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AN. 1406.

LXVI.

Ils élifent Ange

prend le nom de

(Cette claufe fut toujours un prétexte pour ne pas ceder.)Que dans l'efpace de trois mois l'on conviendroit d'un lieu propre à négocier l'union. Que pendant cette négociation,le pape qui feroit élû ne créeroit point de nouveaux cardinaux, à moins qu'il ne fût néceffaire pour égaler le nombre de ceux de fon concurrent.Enfin qu'après fon élection & fon courronnement il confirmeroit folemnellement & par un écrit de fa propre main, tous ces engagemens, auffi bien que dans le premier confiftoire public qu'il tiendroit.

Les cardinaux fignerent tous cet acte, avec ferment de l'obferver, & le trentiéme Novembre jour de faint Corario qui André, ils élurent unanimement & tout d'une voix Grégoire XII. Ange Corario noble Venitien patriarche de ConftanNiem 1. 3. c. 12. tinople & cardinal-prêtre du titre de faint Marc, âgé Aret. Ital. p. 256. de plus de foixante & dix ans; quelques auteurs lui en

donnent même quatre-vingt; il prit le nom de Gregoire XII. L'hiftoire dit que ce fut lui qui follicita l'acte & le ferment dont nous venons de parler. Auffi le ratifia-t'il dans le conclave même après fon élection, & fit un difcours en préfence des cardinaux & de tous les prélats, dans lequel il parla fi fortement du défir qu'il avoit de voir l'églife réunie fous un feul chef, qu'on ne doutoit plus qu'enfin le schisme n'allât finir par fon moyen. En quelque lieu que fe faffe l'union, difoit-il, je m'y transporterai au plutôt pour terminer cette grande affaire en accompliffant ce que j'ai promis: s'il n'y a point de galeres pour y aller par mer, je me mettrai dans une fimple felouque; & fi toutes les autres voïes me manquent pour m'y rendre par terre, je fuis prêt de faire le voïage à pied fans autre aide que celui de mon bâton. Mais l'évenement ne répondit pas à ces belles promeffes.

LXVII. Caractere du pape

Aubery bist. des card. to. II. p. 2.

L'hiftoire donne de grands éloges à Grégoire. Il avoit paffé avec honneur par toutes les dignités ecclé- AN. 1406. fiaftiques. Etant évêque de Venife, Boniface IX. l'envoïa nonce extraordinaire du roïaume de Naples pour Gregoire XII. engager la capitale de ce roïaume à fe mettre fous l'obéiffance de Ladiflas, & le fuccès qu'il eut dans cette entreprise fut caufe que le même pape le fit fon légat dans la Marche d'Ancone, & que fes grands fervices lui meriterent le cardinalat qui lui fut donné par Innocent VII. en 1405. Il s'étoit rendu fçavant dans la théologie par fon application à l'étude, & il ne fut pas moins recommandable par ses mœurs malgré les dangers des emplois & dignités où il fut élevé : il étoit d'un efprit doux & modéré, & parut éloigné de tout fentiment d'ambition avant que d'être élevé au fouverain pontificat. C'eft ce qui porta les cardinaux à le choisir pour remplir cette haute dignité. Ils ne doutoient pas qu'il ne fût prêt à y renoncer dès qu'il feroit néceffaire pour le bien de la paix, & qu'il ne travaillât de bonne foi à l'union de l'église.

Gregoire l'avoit promis comme les autres cardinaux avant fon élection, il le ratifia depuis, & pour commencer à exécuter fa parole, il écrivit même avant fon couronnement à Benoît qui étoit alors à Marseille, pour lui déclarer fes intentions, & lui marquer qu'il ne prétendoit point amuser l'église par des délais & des détours; que plus fon droit étoit clair & certain, plus il croïoit louable & sûr de l'abandonner pour la paix de la chretienneté, & qu'il s'offroit de renoncer au pontificat, fi fon concurrent renonçoit au droit qu'il prétendoit y avoir; fuivant en cela l'exemple de cette mere véritable qui aima mieux ceder fon fils, quoiqu'elle fçût de toute certitude qu'il lui appartenoit, que de

LXVIII.

Gregoire écrit à

Benoît, à fes cardinaux, aux prin

ces, aux évêques

& aux univerfités.

Niem in Nemore unionis. P. 196.

to. I. c. I.

AN. 1407. permettre qu'on le coupât en deux. Cette lettre fut portée à Benoît par un frere convers de l'ordre des Dominicains; & elle eft datée de Rome l'onzième de Décembre 1406. Il écrivit la même chofe aux cardinaux de Benoît, & il affura par ces lettres circulaires tous les princes, tous les prélats & toutes les universités, qu'il étoit prêt à céder la papauté pour le bien de la paix, les exhortant à contribuer de leur part de tout ce qu'ils avoient de pouvoir & d'autorité pour une œuvre fi

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fainte & fi néceffaire.

Pendant que Grégoire écrivoit ainfi à tout le monde fur l'union de l'église qu'il fouhaitoit felon les apparences, on reçut dans le concile national de France les conclufions de l'univerfité de Paris le troiíîème de Janvier 1407, fur la ceffion. Elles portoient que tout pape feroit obligé de s'y foumettre, & toutes les fois qu'il en feroit requis par les cardinaux, & que s'il refufoit expreffément de céder, il feroit tenu parjure, infidele envers Dieu & les hommes, mal fentant de fa foi, & comme tel, suspect d'heresie, qu'il pourroit en être accufé, & déclaré heretique, s'il perfiftoit dans fon refus. Sur ces conclufions que l'aniversité réduisit à fix propositions, l'église Gallicane fit un décret que le roi confirma par un édit du feptième Janvier de cette année, dans lequel il déclare qu'on devoit procurer la convocation d'un concile univerfel pour la réformation de l'églife dans le chef & dans les membres; que l'on feroit la fouftraction générale d'obédience, fans reconnoître Benoît ni Gregoire pour papes; que cependant l'églife de France jouillant de ses anciennes libertés, feroit gouvernée felon le droit commun, comme elle l'avoit été durant la premiere fouftraction. Et tout le termina par une proceffion

folemnelle où affifterent foixante-quatre évêques & un AN. 1406. grand nombre d'abbés. Mais l'exécution de l'édit fut différée pour quelque temps, à caufe des grands changemens qui arriverent à Rome.

Benoît aïant reçu la lettre de Gregoire, ne tarda pas à y répondre par une autre lettre dans laquelle il le loue de fes faintes intentions, il l'exhorte à y perfeverer, & l'affure qu'il étoit réfolu auffi bien que lui, de terminer le fchifme, qu'il étoit tout prêt, pour hâter l'ouvrage, à fe trouver en perfonne avec lui dans un lieu propre pour y travailler, & que là il renoncera à fon droit fous les conditions propofées. Enfin il lui marque qu'il attendoit fes ambaffadeurs avec beaucoup d'impatience, & lui envoïe pour cela un fauf-conduit. Sa lettre eft dattée de faint Victor de Marfeille le trenteuniéme de Janvier. Les cardinaux envoïerent au duc de Berry la lettre de Gregoire, & la réponse de Benoît, & lui firent écrire une lettre par laquelle ils le prioient, que fur les mesures qu'on avoit prifes pour une conférence entre les deux concurrens, il ne permît pas qu'on fit rien jufqu'à ce temps là en faveur de Gregoire au préjudice de Benoît.

au

LXX.

Lettre de Benoît pape Gregoire.

Niem de fchifin, le 3.c. 13.

LXXI. Lettre - Patente

Niem in Nem.

Le roi de France Charles VI. aïant furfis l'exécution de fon édit, à cause des bonnes dispositions où il voïoit du roi de France. les deux papes, leur envoïa une ambassade des plus fo- unionis, p. 205. lemnelles; elle fut précédée d'une lettre patente adreffée à tous les fideles, pour leur apprendre que Benoît & Gregoire aïant accepté la voie de ceffion, il alloit leur envoyer ses ambassadeurs pour engager les deux concurrens à le promettre par bulle, afin qu'enfuite les deux colléges des cardinaux puffent s'aflembler dans un même lieu pour y faire l'élection d'un nouveau pa

AN. 1406. l'affaire en longueur, ou s'ils refusent de ceder abfolument, en ce cas il ordonne de l'avis du concile de l'églife Gallicane, de fe retirer d'eux comme de fchifmatiques retranchés de l'églife, & qu'on ne leur rendra plus aucune obéissance. Qu'enfin les cardinaux qui seront demeurés dans le bon parti, s'affembleront avec ceux de l'autre collége pour l'élection d'un pape unique ; & que s'il y a division entr'eux, fes ambaffadeurs travailleront à faire l'union avec ceux du bon parti. Cette lettre patente eft du dix-huitième Février, la vingt-septième année de son regne.

LXXII.
Il envoie des am-

papes,

Niem. de fibifm. 1.3.c.7.

Bochel in decret.

Le roi envoya pour ambaffadeurs Simon de Cramaud bafiadeurs aux deux patriarche d'Alexandrie, l'Archevêque de Tours, les évêques de Cambray, de Beauvais, de Meaux, de Trois & d'Evreux, les abbés de faint Denis, de Jumieges, du Mont-faint-Michel, de Clairvaux & de faint Etienne de Dijon, trois seigneurs féculiers, avec plus de vingt docteurs, parmi lesquels étoit le célébre Jean Gerfon chancelier de l'université de Paris. Ils allerent d'abord trouver Benoît qui étoit à Marseille, & duquel ils furent bien reçûs. Ils s'étoient abouchés en eccl. Gall, 4. tit. paffant avec les ambaffadeurs de Gregoire, fçavoir Antoine évêque de Boulogne fon neveu, l'évêque de Todi & Antoine de Butrio docteur de Boulogne, qui étoient à Aix, & de qui ils apprirent qu'après plufieurs contestations, la ville de Savonne qui étoit fous la domination du roi, avoit été choisie pour le lieu de la conférence, où les deux concurrens fe devoient trouver dans la fête de faint Michel, ou pour le plus tard au commencement de Novembre, & qu'on avoit reglé en vingt-trois articles tout ce qui étoit néceffaire pour la fûreté de l'un & de l'autre, avec cette condition, que fi quelque chofe de ce qu'on promettoit par ces articles,

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