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lui pour suivre son autorité, & lui rapporter les causes AN. 1562.

majeures. Qu'enfin la différence qu'il y a entre le pape & les évêques, c'eft que ceux-ci font appellez pour partager fa follicitude, & celui-là a une plénitude de puissance. Ensuite il paffa à la derniere partie du septieme canon, & dit, qu'il étoit d'avis qu'on la retranchât, & que fi le concile en ordonnoit autrement, il souhaiteroit qu'on déclarât quelle eft cette puissance épifcopale dans la doctrine. Car aujourd'hui, dit-il, toute notre autorité paroît prefque anéantie, en partie par les princes & les grands feigneurs, qui s'attribuent plufieurs droits, qui abforbent notre jurifdiction dans les excommunications, dans les citations, dans les causes ecclefiaftiques, dans celles qui regardent l'herefie, dans les réparations des paroiffes & d'autres, qui regardent la vifite; en partie par clefiaftiques mêmes qui fe prétendent exempts. Que fi un évêque veut obliger les curez à la résidence, auffitôt ils lui alléguent leur exemption, ou ils demandent pour vivre la portion congruë, qui ne dépend pas de nous. Ce qui fait que nous fommes comme des troncs inutiles dans nos diocefes. Que fi le concile veut inferer cette clause, que les évêques doivent joüir de la puiffance qu'ils ont euë jusqu'à présent ; il paroît convenable d'y ajouter ces mots, felon les canons des faints conciles & les decrets des peres. Tout ce que cet évêque dit dans la fuite ne regardoit que la ré

formation.

les ec

Dans la congregation de l'après-midi du même jour, on entendit François de Beaucaire évêque de Mets, qui parla un peu différemment de l'évêque de Verdun fur l'autorité du pape, & plus exactement,

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quoique moins au goût des prélats Italiens; il se plaiAN. 1562. gnit avec raison de ce que plufieurs mefuroient l'auNicol. Pfalm. torité du faint pere fur l'étenduë de fon empire, & part. 2. pag. 347. que comme le monde chrétien étoit immenfe, ils atPallav. lib. 19. tribuoient de même au vicaire de Jefus-Chrift une

in act. conc. Trid.

& 348.

c. 6.n.5.

autorité immense; en forte qu'il choififfoit les évêques pour entrer en partage de fa follicitude, & qu'il leur accordoit des fonctions, qu'on pouvoit appeller précaires. Que pour lui il penfoit tout le contraire, puifque les évêques avoient fuccedé aux apôtres, qui avoient été appellez par Jesus-Christ, & que Mathias avoit été élû par fort, c'est-à-dire, par la volonté divine; qu'ainfi les fonctions font propres dans les évêques, & non pas déleguées par le pape : qu'à l'égard de ces termes, plénitude de puiffance, fur lefquels plusieurs s'appuient, il peut les expliquer comme faint Jean Chryfoftome expliquoit la plénitude de grace qui, felon ce faint docteur, étoit différente dans Jefus-Chrift, dans la fainte Vierge, dans les Apôtres, dans les Saints, par rapport à la diverfité de ceux qui la recevoient; & que de même la plénitude de puiffance dans le fouverain pontife a eu fes bornes & fes Vide Alta Ni- limites. Il y eut encore fept évêques François qui parcok. Pfal. part. 2. lerent dans cette congrégation, & celui qui s'y dif

P. 349.

tingua le plus fut Claude d'Angennes évêque du Mans, qui fit voir qu'il n'y avoit aucune différence entre les apôtres & les évêques, & que ceux-ci avoient été inftituez par Jesus-Chrift, avec une pleine & entiere jurisdiction.

Le dimanche fixieme de Decembre, on s'affembla à l'ordinaire dans l'église; après la messe le fermon fut prêché par un Franciscain, qui remontra aux peres,

qu'il étoit de leur devoir de remedier aux maux de l'églife, aux herefies qui la ravageoient, & il s'étendit beaucoup fur les malheurs de l'Allemagne, de l'Angleterre, & en particulier fur ceux de la France.

AN. 1562,

LV. Sentiment des

abbé de Cîteaux en

In actis Pfalm.

part. 2. p. 348.

Louis de Bailey

Quelques-uns dirent enfuite leur avis; mais cette féance dura peu, parce que les évêques François Italiens & d'un étoient abfens. Le lundi feptiéme du même mois deux faveur du pape. prélats Italiens parlerent de l'inftitution des évêques, & dirent, que le fentiment le plus veritable, étoit que Jefus-Chrift avoit institué un seul évêque, fçavoir S. Pierre ; que les decrets & les décretales des fouverains pontifes doivent être regardées comme la fainte écriture, & que toute jurifdiction venoit du pape. L'après-midi Louis de Baiffey abbé de Citeaux, abbé de Citeaux. parlant fur la même matiere: prétendit que faint Pierre avoit reçu plus que les autres apôtres, & que la puiffance des clefs n'avoit pas été donnée également. Il ajouta que les évêques étoient auffi établis par Jefus-Chrift, mais en fe fervant du miniftere de faint Pierre, & du fouverain pontife, de qui dépendoit, felon lui, l'ordre facerdotal après le Sauveur. Enfin il condamna ceux qui difoient que la puiffance avoit été également accordée à tous les apôtres fans dif

tinction.

Jerôme Souchier François, & abbé de Clairvaux, forma enfuite quelques conclusions touchant l'institution des évêques. La premiere, que les évêques font immediatement inftituez par Jefus-Chrift, dans le fens que tous font promus à la dignité épiscopale par l'action facramentale, c'est-à-dire, par la confecration: or les facremens font inftituez immediatement par Jefus-Chrift; donc la puiffance d'ordre n'eft conferée

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que par le facrement. La mineure eft évidente. La AN. 1562. feconde, l'évêque a reçu quelque chose de JesusChrist, qui le rend fuperieur aux prêtres, en ce qu'il eft miniftre du facrement de l'ordre, ce qui ne con

1. Cor. XII. 4.

vient pas à un fimple prêtre qui ne peut ordonner,

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&c. La troifiéme, la jurisdiction de l'évêque ne vient pas de Jefus - Chrift feul or il y a deux miffions, l'une intérieure, l'autre extérieure ; par celle-là Dieu rend quelqu'un propre à certaines fonctions felon fa volonté ; ce fut ainfi que faint Paul fut appellé de Dieu par une vocation intérieure, & par des dons de même nature, qui font requis dans les apôtres, comme il eft marqué dans la premiere aux CorinMatth. 1x 38. thiens, où faint Paul dit, qu'il y a diversité de graces, & dans faint Matthieu : Priez le maître de la moisson qu'il envoye des ouvriers dans sa moisson ; ce qui s'entend d'une miffion intérieure: quant à l'extérieure, c'eft celle par laquelle quelqu'un eft élevé canoniquement au miniftere ecclefiaftique par celui qui a la puissance, qui eft appellé par elle, & qui n'eft ni voleur ni larron. Là-deffus il dit, que la jurisdiction des évêques en tant qu'elle eft intérieure, vient immédiatement de Dieu, mais qu'elle eft imparfaite fans l'extérieure, & fans l'autorité du fuperieur, fçavoir du fouverain pontife, fans lequel l'évêque ne peut exercer ce qui eft de la jurisdiction: de-là vient que le pape confacrant un évêque, ne lui donne pas feulement la matiere, mais encore la jurisdiction. Enfin il conclut, qu'il n'y avoit point d'évêque qui ne fût inftitué, ou par les conciles géneraux, ou par le pontife Romain, & de fon confentement explicite ou implicite; mais. que le pape

devoit toujours agir felon les regles pour l'édification de l'églife & le falut des fidéles.

Un abbé du Mont-Caffin dit ensuite que le pape étoit la bouche, la main & la langue de Jesus-Christ. François Zamora, Espagnol, & géneral des Obfervantins, dit, que le but de tous les heretiques étoit d'attaquer & d'abattre le faint fiege, & la hiérarchie ecclefiaftique, & qu'il falloit s'y oppofer.

Le mardi huitiéme de Decembre on tint une autre congrégation; la messe fut célebrée par Antoine Muglitz archevêque de Prague, & ambassadeur de l'empereur. Enfuite en presence des légats, des ambaffadeurs & des peres, André Dudith, Hongrois, évêque de Tinna, fit un éloquent difcours à la loüange de Maximilien roi de Bohême, qui venoit d'être élû à Francfort roi des Romains.

AN. 1562.

LVII. Election de Ma

Spond ad hunc

an. n. 4.
Dans les mém.

tiq. de la maison
hiftoriques & poli-

d'Autriche, in-12. tom. 2. P. 22.

Ce prince avoit été élu roi de Bohême le vingtiéme de Septembre, & Ferdinand fon pere, qui préfera- ximilien pour roi blement aux autres affaires, pensoit à l'établissement des Romains. de fa famille, & fur-tout à faire continuer l'empire dans fa maison, fit à cet effet convoquer une diete à Francfort pour le mois de Novembre. Auffi - tôt que cette diete fut formée, il y fit de fa part propofer l'élection de Maximilien pour roi des Romains, & ménagea fi bien les efprits des princes & des députez de l'affemblée, que d'une commune voix Maximilien fut élû le trentiéme du mois de Novembre, ou plutôt le vingt-quatrième du même mois, ayant été couronné le trentiéme, jour de la fête de faint André. Le jour de ce couronnement quelques électeurs Proteftans affifterent à la messe jusqu'à la fin de l'évangile. Le Palatin se retira dès le commen

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