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AVERTISSEMENT.

LE Public ayant reçu favorablement la première partie

de ce Recueil, je devrois, peut-être, ne pas courir de nouveaux rifques; mais les mêmes motifs qui m'ont déterminé à commencer cette entreprise, ont produit les mêmes effets. Livré par inclination à la recherche des Monumens anciens, j'ai acquis de nouvelles richeffes, dont je n'ai pas voulu priver les Connoiffeurs. On abandonne difficilement un travail qu'on aime, & qu'on a suivi jusqu'à un âge déja avancé. Je ne fçais fi je ne me fais pas illusion à moimême, & fimon opinion n'eft pas une fuite des préjugés qu'on fe forme par l'habitude, & de cette paffion qu'on contracte pour le genre d'étude qu'on a embraffé; mais il me femble que de toutes les occupations, celles d'un Antiquaire ont le plus d'attraits, & font les plus capables de fixer nos efprits.

En examinant les précieux reftes des Anciens, on peut concevoir une idée füre de leur goût. Les Arts portent le caractère des Nations qui les ont cultivés; on démêle leurs commencemens, leur enfance, leur progrès & le point de perfection, où ils ont été conduits chez tous les Peuples. On ne diftingue pas mieux le génie de ces Peuples, leurs moeurs, la tournure de leur efprit, s'il eft permis de parler ainfi, dans les Livres qu'ils nons ont laiffés, que dans les ouvrages de Sculpture & de Peinture, qui font parvenus jufqu'à nous. Un coup d'œil jetté rapidement dans un de ces Cabinets, où ces tréfors fe trouvent raffemblés, embraffe en quelque forte le Tableau de tous les fiècles.

* a

Un Antiquaire entretient des correspondances dans les Pays, où les Arts ont autrefois établi leur empire. Les foins qu'il prend pour faire des acquifitions, les Lettres qu'il est obligé d'écrire, ses voyages en différens lieux, fes recherches dans les Cabinets des Curieux, & dans les Bibliothèques, donnent au cours de fa vie une action, que l'esprit & la raifon peuvent avouer.

Dans l'inftant où fes tréfors arrivent, il ouvre avec une douce inquiétude, mêlée d'espérance, les caiffes qui les renferment: il se flatte d'y trouver des chofes rares & inconnues. Le moment de la découverte eft pour lui une jouiffance vive. Il examine ces Monumens antiques; il les compare avec ceux qui font déja connus; il en recherche la différence ou la conformité; il réfléchit; il discute; il établit des conjectures, que les temps reculés & le filence des Auteurs ont rendues néceffaires. Si un de ces morceaux présente des idées fur une opération de l'Art, négligée, perdue ou refusée aux Modernes, le plaifir de faire des expériences, celui de les décrire, l'anime, flatte fon goût. Mais rien n'eft comparable à la fatisfaction de prévoir une utilité publique. Cette idée le pénètre ; elle touche fon cœur; & le bonheur de réuffir, le dédommage amplement de tous fes foins & de toutes fes peines. Voilà, je l'avoue, les motifs qui m'ont féduit.

Je ne m'y fuis pas livré cependant, fans avoir balancé d'autres raisons capables de m'arrêter. Sinous sommes flattés de quelques découvertes que nous préfentent les Monumens, nous avons auffi le chagrin de trouver fréquemment des chofes connues, ou peu importantes à connoître. Souvent nous ne fommes point fatisfaits des éclairciffemens que nous fourniffons. Nos lumières bornées ne nous offrent que des con

jectures arbitraires. Nous craignons d'autant plus de nous rencontrer avec des Ecrivains plus anciens, qu'il est impoffible de tout lire & de tout retenir. Le Public caufe des allarmes : il n'approuve que ce qui l'amuse, ou ce qui l'inftruit, & n'a aucune indulgence pour un Auteur, que rien n'engage à le devenir, & qui n'a point d'excuse pour l'être. D'ailleurs nous avons des Livres excellens fur l'Antiquité cette connoissance eft aujourd'hui négligée, & les Ouvrages qui en traitent, font peu recherchés de notre Nation; mais le defir d'être utile à quelques parties des Arts, foit en éclairciffant leurs opérations, foit en préfentant aux Sculpteurs & aux Peintres des formes fimples & heureuses, l'a emporté fur toutes ces confidérations.

Je ferois flatté d'obtenir les fuffrages des Sçavans dans les explications que je donne, ou d'être conduit à la vérité par la critique. Je l'attends principalement, cette critique, des Italiens. Ils habitent une région fortunée, où les Arts fugitifs de l'Egypte & de la Grèce, cherchèrent autrefois un azyle, & fixèrent long-temps leur féjour. Ils vivent au milieu des Edifices fuperbes qu'éleva le Peuple Romain, lorfque maître du monde, il fut dominé par le luxe. Ce luxe utile aux progrès des Arts attira dans l'Italie, non-feulement des Artistes habiles, mais même les Ou vrages fabriqués dans l'Egypte & dans la Grèce. Rome fe vit tout-à-coup décorée d'ornemens étrangers; elle admira dans les Places publiques, dans les Temples, & dans les Maifons particulières les chefs-d'œuvres de plufieurs Nations. Les Italiens foulent aux pieds les débris refpectables de l'Antiquité. La terre s'ouvre tous les jours fous leurs pas pour les enrichir. Une Ville entière, engloutie par les Volcans du Véfuve, reparoît au jour pour leur fournir de a ij

nouvelles richesses. Heureufe découverte ! qui doit intéreffer les Nations fçavantes de l'Europe, & réveiller dans elles le goût de l'Antique, trop négligé dans ce temps, où l'on a plus de fecours pour le cultiver. Auffi les Italiens peuvent comparer les Monumens nouvellement découverts avec d'autres Monumens connus ; avantage qui nous eft fouvent refufé. Ils peuvent établir des certitudes, où nous ne propofons que des conjectures. Ils relèveront mes erreurs, & perfectionneront cet Ouvrage en donnant, peut-être, des explications préférables à celles que je préfente.

Au refte, je n'ai rien négligé pour l'exécution de mon deffein. J'ai cru devoir m'écarter quelquefois de la loi que je m'étois impofée. J'ai rapporté des morceaux qui ne m'appartiennent point, parce qu'ils m'ont paru mériter une attention particulière, ou parce qu'ils confirment mes principes: enfin j'ai travaillé le mieux qu'il m'a été poffible; puiffe mon exemple être utile aux progrès des Arts, à l'étude de l'Antiquité, & engager des hommes plus fçavans que moi, nous faire part de leurs lumières.

Il étoit néceffaire de marquer les grandeurs & les matières de chaque morceau; mais ces détails inférés dans le corps de l'Explication, au, roient produit une trop fréquente répétition. Je les ai féparés du texte, & fait imprimer en caractère Italique, pour les préfenter plus facilement aux Lecteurs, qui voudront comparer les proportions.

EXPLICATION

DES VIGNETTES ET DES CULS-DE-LAMPE.

L

E Fleuron eft compofé d'une couronne de Laurier, femblable à celles que l'on voit fur les Médailles : il renferme un mot de Cicéron, qui ma paru convenir à l'objet de cet Ouvrage.

La Planche du Titre représente une fouille d'Antiquités. C'est une compofition bien rendue par Vaffé, Sculpteur du Roi. La Vignette de l'Avertiffement eft formée par une bande d'ornement, tirée d'un Vafe Etrufque.

Le Cul-de-Lampe de l'Avertissement représente une portion de Vafe Romain, de bronze. Les ornemens de ce petit Monument méritent quelque confidération. Il ne feroit pas aife d'imaginer aujourd'hui l'ufage auquel il étoit anciennement deftiné, d'autant que fa partie fupérieure eft perdue. La portion que l'on voit deffinée, a dix lignes de hauteur, & un peu plus dans fon diamètre.

La Vignette de cette Explication est tirée d'un Vafe Etruf

que.

Le Cul-de-Lampe repréfente un Animal affis, ou plutôt accroupi, & dont la tête eft fi groffièrement formée qu'il eft impoffible de le reconnoître. Ce petit morceau a été trouvé Pannée dernière à Bavay, d'où il m'a été envoyé. Cette Figure, dont le corps eft affez bien fait, eft fans doute un Ouvrage Romain.

Sa hauteur eft d'un pouce, neuf lignes, & fa largeur de dix lignes.

La Vignette, page 1, à la tête des Monumens Egyp

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