Imágenes de páginas
PDF
EPUB

raifons très-importantes: & que fi l'empereur qui étoit AN. 1563. le premier entre les princes laïques, vouloit attirer à fon tribunal le premier jugement de quelque cause, il doutoit fort qu'on le lui permît.

La plus grande partie des peres fut d'avis qu'on établit des loix en particulier pour la réformation des cardinaux ; mais on ne toucha cet article que fort legerement. L'archevêque de Grenade remontra néanmoins que fi c'étoit au pape à choifir les cardinaux, parce qu'ils étoient fes confeillers, cependant comme ils avoient le droit d'élire le pape, & que leur autorité concernoit à cet égard l'églife univerfelle, il convenoit que ce fût à cette même église à prefcrire des loix pour leur âge, pour leur mérite, leur capacité, & les qualitez qu'ils devoient avoir. Dom Barthelemy des Martyrs archevêque de Bragne, Aïala évêque de Segovie, & le cardinal de Lorraine parlerent à peu près de même ; & après avoir écouté ces differens avis, on chargea les peres qui avoient été choisis pour former les décrets, de leur donner une forme qui pût être agréée d'un chacun. Sur ces entrefaites le courier de Rome arriva à Mémoire en Trente le neuvieme de Novembre, & apporta aux légats un mémoire, où l'on exposoit les raisons qui devoient engager les peres à finir le concile. Ce mémoire étoit l'ouvrage du légat Moron, & contenoit en fubftance, que comme d'un côté il étoit nécefsaire de finir au plûtôt, & que de l'autre les matieres propofées n'étoient pas affez digerées, & ne pouvoient être omises avec honneur, l'unique expedient étoit de renvoyer le reste au fouverain pontife; mais que comme les légats ne pouvoient ni honnêtement,

LXVII.

voyé de Rome pour finir le concile.

Pallavic. ibid. lab. 23. c.7.12.17.

[ocr errors]

'ni avantageusement propofer eux-mêmes un pareil AN. 1563. expedient, le moyen le plus facile & le plus convenable étoit d'en charger le cardinal de Lorraine qui avoit approuvé ce dessein à Rome & avoit paru fort porté à l'exécuter. Que les Imperiaux s'unissant à lui, le cardinal gagneroit les évêques de sa nation, & les miniftres de l'Empire attireroient les prélats Allemands. Que fi cela réuffiffoit, il y avoit beaucoup d'apparence que les Italiens n'y feroient pas oppofez, & que fi les Efpagnols s'élevoient contre, il falloit genereufement méprifer l'oppofition d'une feule nation, pour fatisfaire aux demandes de beaucoup d'autres plus confiderables. Tel étoit le précis de ce mémoire, que le pape concluoit, en ordonnant à fes légats d'avoir foin de faire décider dans le concile tout ce qui reftoit en general, après quelques décrets particuliers, afin qu'il parût que c'étoit par une vraie néceffité qu'on renvoyoit au pape la décision des autres affaires.

LXVIII.

Le cardinal de

de préfenter ce

Pallav. ut fup.

1.13.c.7.n. 17.

Les légats ayant reçu ces lettres, propoferent auffitôt la chose au cardinal de Lorraine, qui lut le mé- Lorraine fe charge moire, & reconnut qu'il avoit effectivement donné mémoire aux peces avis au pape. Cependant il confeilla de ne rien res. propofer de cette affaire dans la congrégation qu'on devoir tenir le lendemain, de peur que les difficultez étant ainsi réünies fur plufieurs chefs, elles ne devinffent infurmontables. Qu'il falloit fe conduire comme on faifoit en guerre avec les ennemis, attaquer les uns après les autres, afin de les vaincre tous. Les légats approuverent ce confeil, & l'on se prépara à la congrégation du lendemain, à laquelle le cardinal Ofius ne put affifter, ayant la fievre, qu'il garda fi

long-tems après la feffion, qu'on craignit qu'elle n

AN. 1563. le quittât pas de tout l'hyver, comme il en écrivit lui

LXIX. Congrégation

pare à la feffion.

lib 13.

même au cardinal Borromée.

Le neuvieme de Novembre on tint deux congrégénerale qui pré- gations, compofées feulement des prélats choifis pour mettre la derniere main aux canons, & contenter les Pallav. ut fup. peres autant qu'il feroit poffible. Et le lendemain dixieme du même mois, on tint une congrégation generale pour celebrer la feffion le jour fuivant auquel elle avoit été indiquée. Afin qu'on y joüît d'une plus grande liberté, on en exclut tous ceux qui n'avoient pas droit de fuffrage, & les procureurs de ceux qui étant présens, auroient opiné. On propofa en premier lieu les canons & les décrets fur le mariage. Le cardinal de Lorraine désapprouva les anathemes portez dans le fixieme contre ceux qui nieroient que le mariage non confommé, pouvoit être diffous par l'entrée d'un des conjoints en religion; & l'anathême dans le neuvieme contre ceux qui affurent que les clercs qui font dans les ordres facrez, ou les perfonnes qui ont fait vœu de religion, nonobstant la loi eccléfiaftique, ou ce vœu, peuvent fe marier, & demanda qu'en la place de ces deux mots, loi ecclefiaftique, on ne mît que loi fimplement. Le cardinal Madrucce fut du même avis, & rejetta encore l'empêchement que le concile établissoit entre le raviffeur & la perfonne ravie, que celle-ci eût été mise en liberté, & le décret de l'invalidité des mariages clandeftins. Son sentiment fut fuivi de plufieurs; quarante-fix peres opinerent pour le dernier, & fept fe referverent à dire dans la feffion ce qu'ils penfoient,

avant

AN. 1563.

LXX.
On propofe les

nons qui l'ont re

Pallavic. ibid,

Avant que les décrets de la difcipline fussent mis en déliberation; le premier des légats dit, que plufieurs étoient d'avis qu'on devoit mettre à la tête cette clause, sauf toutefois l'autorité du fiege apof- décrets & les catolique; que d'autres penfoient prudemment, qu'il çus. étoit plus à propos de ne la mettre qu'après toutes les loix de la réformation; parce qu'ayant été placée c. 8.ñ. 4. & §• au commencement fous le pontificat de Paul III. il étoit raisonnable que la fin y répondît. On recüeillit là-dessus les fuffrages, & cent trois peres y confentirent. Mais dans la feffion tous convinrent qu'on ne mettroit cette claufe qu'à la fin. On propofa enfuite les décrets; & Arrius Glagigus évêque de Gi, ronne, ayant voulu protefter contre, fut repris avec tant de force par le légat Moron, qu'il n'ofa paffer outre. Ainfi quand on en vint aux voix, on fut assez uniforme, à l'exception d'un très-petit nombre, & les décrets pafferent avec peu de change

mens.

Fin du Tome trente-troifiéme.

Tome XXXIII.

Ttt

« AnteriorContinuar »