SCENE V. LA MARQUISE, ABAILARD ELOISE LA MARQUISE à part. 11 me cherche des yeux, il paroît le troubler. Sans doute il vient pour me parler. A BAILARD à part. Attendons qu'elle fe retire. LA MARQUISE à part. Que cet inftant me péfe, & que je voudrois bien... Voyons s'il parlera. ABAILARD à part. Le touchant entretien ! LA MARQUISE à part. Oh c'en eft trop. Il faut que je commence. Quel fupplice! (haut) Abailard. ABAILAR D. Plaît-il. Me parlez-vous ? LA MARQUISE. Mais.... je crois qu'oui. D'où vient ce long LA MARQUISE Comment! Et qui donc, s'il vous plaît ABAILARD. C'est un point de philofophic. LA MARQUISE Ne pouviez-vous choisir un plus aimable objet ? Je le vois bien, Abailard n'eft pas fait. Madame, Qu'exigez-vous de moi dans l'état où je fuis? Mon cœur, d'un cœur comme le vôtre LA MARQUISE: Je fuis donc à vos yeux un objet bien horrible? A BAILAR D. Je rends plus de justice à vos charmans appas. Je voudrois vous aimer, & je ne le puis pas. LA MARQUISE Qui peut vous empêcher.... baut. ABAILAR D. Un obftacle invincible Par d'autres nœuds je fuis lié, Et le devoir.... LA MARQUISE. Seriez-vous marié A BAILARD à part. Songeons à nous tirer d'affaire. Oui. Je le fuis. LA MARQUIS E. C'eft fort bien fait à vous J'étouffe de dépit, de honte & de colere. D'une très-digne épouse, adieu le digne époux. SCENE VI. ABAILARD feul. AH! le ciel me délivre enfin de la Marquise. Son amour importun me péfoit en effet. Libre dans ma tendreffe, allons voir Eloïfe. Elle m'apprendra le fujet.... Mais en ces lieux un fort heureux la guide. SCENE VII. ABAILARD, ELOISE. ABAILAR D. MADAME, ah! votre aspect ranime mon espoir. Souffrez ... ELOISE Laiffez-moi. ABAILARD. Quoi ! Je ne veux plus vous voir ABAILAR D. Qu'entens-je! ô ciel! ELOISE. Vous êtes un perfide. ABAILAR D. Ce difcours me furprend. Qu'ai-je fait? Qu'ai-je dit? ELOISE. Vous le fçavez trop bien. ABAILAR D. Non, Madame. ELOISE. ABAILAR D. Quelle raifon.... ELOISE. Elle eft trop legitime. ABAILARD. Te l'ignore pourtant. ELOISE. O ciel ! que je vous hais! ABAILAR D. Et moi, je vous adore encor plus que jamais. Madame..... Quel chagrin, quel trouble vous dé vore.... Que vois-je ! vous pleurez! fe peut-il qu'à ce point.. Non, Non. Rien ne rompra le beau nœud qui nous joint. Mon Eloïle m'aime encore. ELOISE. Non. Je ne vous pardonne point. Et loin de vous aimer, ingrat, je vous abhorre D |