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marche il arriva à Viterbe, où il demeura le reste de AN. 1405.

cette année.

La retraite du pape fournit à Jean Colonne une occafion favorable pour entrer dans Rome & s'emparer du palais pontifical, où il commandoit avec tant d'autorité, qu'on l'appelloit par dérision Jean XXIII. comme s'il eût été pape. Comme il ne pouvoit pas s'y foutenir long-temps, il appella le roi Ladislas, qui y envoya une armée, avec un comte pour s'emparer de la fouveraineté de Rome. Mais les Romains réfolus de fouffrir les dernieres extrêmités plûtôt que fa domination, agirent avec tant d'union & de vigueur pour défendre leur liberté, qu'ils affiegerent le capitole, & chafferent en peu de temps les Colonnes & tous les partifans de Ladiflas. Quant aux juges, outrés du meurtre de leurs concitoyens, ils écrivirent des lettres pleines d'invectives contre le pape & fon neveu, effacerent par tout fes armes, publierent qu'ils ne vouloient plus le reconnoître pour pape.

Pendant que ces chofes fe paffoient en Italie, Benoît s'embarqua à Nice en Provence, & arriva à Genes au mois de Mai 1405. Cette ville qui étoit alors fous la domination de la France, avoit renoncé à l'obédience d'Innocent, & s'étoit foumife à celle de Benoît, par le confeil de Pileo Marino fon archevêque. La république de Pife en avoit fait de même, y ayant été portée par Gabriel Marie Visconti, qui y avoit ufurpé la fouveraine autorité. Le pape Benoît fut reçû dans Genes avec de grands honneurs par le maréchal de Boucicaut, & parles Genois. Mais il ne laiffa pas d'y recevoir quelque mortification à l'occafion des gens de guerre qu'il y avoit amenés, & dont le nombre augmentoit tous les jours : les Genois en prirent de l'ombrage, & ayant

XLII.
Les Romains chaf

fenties Partifans de
Ladidas.

Voyez ci-après n.

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AN. 1405.

S. Denis hift. de
Charles VI

XLIV. Innocent refuse un

noit.

Niem Loco cit.

trouvé le moyen de les tirer adroitement hors de la ville, fous prétexte d'une revûe, ils ne voulurent plus permettre qu'ils y rentraffent. Benoît en eut beaucoup de chagrin, & en fit fes plaintes ; mais les Genois ne changerent pas de réfolution pour cela, & le pape fut obligé de s'appaiser.

Quelque temps après Benoît voulant foutenir fa défauf- conduit à Be- marche, fit demander au pape Innocent un fauf-conduit pour de nouveaux ambassadeurs, qui auroient plein pouvoir de traiter avec lui de la paix. Mais Innocent qui étoit toujours à Viterbe le refufa, foit qu'il ne voulût pas être fa dupe, foit qu'il ne fût pas d'humeur d'entrer en aucune négociation. Benoît ravi de ce refus, ne manqua pas d'écrire par-tout, & de publier que fon competiteur étoit fauteur du fchifme, qu'il ne vouloit point entendre parler d'union par le refus qu'il faifoit d'un fauf-conduit. Innocent ne manqua pas de répondre à ces lettres par d'autres plus longues, qu'il eut foin de faire répandre dans toute l'Italie. Ces deux compétiteurs ne cherchoient par-là qu'à éluder la voye de ceffion, & à fe maintenir chacun dans fa dignité. Innocent voyant qu'il lui étoit impoffible d'affembler le concile qu'il avoit convoqué pour la Touffaints, publia une bulle datée de Viterbe le vingtiéme d'Octobre, dans laquelle il parle des mouvemens arrivés dans Rome, & du danger qu'il y auroit fur les chemins Four ceux qui viendroient au concile ; c'est pourquoi il fixe le terme au premier de Mai de l'année fuivante, pour travailler à l'extinction du fchifme.

XLV.

Brouilleries entre

Leduc de Bourgogne.

Ce fut à peu près vers ce temps-là que l'étroite union Se duc d'Orleans & qui paroiffoit entre le duc d'Orleans & la reyne,.leur Monfreiet, 1.1. ayant attiré la haine des peuples, & même des princes, les ducs de Bourgogne & de Bretagne se retirerent de

C. 25.

la cour, où ils furent auffi-tôt rappellés par le roi, qui A N. 1405. tint pour cet effet une grande affemblée. Le duc de Bourgogne revint, mais ayant amené un grand nombre de gens de guerre, tant pour la sûreté, que parce qu'il fçavoit que la reine & le duc d'Orleans vouloient fe faifir des enfans du roi ; la reine & le duc prirent l'épouvante de cette arrivée, & fe retirerent à Melun, ayant laiffé des ordres à Louis de Baviere, frere de la reine d'amener au château de Pouilly le dauphin, & même les enfans du duc de Bourgogne. Mais ce duc en étant informé, fit une fi grande diligence, qu'il attrapa le dauphin à Juvifi, & le ramena à Paris. Tout cette conduite ne fit qu'augmenter la brouillerie qui étoit parmi les princes. Elle parut néanmoins fufpendue pour un temps, par la médiation du roi de Navarre & du duc de Bourbon, puisque les ducs d'Orleans & de Bourgogne s'embrafferent dans Paris, & fe promirent téciproquement leur amitié; mais cette réconciliation ne fut pas fincere.

XLVI.

Le pape Inno cent eft appellé à Rome, & y revient

Niem de fchifm.I. By

Les Romains délivrés du roi Ladiflas & des Colonnes, rappellerent Innocent VII. à Rome, avec promesse de lui en donner le gouvernement abfolu, comme l'avoit eu fon prédeceffeur. Ce pape reçût la propo- .39 sition avec joie. Barthelemi évêque de Cremone, & fon commissaire à Rome, fut chargé d'en prendre poffeffion. La commiffion eft datée de Viterbe le vingtfeptiéme Janvier 1406. & vers le milieu du mois de Mars le pape y rentra avec beaucoup d'honneur & de joie de la part du peuple. Mais comme il n'y avoit aucune sûreté pour lui, tant que Ladiflas, appuié des Co- Ladiflas & les Co lonnes, feroit maître du château faint Ange, il publia le dix-huitiéme Juin une balle d'excommunication Niem 6. 41

XLVIK

Il excommunie

lonnes.

Raynald, bor annə

A N. 1406.

XLVIII.

Ladillas fait fa paix avec lui,

XLIX.

Benoît envoye le

Ladiflas de tous fes états & de tous fes droits, avec les
peines les plus griéves, & les claufes les plus terribles.
Ce prince effraié d'un coup pareil, qui le mettoit en
danger de perdre fon royaume, & le gouvernement de
la Campagne de Rome, rechercha la paix, & l'obtint
par
l'entremise de Paul des Urfins & de Louis Melio-
rato neveu du pape, à condition de rendre le château
faint Ange, & tout ce qu'il avoit pris fur l'églife. Ce
traité eft du treiziéme d'Août. Ladiflas fut fait en même
temps gonfalonier de l'église : mais il ne discontinua
pas de la perfecuter dans la perfonne du

pape.

Benoît ne fit pas un long féjour à Genes. La pefte qui y furvint l'obligea de s'en retourner à Marseille. cardinal de Chalant Ce fut là qu'il apprit que les députés de l'université de Jégat en France. Paris vers Innocent avoient apporté la bulle de convoçation du concile pour le mois de mai, & que cette Invenal des Urfins même univerfité renouvelloit fes poursuites contre lui;

Moine de S. Denis I

6. c. I.

2.179.

qu'Henri III. roi de Caftille avoit envoyé des ambaífadeurs en France, pour y folliciter la voye de ceffion; qu'enfin il y avoit une affemblée de prélats convoquée à Paris pour examiner la voye de la fouftraction. Ces nouvelles le déterminerent à envoyer en France en qualité de légat à latere, le cardinal de Chalant Savoyard, pour arrêter toutes ces pourfuites, & pour empêcher que l'on n'envoyât au concile convoqué par Innocent. Le cardinal, étant arrivé en France, eut affez de peine à obtenir audience, parce qu'on difoit hautement qu'il n'étoit veny que pour amufer le monde, en prometDifcours de ce Car- tant toujours ce que fon maître n'avoit aucune envie dinal en plein Con- de tenir. On lui permit néamoins de propofer en plein confeil le fujet de fa commiffion : ce qu'il fit le vingtneuvième d'Avril par un difcours latin, également foible & ennuyeux, dans lequel il exalta beaucoup

feil,

L.

Benoît

Benoît vanta fes bonnes intentions, fes fervices, fes AN. 1406. travaux, & fur tout la derniere démarche qu'il avoit faite en allant en Italie : & tout cela aux dépens du pape Innocent, contre lequel il déclama fort. Il conclut fon discours en priant toute l'assemblée de tenir pour Benoît, fi l'on vouloit affoupir le fchifme.

l'univerfité.

120.

Moine de Saint-De

On ne permit qu'avec peine à l'université de répon- LI. dre publiquement à ce difcours, parce qu'on ne trou- Jean Petit lui révoit pas qu'il y eût beaucoup à y compter. Elle ne le Punivers nom de fit que le dix-feptiéme de Mai, par l'organe de Jean Hif. univerf Petit Cordelier, docteur de Paris, qui harangua en pré- Parif. com, xv. po sence des princes, & qui après avoir réfuté tout ce que 26. Go to he le cardinal de Chalant avoit dit, conclut à ces trois chofes. 1. Que la lettre de l'Univerfité de Toulouse contre la voye de la ceffion, fût condamnée, comme injurieuse au roi & au royaume. 2. Qu'on délivrât l'églife de France des exactions dont Benoît avoit sommencé de l'opprimer. 3. Qu'on renouvellât la fouftraction d'obedience qu'on lui avoit déja faite. Il y eut fur le fecond article de grandes conteftations, parce qu'il y avoit dans ce confeil plufieurs perfonnes aufquelles Benoît faisoit part de l'argent qu'il tiroit de France: c'eft pourquoi les princes renvoyerent l'affaire au Parlement, afin d'en juger avec plus d'impartialité. La cause y fut plaidée le cinquiéme de Juin par Pierre Arrêt du ParlePlaoul, profeffeur en théologie, & Jean Petit, dont ment contre la letl'on vient de parler. Le premier attaqua fortement la de Toulouse. lettre de l'univerfité de Toulouse, qui traitoit de crime la fouftraction d'obedience ; & le fecond après avoir ecclef. Gallic. 1. 4. exageré les vexations qu'on faifoit à l'églife, conclut Clemangis in fafci à la fouftraction, fans laquelle il n'y avoit point d'u- culo verum › Sc. nion à esperer. On ne conclut rien ce jour-là: mais le lendemain fixiéme de Juin, Jean Juvenal des Urfins

LII:

tre de l'univerfité

Bochel in decret;

tit. 21. c. 4.

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