Que tout ce qu'il m'écrit m'honore infiniment,

Qu'avec plaifir j'accepte fa vifite,

Et que nous l'attendrons avec empreffement.

FRONT IN.

Si la réponse étoit écrite,
De la porter je ferois plus certain,
Ma mémoire fe passe vîte,

Et bien fouvent je la perds en chemin

Un tant foit peu de griffonage,

La... quatre mots....

MADAME

ARGANTE.

Il n'en eft pas

befoin

FRONTI N.

Je crains de l'oublier, j'enrage,
Heureufement je ne vais pas bien loin.

SCENE I V.

MADAME ARGANTE Jeule.

C

Eci furpaffe mon attente,

Un homme de condition',

Et cent mille livres de rente !

Le parti fürement mérite attention,

Et ma fille, je crois, en doit être contente.

SCENE V.

MADAME ARGANTE, DORANTE.

MADAME ARGANTE.

AH! vous voilà, Monfieur Dorante

Pouvez-vous un moment ici vous arrêter?

On me propose une affaire importante, Et, comme mon ami, je veux vous confulter. DORANT E.

Ne doutez pas de l'ardeur de mon zéle;

Mais autre chose auprès de vous m'appelle :
J'apprens qu'on doit demain juger votre procès,
Et viens vous avertir qu'il feroit nécessaire
D'en folliciter le fuccès.

MADAME ARGANTE.
C'eft auffi ce que je veux faire,

Pour cela ce matin j'ai couru tout Paris,
Et ne fais qu'à l'instant de rentrer au logis;
Laiffons un moment cette affaire;

Tenez, Monfieur, je veux vous faire voir

La Lettre qu'à présent je viens de recevoir.

DORANTE lit.

Madame.... depuis le jour qu'un accident fâcheux vous » arrêta fur le chemin de Vincennes, & vous mit dans la » néceffité d'accepter mon carroffe pour revenir à Paris,

» j'ai conçu pour Mademoiselle votre fille un amour que fà » violence ne me permet pas de vous cacher plus long» temps : fi un homme de condition, maître de lui-même, » & de cent mille livres de rente vous paroît un parti digne » d'elle, & que je fois assez heureux pour qu'elle veuille accepter ma main, elle est prête à se donner ; permettez» moi de venir vous en affûrer moi-même, & de lui donə → ner des preuves de mon amour & de mon respect, DAMIS.

MADAME ARGANTE.

Qu'en pensez-vous, Monfieur Dorante ?
Et quel confeil allez-vous me donner ?
DORANT E.

Mais avant de rien terminer,

Il faut connoître un peu l'homme qui se présente.

MADAME ARGANTE.

Il me paroît un Cavalier parfait
Et rien ne dément en effet

Le rang & les biens qu'il fe donne
Chez lui brille un air de grandeur,
Et je ne vis jamais perfonne

Qui prévint mieux en fa faveur.

DORANT E.

Oui, mais le plus souvent c'est un masque trompeur,
Qui n'eft fait que pour nous furprendre,

Qui s'en tient à l'extérieur,

Eft très-fujet à s'y méprendre.

MADAME ARGANTE.

Ho, c'est un point qui n'eft pas contesté,
De ce que vous venez de dire

Je comprens la folidité,

Et pour cela je veux me faire inftruire,

Et des biens de Damis & de fa probité.

DORANTE

Il faut s'en informer avec un foin extrême,

Si vous voulez je m'en charge moi-même.

MADAME ARGANTE.

Oui, c'est auffi fur vous que j'ai jetté les yeux;
Perfonne de ce foin ne peut s'acquitter mieux;
Que votre amitié me seconde :

Dès votre enfance élevé dans Paris,
Et répandu dans le grand monde,
Bien-tôt vous aurez tout appris ;
Je dois recevoir fa visite,

Il ne peut tarder à venir;

Il faut qu'auparavant ma fille en foit inftruite :
La voici justement..... Je vais la prévenir.

DORANTE.

Adieu, Madame, je vous quitte,

Et vous faurez bien-tôt à quoi vous en tenir.

Vous me jettez dans l'embarras,
t-ce une bonne ou mauvaise nouvelle ?

Eft-ce

MADAME ARGANTE.
C'est suivant votre fentiment,

Bonne, fi vous la trouvez telle:

Je veux m'en rapporter à votre jugement.

Voyez ce que le fort aujourd'hui vous prépare ;

Qui marque autant d'amour qu'il eft respectueux
Et fait de vous aimer le but de tous ses vœux.

JULIE.

Je ne vous comprens pas, ma mere.
MADAME ARGANTE.

Vous développerez aisément le myftere,

Si vous voulez vous souvenir
Du jour qu'un hazard favorable,
A notre fecours fit venir

Um