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L. Ambaffade des

Il fallut donc envoyer des ambaffadeurs à Benoît, & le roi choifit les ducs de Berri & de Bourgogne fes oncles, le duc d'Orléans fon frere, & quelques autres de fon confeil. Etant partis avec une ample inftruction, ils arrive- princes vers Benoît. rent à Avignon le famedi vingt deuxiéme de Mai 1395. La premiere entrevue fe paffa avec toutes fortes de démonftrations de joie & d'amitié réciproque; mais la suite n'y répondit pas. Comme ces princes avoient pris avec eux quelques membres de l'univerfité, Gilles des Champs harangua le pape dans une audience publique, en préfence de vingt cardinaux & d'un grand nombre de docteurs & de fçavans. Un autre jour l'évêque de Senlis fit la même chofe. Tout cela tendoit à engager Benoît à communiquer l'acte que les cardinaux avoient figné avant leur entrée au conclave. Comme on l'en pria de la part du roi, il s'en défendit fort long-temps: d'abord il nia, felon quelques relations, qu'il eût figné aucun acte par lequel il fe fût engagé à céder: enfuite il confentit à faire voir cet acte, feulement aux ducs en particulier. Enfin il le fit apporter par le cardinal de Pampelune fon zelé partifan, qui le lut aux ambaffadeurs. On en prit prefque malgré Benoît une copie, qui fut envoyée à Paris, & lue en plein confeil.

que
que

la voie

lui &

LI. Le pape ne veut point confentir à la ceflion.

Dans une troifiéme audience, on preffa ce pape de s'expliquer fur la manie. re dont il vouloit procurer l'union: & ce fut alors qu'il déclara la plus raifonnable & la plus propre à appaiser le fchifme, étoit Boniface avec leurs colléges, s'affemblaffent en quelque lieu fur les limites du royaume de France, & fous la protection du roi, où l'on traiteroit de l'union, & où l'on entendroit les raifons de part & d'autre, promettant qu'ils ne se sépareroient point qu'ils ne fuffent d'accord. Gilles des Champs refuta le fentiment du pape, & infifta toujours fur la ceffion : & Benoît ayant demandé que l'avis des ambaffadeurs fût mis par écrit, afin de prendre les mefures convenables, le même Gilles des Champs lui répondit, qu'il n'étoit pas nécessaire de mettre par écrit ce qui ne contenoit qu'un mot de deux fyllabes, ceffion. Le pape troublé de cette fermeté, demanda du temps pour en délibérer. Les ambaffadeurs fe retirerent mécontens de toutes ces défaites de Benoît, & retournerent à Ville-Neuve-les-Avignon où ils logeoient, & 6. p. 133. où ils prierent les cardinaux de les venir trouver. Ils y vinrent, ayant à leur tête le cardinal de Florence; & tous au nombre de feize à dix-huit y opinerent pour la voie de ceffion, excep le cardinal de Pampelune, qui vouloit qu'on chaffât l'intrus, foutenant que c'étoit la voie la plus jufte & la plus prompte. La quatriéme audience ne fut pas plus décifive, le pape rejettant toujours la voie de ceffion & s'en tenant à la conférence entre les deux compétiteurs.

Dachery Spicil. tomą

LII. Benoît XIII. donne une bulle qui ne conclut rien.

Tout ce qu'on put obtenir de Benoît, fut une bulle qui fut lue en plein confiftoire, en préfence de fes cardinaux, de quelques-uns de fes officiers, & des ambaffadeurs de France: elle contenoit ces articles. 1. Que les concurrens & les cardinaux fe trouveroient enfemble en lieu sûr fous la protection duroi de France, pour conférer fur les moyens de l'union. 2. Qu'il ne trouvoit pas à propos de s'expliquer fur cette union avant l'entrevue, afin de n'être to. 6. p. 746. point traversé par les mal-intentionnés. 3. Que la voie de ceffion qu'il avoit acceptée inconfidérément, n'étant point ordonnée de droit pour appaiser

Hift. univ. Parif.

LIII.

Les princes s'en

retournent à Paris

fans avoir rien fait,

Moine de faint Demis, l. 15. c. 10. &

1. 16.

Spicileg. loc, cit.

LIV.

to. 4. p. 752.

le fchifme, & n'ayant point été fuivie par les faints peres, il craignoit defe rendre coupable de cette nouveauté criminelle. 4. Que néanmoins il avoit requis les princes de lui expliquer les moyens de pratiquer cette voie, mais qu'ils avoient refufé toute explication là-deffus. 5. Qu'en cas que certe voie ne réufsît pas, les concurrens remettroient leurs droits entre les mains d'ar bitres qui décideroient de leur fort. 6. Qu'enfin fi l'union ne fe pouvoit faire par l'entrevue ni par l'arbitrage, il propoferoit ou recevroit d'autres voies qui feroient raifonnables, honnêtes & juridiques.

Les ambaffadeurs indignés de cet e bulle dont on avoit fait lecture, fe re tirerent. Les ducs s'affemblerent avec les députés de l'univerfité, & tous les cardinaux, à la réserve de trois. pour délibérer fur cette bulle; & comme on la trouva remplie de mauvaise foi, elle fut unanimement rejettée. Les cardiŋaux qui ne vouloient pas laiffer partir les princes fans avoir rien conclu, allerent trouver le pape, & le prierent à genoux d'embraffer la ceffion. Ils réitererent leurs inftances les mains jointes, & prefque tous les larmes aux yeux, fans que le pape voulût fe rendre : au contraire il ne parla jamais avec plus de hauteur que dans cette occafion; il leur fit défenfes par une bulle qu'il leur donna, de figner l'acte qu'ils avoient fait de la ceffion, fous peine de défobéiffance & de perfidie. Les ducs peu fatisfaits de cette conduite, ne voulurent plus voir le pape, quelques inftances qu'il leur en fît, & reprirent à grandes journées le chemin de Paris, où ils arriverent le jour de faint Barthelemi vingt-quatriéme d'Août; ils firent rapport au roi & à son confeil de ce qui s'étoit paffé, & le fupplierent de pourfuivre ce qu'il avoit commencé pour l'union de l'églife.

Le roi défirant avec ardeur procurer cette union, ne se rebuta pas, & réPlufieurs princes folut, fuivant le confeil de l'univerfité, d'envoyer des ambassadeurs vers les de l'Europe con autres rois & les princes chrétiens, afin qu'ils fe joigniffent à lui pour enfentent à la ceffion. trer dans la voie de ceffion, qu'on croyoit la plus efficace. En Allemagne on envoya l'abbé de S. Gilles de Noyon avec le docteur Gilles des Champs. Hift. univ. Parif. En Angleterre Simon de Cramaud patriarche d'Alexandrie, avec l'archevêque de Vienne. L'univerfité de Paris députa auffi à celle d'Oxford Jean de Courtecuifle docteur en Théologie, & Pierre le Roi abbé du Mont-SaintMichel. A celle de Cologne & aux électeurs Pierre Plaoul docteur en théolo gie, avec un docteur en droit. Le roi d'Angleterre réfolut de prendre la voie de la ceffion, contre le fentiment de l'univerfité d'Oxford, qui vouloit qu'on terminât ce différend par un concile général. Ce qui le détermina à prendre ce parti, fut qu'après avoir envoyé à Rome & à Avignon conjointement avec Charles VI. pour preffer les deux papes d'y confentir; ils apprirent par le retour de leurs ambaffadeurs que Boniface & Benoît s'entendoient tous deux pour ne vouloir rien terminer : Boniface difant toujours qu'il étoit tout prêt de céder au cas que Benoît cédât le premier, parce qu'il fçavoit bien que

Marianal, 19. c.8.

celui-ci n'en feroit rien.

L'empereur Venceflas, les électeurs de l'empire, les ducs de Baviere & d'Autriche affemblés à Francfort, s'attacherent aufli à cette voie de ceffion, fuivant l'avis de l'univerfité de Paris. Le roi de Hongrie Sigifmond fit d'abord & fans balancer la même chofe ; & les rois de Navarre & de Caftille

4

fejoignirent auffi au roi de France, malgré toutes les follicitations de Martin roi d'Arragon, qui venoit de fuccéder au roi Jean, & qui pour fes intérêts particuliers tint toujours ferme pour Benoît, qu'il regardoit comme fon fujet. Le roi de Portugal & les autres princes qui avoient tenu le parti des papes de Rome, ne voulurent prendre aucune des voies qu'on propofoit pour terminer le schifine, croyant qu'il leur feroit honteux de fe dédire, & reconnurent toujours Boniface.

LV.

Acte d'appel de l'univerfité.

Hift. univ. Parif. tom. 4. p. 21. Spicileg. tom. 6.

L'univerfité fort échauffée dans cette difpute, pour prévenir l'effet des menaces du pape Benoît qui jettoit feu & flamme contr'elle, la menaçant des foudres de l'excommunication, appella du jugement du pape à un pape reconnu par l'églife univerfelle. Benoît fulmina une bulle contre cet appel, qu'il regardoit comme un attentat contre la plénitude de fa puiffance; & comme il foutenoit dans fa bulle qu'il n'étoit pas permis d'appeller des jugemens du pape, l'univerfité interjetta un fecond appel pour mettre à couvert fa répu. P• 143• tation, & pour juftifier le premier, dont l'acte avoit été traité de libelle diffamatoire par Benoît.

LVI.

On ne veut point

Ce fecond acte d'appel étant venu à fa connoiffance, il fit une nouvelle bulle, par laquelle il excommunioit tous ceux qui appelleroient de lui ou de fes fucceffeurs. L'univerfité continuant fes pourfuites, s'affembla aux Mathurins, & déclara de nouveau que la voie de ceffion étoit la meilleure. Dix-fept cardinaux écrivirent au roi Charles VI. qu'ils approuvoient cet expédient. Enfin l'univerfité voyant que Benoît demeuroit toujours obstiné dans fon fentiment, propofa au roi la fouftraction d'obéiffance. Cette nouvelle pro-recevoir en France pofition ayant extrêmement intrigué le pape, il réfolut d'envoyer en France le cardinal de Pam le Cardinal de Pampelune fon parent, pour tâcher d'en empêcher l'effet; pelune mais dès que le roi de France en eut avis, il écrivit à Benoît qu'il n'envoyât point fon légat, s'il ne vouloit pas qu'il eût l'affront de n'être point écouté. Benoît s'en plaignit amerement dans fes lettres au duc de Berri & au roi même, comme d'une chofe jufqu'alors inouie, mais on n'eut aucun égard à fes plaintes. Le roi de France aflembla de nouveau un concile national, pour délibérer fur la fouftraction: Le roi n'y affifta pas, étant retombé dans fa maladie; mais à fa place y étoient le duc d'Orleans fon frere & les ducs de Berri, de Bourgogne & de Bourbon fes oncles, avec Arnaud de Corbie chancelier de France, & tous les feigneurs du confeil. Charles III. roi de Navarre y vou lut étre, & le roi de Caftille y envoya fes ambaffadeurs. Il s'y trouva avec le patriarche d'Alexandrie onze archevêques, foixante évêques, foixante-dix abbés, foixante-huit procureurs de chapitres, le recteur de l'univerfité de Paris, avec les procureurs des facultés, les députés des univerfités d'Orleans, d'Angers, de Montpellier & de Toulouse, outre un très-grand nombre de docteurs en Thelogie & en Droit.

Simon de Cramaud patriarche d'Alexandie, qui préfidoit à cette affemblée, en fit l'ouverture par un difcours François, où il rappella tout ce qui' s'étoit fait jufqu'alors, & propofa ou de faire une fouftraction totale de l'obé dience de Benoît, ou en partie feulement par rapport aux collations des bénéfices & au temporel de l'églife; parce que tout l'argent que Benoît tiroit de France, & les bénéfices qu'il y avoit à fa difpofition, ne fervoient qu'à

LVII. Second concile national de France,

où l'on réfout la fouftraction.

ce

LVIII.

On prend en Fraffla voie de la fou

traction totale.

Moine de faint Dee nis, l. 18. c. 2.

20m. 4.

Hist. univ. Paris, lui faire des créatures. De trois cens voix, il y en eut deux cens quarante fept qui opinerent pour la fouftraction totale. Šeize cardinaux fe déclarerent pour la même voie. Le roi fut de même avis, & l'édit de la fouftraction fut publié le vingt-huitiéme Juillet, & enregiftré au parlement le vingt neuviéme d'Août de l'année 1398. Le roi par cet édit, défend à tous fes fujets d'obéir à Benoît, & de rien payer à fes officiers : voulant cependant que l'églife Gallicane jouiffe pleinement de fes anciennes libertés, & qu'il foit pourvû aux bénéfices fuivant le droit commun, par l'élection des chapitres, ou par la collation des ordinaires, gratuitement, & fans rien prendre, fous quelque prétexte que ce puiffe être, de ce que les officiers des papes avoient coutume d'exiger.

LIX:

Les autres prinple de la France.

es fuivent l'exem

Hift. univ. Parif.

ibid.

LX.

Benoît eft aban

Moine de faint Denis, l. 18. c. 6. Surita l. I.

La fouftraction devint enfuite prefque générale dans toute l'Europe. L'exemple de la France fut aufli-tôt fuivi des princes voifins & du duc de Baviere, qui ordonnerent dans leurs états une pareille fouftraction d'obédience au fpirituel & au temporel. On trouve dans l'hiftoire de l'univerfité de Paris l'acte de celle de Jean de Baviere évêque de Liege, & de beaucoup de feigneurs de fon diocèfe. La reine Marie de Blois mere de Louis d'Anjou fit la même chose en Provence, où elle étoit : comme auffi les rois de Navarre & de Caftille dans leurs royaumes, où l'églife fut gouvernée de la maniere qu'elle l'étoit en France. Il y eut auffi en plufieurs endroits quantité de partifans de Boniface qui renoncerent à fon obédience. Et le roi Charles VI. donna le vingt-feptiéme Juillet deux lettres patentes, l'une pour défendre d'avoir égard aux cenfures ou procédures que pourroient faire les commiffaires, auditeurs, Juges, délégués ou autres, de l'autorité du pape Benoît, avec ordre aux baillifs, fénéchaux & autres officiers du roi, d'y tenir la main; l'autre lettre porte réglement touchant les provifions des bénéfices & le gouvernement de l'églife durant la fouftraction. On trouve dans le quatriéme tome de l'hiftoire de l'univerfité de Paris un détail de tous ces réglemens, & des remedes aux inconvéniens qui pourroient naître de cette fouftraction.

On s'imagine aifément que toutes ces mesures qu'on prenoit en France intriguerent fort le pape Benoît ; mais ce qui l'étonna le plus dans une fi donné par dix-huit fubite & fi étonnante révolution de fa fortune, fut qu'il fe vit abandonné de fes cardinaux. de dix-huit de fes cardinaux, qui après lui avoir fait fignifier un acte de fouftraction, se retirerent à Ville-Neuve fur les terres de France, pour éviter fa fureur, & les infultes des troupes Arragonoifes que Rodrigue de Lune fon frere lui avoit amenées. Il fut plus irrité que jamais quand il vit que non. feulement fes cardinaux, mais encore plufieurs de fes domeftiques, chapelains, auditeurs, & autres officiers l'abandonnerent à la publication de la fouftraction d'obéiffance que firent à Avignon le dimanche premier de Septembre 1398. les deux commiffaires envoyés par le roi, c'étoit Robert cordelier docteur en droit, & Tristan du Bofc prévôt de l'églife d'Arras; ces deux commiffaires ordonnerent fous de groffes peines à tous les fujets du roi, tant clercs que laïcs, de fe retirer de la cour & du fervice de Benoît, qui par-là fe vit réduit à deux cardinaux feulement, celui de Pampelune & celui de Tarragone, qui aimerent mieux partager fon fort que de l'abandonner.

Les cardinaux réfugiés à Ville-Neuve députerent au roi de France trois

de leurs confreres, fçavoir le cardinal de Poitiers, le cardinal de Saluces, & celui de Turi, pour le folliciter à engager tous les princes à la fouftraction, à affembler un concile général pour l'union, & à fe faifir de la perfonne de Benoît comme d'un hérétique & d'un fchifmatique. Le cardinal de Turi qui portoit la parole, fit une fort belle harangue au roi pour lui montrer qu'il étoit important & même néceffaire qu'il fe rendît à leurs demandes, ajoutant qu'il n'avançoit rien fur le compte de Benoît qui ne fût très-véritable: A quoi le chancelier répondit de la part du roi, que l'emprisonnement du pa. pe, pour caufe d'héréfie, n'étoit pas de la connoiffance du roi, & que pour le refte il en feroit plus amplement délibéré avec eux & les prélats de France. Pierre d'Ailli qui avoit été fait évêque de Cambrai en 1396. & auffi-tôt envoyé à Rome pour engager Boniface à la ceffion, en étant revenu cette année 1398. vers le mois de Mai, fut envoyé par le roi à Avignon, avec Jean le Maingre de Boucicaut maréchal de France, qui menoit avec lui des troupes, pour obliger le pape Benoît, par traité ou autrement, à fe démettre du pontificat.

L'évêque de Cambrai & le maréchal marcherent ensemble jufqu'à Lyon, où ils fe quitterent, l'évêque étant parti feul, & le maréchal demeurant à Lyon jufqu'à ce qu'il eût reçu de fes nouvelles. Pierre d'Ailli étant arrivé, falua le pape, & lui expliqua fa commiffion, l'affurant que le roi de France & l'empereur étoient convenus que les deux papes fe déme troient du pontificat chacun de fon côté. A ces mots Benoît changea de couleur, & répondit qu'il avoit beaucoup travaillé pour l'églife; qu'on l'avoit élu en bonne forme, & qu'on vouloit maintenant qu'il y renonçât; qu'il n'en feroit rien tant qu'il vi vroit, & qu'il vouloit bien que le roi de France fçût qu'il ne fe foumettroit point à fes ordres, & qu'il garderoit fon nom & fa dignité jufqu'à la mort. Le lendemain dans une autre audience, le pape dit encore à l'évêque de Cambrai: »Vous direz à mon fils le roi de France, que jufqu'ici je l'ai tenu pour << bon catholique, & que depuis peu il s'eft laiffé féduire, mais il s'en repen- << tira; qu'il prenne confeil, & ne s'engage à rien qui trouble fa confcience.<< Et il répéta tout en colere qu'il étoit pape légitime, & vouloit demeurer tel, dût il mourir à la peine : après quoi il fe retira; & l'évêque après avoir dîné, monta à cheval, paffa à Ville-Neuve, d'où il vint coucher à Bagnols, qui eft en France. Ce fut-là où il apprit que le maréchal de Boucicau: étoit arrivé au port de faint André, à neuf lieues d Avignon. Il l'y vint trouver, partit enfuite pour Paris, & laiffa au maréchal le foin d'exécuter fa commiffion, & d'affiéger Avignon, dont il fe rendit maître, aidé par les habitans, à qui la tirannie de Benoît devenoit infupportable.

Toutes ces difgraces ne changerent point le pape, qui proteftoit toujours que jamais il ne fe foumettroit, quand il devroit mourir. Son parti fut de fe retirer dans le château avec fes Arragonois, d'où il écrivit à Martin roi d'Arragon, qui pour ne fe pas brouiller avec le roi de France, ne lui donna aucun fecours. On y attaqua Benoît qui demeura ainfi affiégé pendant tout l'hiver, & gardé de fi près que perfonne n'y pouvoit entrer ni en fortir. La famine réduifant fes troupes aux dernieres extrémités, il étoit fur le point d'être pris: mais à la follicitation du duc d'Orléans qui prenoit toujours le contrepied

Juv. des Urfins
biftoire de Charles
VI. p. 134.
Moine de faint
Denis, 1. 18, c. 10.

LXI.
Le roi envoie

à Avignon Pierre
d'Ailli & le maré-
chal de Boucicaut
avec des troupes.

Moine de faine

Denis, l. 18 c. 16.

LXII.

Le maréchal de

Boucicaut fe rend maître d'Avignon.

LXIII. Benoît eft affiégé dans le château.

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