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PIUS.

G. SCIOP- qu'en ennemis, qu'il falloit exters miner. Jofeph Scaliger ressentitenfuite les traits les plus violens & les plus fatyriques de sa jalousie & de son animosité;mais il scut bien lui rendre la pareille. L'autorité suprême ne mic point Jacques I. Roi d'Angleterre à couvert de ses coups;il alla l'attaquer jusques sur le Thrône fans aucun ménagement, & avec une impudence cynique. Cafaubon, & Du Plefsis Mornay, qui s'étoient avancés pour la défense de ce Prince; eurent aussi part aux coups qu'il lui porta. Mais les Jésuites furent ceux, fur qui il s'acharna avec le plus de fureur. Il publia contre eux pendant plusieurs années sous des noms empruntés un grand nombre d'Ouvrages, où il les déchira cruellement. Dans tous ces Ouvrages, que P'humeur violente, emportée, & fatyrique de Scioppius lui a fait produire, & dans lesquels il a répandu tout le venin dont il étoit rempli, il ne faut pas chercher la verité ; c'é-toit une chose dont il ne s'embarrafsoit gueres. Tout ce qui pouvoit fatisfaire fa malignité naturelle lui

étoit bon; & pourvû qu'il pût mor- G. SCIOP
dre ceux à qui il en vouloit, il se plus.

foucioit peu que les chofes dont il
se servoit pour cela, fussent vrayes
ou fausses.

Il se rendit par là odieux à bien du monde, & fe fit un si grand nombre d'ennemis, qu'il appréhenda sur la fin de ses jours de ne pouvoir trouver de retraite assurée.

Il se retira cependant vers l'an 1636. à Padouë, où il vécut jusqu'à sa mort. Il s'y occupa de la lecture de l'Ecriture, & y donna dans d'étranges visions, qu'il voulut perfuader au Cardinal Mazarin par plusieurs lettres, que Naudé affure dans son Mafcurat p. 455. avoir lûës. Il prétendoit qu'il n'y avoit jamais eu de Pere ni de Docteur de l'Eglise qui eût mieux entendu l'Ecriture Sainte, ni plus affûrément connu par fon moyen la fin du monde, & les secrets de l'Apocalypfe, que lui; il vouloit même réduire en systéme l'Art Prophétique. C'est ce qui paroît par une lettre qu'il écrivit de Padouë le 20. Février 1642. à Voffius, & qui est la 334. parmi celles de ce

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PIUS.

)

G. SCIOP-Sçavant. Il y marque, qu'il avoit déja fait quatre Ouvrages fur cette matiere, dont voici les titres. 1o. Fons fapientia intento digito monstratus hoc est, Ecloga ex Sacra Scriptura Sanctis Patribus, de Sacra Scriptura studio, ejusque ftudii necessitate, utilitate, adjumentis & temporibus. 2o. Clavis fcientiæ ad aperienda Regni Cœlorum mysteria propemodum confummanda hoc est, specimen Exegeseos Prophetica in Pfalmum XLV. 3° Annunciatio Regni Chrifti ac Populi Christiani in Orbem Terra futurum uf que ad noviffimum annorum & expe ditionem Gog & internecionem ejus. 4°. Systema Artis prophetandi, continens ejus Artis finem, officia, materiam fubjectam, & instrumenta, exemplo Galeni in systemate Artis Medica. Rien de tout cela n'a paru au jour. Scioppius mourut à Padouële 19. Novembre 1649. dans sa 748.année, & fut enterré dans l'Eglise de S. Thomas. Cette date rapportée par Jacques-Philippe Thomafini dans son Gymnafium Patavinum p. 464. a été ignorée de la plupart de ceux qui ont parlé de Scioppius, qui ont été

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incertains fur le tems de fa mort. G. Scior

Gui Patin l'a mise à la verité en 1649.PIUS. mais il l'a trop avancée, puisqu'il l'annonce fur un faux bruit dans une

lettre du 13. Juillet de cette année. Pope-Blount s'est trompé doublement dans sa Censura celebriorum Autorum, en le faifant mourir en 1663. âgé de plus de 80. ans. George-Matthias Konig retarde encore davantage fa mort, puisqu'il dit dans fa Bibliotheca vetus & nova imprimée en 1678. qu'il y avoit peu d'années qu'il étoit mort.

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mais

Quelques Auteurs ont avancé que Scioppius eut fur la fin de sa vie quel que deffein de rentrer dans la communion des Protestans, & qu'il écri vit à Leyde pour voir s'il trouveroit une retraite dans cette Ville, en embrassant le Calvinisme qu'on n'eut que du mépris pour lui, & qu'on refusa de le recevoir.Ceux qui ont rapporté ce fait, n'ont pour garant de sa verité, que George Hornius, qui en parle ainsi dans fon Histoire Ecclésiastique. Mais outre qu'il ne paroit nullement probable, on sçait qu'Hornius eft, un Auteur

G. SCIOP-fautif, s'il en fût jamais, & qu'on ne peut faire aucun fond fur fon autorité.

PIUS.

On ne peut nier que ce ne fût un habile homme, & s'il avoit eu autant de moderation & de probité, que de fçavoir & d'esprit, on le inettroit avec raison aux premiers rangs de la République des Lettres. On prétend qu'il avoit la mémoire si excellente, & poffédoit fi bien tout le texte de l'Ecriture, que quand les Livres Sacrés auroient été perdus, il auroit pû les retrouver tous entiers dans sa tête, & les rétablir en leur premier état. Ce dernier fait est attesté par Ottavio Ferrari, & c'est apparem ment ce qui a engagé quelques Aus teurs à lui attribuer une mémoire extraordinaire. Mais il y a en cela un peu d'exageration; car Scioppius qui n'étoit point homme à négliger ce qui pouvoit lui donner un mérite, & le diftinguer du commun, avoüe lui-même dans ses Amphotides p. 174. qu'il n'étoit point fort du côté de la mémoire; & que quoiqu'il eût appris un moyen de fuppléer à ce qui lui manquoit de ce

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