MADAME ARGANTE, mere de Julie, ULIE, fa fille, Mademoiselle Lamothe Mademoiselle Connel. LEANDRE, fous le nom de Damis, amant de Julie M. de Mommeny. L'ACCOMODEMENT IMPRÉVU. COMEDIE. SCENE PREMIERE. JULIE, LISETTE. LISETT E. Ui, vous pouvez m'ouvrir jufqu'au fond de votre ame, Et me parler en toute sûreté ; Allons, foulagez-vous, Madame, Donnez à votre cœur un peu de liberté ; Madame votre mere à préfent empreffée Pour lequel vous craignez un malheureux fuccès, Il faut mettre à profit ce moment précieux ; Vous ne fauriez l'employer mieux JULIE. Lifette, que veux-tu que je te dife? Hélas! LISETTE. Hé mais, ce que je ne fais pas, Et dont je fuis très-curieufe: Premiérement, je voudrois bien favoir Pourquoi depuis huit jours l'on vous voit fi rêveufe D'où vous vient cet air fombre & noir; Faites-moi votre confidence, Je vous promets, foi de fille d'honneur, Et ce n'eft qu'en votre faveur Que je puis me réfoudre à cette violence. JULIE. Apprens donc le fujet qui cause ma langueur. Tu fais que l'autre jour revenant de Vincennes Dans un pas dangereux le carroffe arrêté, Oui, Madame, je fais qu'en cette extrêmité, Si vous n'euffiez trouvé, par avanture > Un Cavalier des plus polis, Qui vous prenant dans fa voiture, ous ramena toutes deux à Paris, Après...... JULIE. Depuis ce jour, Lifette, Je ne fais quoi m'agite, m'inquiéte, Cet inconnu, je crois, s'est rendu mon vainqueur Pour éloigner de moi ce qu'elle a de flatteur, LISETTE. De-là naît l'ennui qui vous presse, Et ce qui rend vos efprits agités, C'eft qu'à préfent vous reffentez Bien des mouvemens de tendresse? Je ne faurois les définir, Mais j'y trouve, Lifette, il faut en convenir, Et lorfque de mon cœur je cherche à les bannir Moins de force que de foibleffe, LISETTE Heureufe difpofition Pour faire des progrès dans l'amoureux empire! Qui d'un plaifir ne fait pas un martyre!: Avantageuse impression Qu'un amant empreffé desire Ce Cavalier à şû vous plaire, N'est-ce pas ? JULIE. Hé, comment ne me plairoit-il pas ? Quand pour y réüssir il met tout en usage? Je vois qu'il fuit par-tout mes pas, Quelque part que je fois il s'offre à mon passage, Aux Spectacles, je l'aperçois, Aux promenades, je le vois Auffi-tôt que j'y fuis, empreffé de s'y rendre : Que je remarque alors de trouble dans les yeux! Que leur langage eft expreffif & tendre ! Et qu'ils femblent vouloir m'apprendre, Que fon cœur en fecret brûle de mille feux ! Je cherche à déguifer le doux contentement, Qui dans mon cœur vient fe répandre, Mais malgré ce déguisement, Qu'il eft aifé de le comprendre! Mais, de ces affiduités, Que penfera Madame votre mere ? |