fourni ce fujet, eft de terre cuite; il a cinq pouces, dix lignes de hauteur, & trois & demi de diamètre.

On voit dans le Cul-de-Lampe, page 103. une espèce de Vafe, dont la forme simple eft des plus fingulières. Il peut manquer quelque chofe au pied; mais il n'a jamais été différent à fon extrémité fupérieure. Il eft orné d'une figure de

ET DES CULS-DE-LAMPE.

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femme drapée, & en pied; elle tient un Thyrse d'une main &paroît de l'autre faire une libation fur un Rocher: Superstition dont nous avons beaucoup d'exemples. La terre & le vernis noir de ce Vafe font d'un beau travail, mais le Def fein n'eft d'aucune délicateffe.

Ce Vafe a quatre pouces, deux lignes de hauteur, & deux pouces, deux lignes de diamètre.

La Vignette Grecque, page 105. eft tirée des Infcriptions rapportées par M. l'Abbé Fourmont de fon voyage de Grèce, & confervées à la Bibliothèque du Roi. On lit au bas du Deffein: Sparte propè turrim ad Meridionalem plagam fitam. C'eft la corniche d'un piédestal, à laquelle là Plinte eft jointe, & fur laquelle on voit la place des pieds de la Statue. Les mots qu'on y lit, veulent dire : La Ville (de Sparte) a élevé ce Monument en l'honneur de Menippe Eudaimonides qui a remporté le Prix. Ce qui nous apprend que les Lacédémoniens élevoient auffi des Statues à leurs Citoyens, Vainqueurs dans les Jeux.

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La compofition qui fert de Cul-de-Lampe, page 168. fans doute un défaut; celui d'être trop grande. Elle paffe les proportions ordinaires à ces fortes d'Ornemens: mais le plaifir de rapporter un bel Ouvrage Grec, deffiné par Bouchardon, l'a emporté fur toutes les idées de proportions. Ce Camée que j'avois autrefois gravé, eft exécuté fur une Agathe de deux couleurs. On voit par la gravûre, qu'il eft mutilé ; une jambe du Cheval & un bras du Héros ont été caffés: mais on dif tingue la grandeur du Deffein dans la figure du Perfée, & le fçavoir de l'Artiste, qui a fçu fouiller dans les Figures, & fur-tout dans les jambes du Pégaze, que le Héros va monter pour délivrer Andromède. En effet, il est difficile de trouver plus de hardieffe, de fçavoir & de patience réunies, qu'il n'en a fallu pour l'exécution de cet Ouvrage.

Ce beau Camée, qui étoit autrefois en ma possession, eft actuellement en Italie. M. Giraldi, habile Médecin, & fçavant Antiquaire, a bien voulu recevoir ce léger témoignage de mon eftime.

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