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Craint-on quelque rival? esprit, raison, sagesse,
Repos, tout difparoît, & c'eft pis qu'une yvresse.
Voit-on l'objet aimé fe déclarer pour nous ?
Adieu fureurs, adieu tranfports jaloux,
Tout fe calme, & l'orage ceffe.

Ce n'eft point-là le portrait de nos gens.
LA MARQUISE.

Je vois qu'à me fervir tu te montres fidelle.
Mais ma niéce paroît. Qu'on me laisse avec elle.
Je fçaurai te payer de tes foins obligeans.

SCENE I V.

LA MARQUISE, ELOISE.

LA MARQUISE.

ELOISE, je fçais que vous êtes fincere,

Sur un point important daignez ne me rien taire. Je vous aime, & je ne n'eus jamais

Rien de caché pour vous.

ELOISE.

Je n'ai point de fecrets

Dont je ne puiffe vous inftruire.

LA MARQUISE

Connoiffez-vous à fonds votre maître ?

ELOISE.

Je fçais

Qu'il a de grands talens que tout le monde admire, Qu'on fait fur-tout fous lui de merveilleux progrès. LA MARQUISE..

Ce n'eft pas là fur quoi je veux qu'on m'éclair ciffe.

A fes talens je rends juftice.

Penfez-vous qu'Abailard eût de l'eloignement Pour quelque tendre engagement?

ELOISE.

Je ne comprends pas bien ce que vous voulez dire. Daignez....

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Un Philosophe! lui, fonger au mariage !

Non. Il n'eft pas propre pour le ménage,

LA MARQUISE.

De fon état on pourra l'arracher.

Une femme charmante, à la fleur de fon âge, Peut beaucoup fur un cœur qu'elle veut s'atta

cher.

ELOISE.

L'époufe qu'à fon fort vous avez destinée
A donc bien de piquans appas ?

LA MARQUISE.

Mais dans le monde on dit qu'elle n'en manque pas Vous me paroiffez étonnée ?

ELOISE.

Madame, point du tout.

LA MARQUISE

Quelque intérêt fecret

Vous fait-il craindre que fon ame

Ne se livre aux transports d'une amoureuse flâme >

ELOISE.

Je ne vous comprens point. Ai-je d'autre intérêt Que celui que l'on trouve auprès d'un maître ha→

bile?

M'inftruire, me former eft tout ce que je veux,
LA MARQUISE.

Vous faites fagement de borner là vos vœux.
ELOISE.

Cette reflexion eft affez inutile.

LA MARQUISE.

Ma niéce, fi j'en crois vos yeux, votre embarras..

ELOISE.

Vous me défefpérez en parlant de la forte.

LA MARQUISE.

Mais voyez ou déja le dépit vous emporte. Poffedez-vous donc mieux, puifque vous n'aimez

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ELOISE.

Vous feriez la femme

D'un.... Cela ne se peut.

LA MARQUISE.

J'y ferai de mon mieux,

Abailard à peu près eft inftruit de mes vœux.
ELOISE à part.

Qu'entens-je ! Quoi le traître ! il a pu me le taire ! baut.

Sans doute cet amour, avec un front severe,

On ne l'aura pas écouté ?

LA MARQUISE.

C'est

porter un peu

loin la curiofité.

ELOISE.

Non. Je n'en doute point, vous avez fçu lui plaire!
Abailard des mortels eft le plus amoureux.
Aimez-le à votre tour, devenez fon épouse.
Mon ame affùrément.... n'en fera point jalouse.

à part Je fuis perdue! (haut) Il vient. Vous pouvez tous

les deux

Vous arranger pour cet himen heureux.

elle fort.

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