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Habits qui méritiez fi peu de me couvrir,
Comment jufqu'à préfent ai-je pu vous fouffrir?
Venez, & qu'à vos yeux revétu de ces armes,
Du fort qui m'aveugloit je chaffe tous les charmes..
ULYSS E.

Allons, fuivez-moi, Prince. (A part.) O fuccès glorieux !

SCENE VIII.

ACHILLE, ULYSSE, NÉARQUE,

EUCHARIS,

ARCADE.

NEAR QUE.

UCHARIS, quel eft donc ce transport furieux ?
A CHILL E.

Malheureux! que jamais, fi mon honneur te touche,
Ce nom injurieux ne forte de ta bouche.
Prends garde que jamais de ma fatale erreur
Ta voix à mon efprit ne rappelle l'horreur.
La fuite d'Ulyffe remporte la table.
NEARQUE.

Jufte ciel! vous partez, Seigneur, & la Princeffe....

Va, dis-lui...

A CHILL E.

NEARQUE.

Quoi, Seigneur ?

ACHILLE.

Pour calmer fa trifteffe,
Ds

Dis-lui que je la plains autant & plus que moi;
Dis-lui qu'elle me garde & fon cœur & fa foi ;
Dis-lui que je voudrois vivre & mourir pour elle;
Que je pars amoureux, & reviendrai fidele.

SCENE I X.

NÉ ARQUE.
IL me quitte! Quel coup! Dans quel abyme affreux

Me plonge en un moment le Deftin rigoureux !
S'il part, qu'oppoferai-je aux fureurs de fa mere?
Qui me garantira des traits de fa colere?

Dieux! faut-il que mes foins, mon zele & votre appui,
Ne fervent en ce jour qu'à me perdre avec lui?
Mais que vois-je ?

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C'en eft fait. Le ciel eft contre nous. Il n'eft plus de bonheur, ni d'Achille pour vous.

Il part.

DEIDAMIE.

Achille part! Dieux! Achille, qui m'aime Pourroit.... Vous me trompez; vous vous trompez vous-même.

NEARQUE.

Plût au ciel qu'il fût vrai ! Mais j'en fuis trop inftrait. Achille eft découvert. Ulyffe l'a féduit.

Il vous l'enleve.

DEIDAMIE.

Ulyffe, impitoyable Ulyffe! Quelle aveugle fureur t'arme pour mon fupplice? Quel génie infernal t'a conduit fur ce bord, Your troubler mon repos, & me donner la mort ?

Malheureufe! je fens que tout mon corps friffonne.
Achille me trahit! Achille m'abandonne!....
Mais tandis que, livrée à mes premiers tourmens,
Mon défefpoir s'exhale en vains gémiflemens,
Peut-être en ce moment le perfide s'embarque.
Il faut le retenir. Allons, courons, Néarque.
Contre cet infidele uniffons nos efforts.
Favorifez mes vœux, fecondez mes tranfports.
S'il part, fi je ne puis l'arrêter davantage,
Du moins, il me verra mourir fur le rivage.

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ACTE V.

SCENE PREMIERE.

ACHILLE, en habit de Guerrier, ULYSSE.

ULYSSE.

OUI, Prince, enfin mes yeux, trop long-tems dé

mentis,

Reconnoiffent Achille & le fils de Thétis.

Vous dégradiez en vous, par une erreur extrême, Le Héros, le Guerrier, le Prince, l'Homme même : Mais dans l'heureux vainqueur des charmes de Scy

ros,

Je vois un Homme, un Prince,un Guerrier, un Héros. A CHILLE.

Unfigrand changement, Seigneur,eft votre ouvrage.
Vous avez garanti ma vertu du naufrage.

Mes yeux étoient fermés. C'eft par vous que je voi.
Vous me rendez au jour, à mon honneur, à moi.
Mais ainfi qu'un captif, dont une loi foudaine
Vient d'ouvrir la prifon & de brifer la chaîne,
Je doute encore, au point où je fuis transporté,
Et de ma délivrance, & de ma liberté.
Les traits de la lumiere éblouiffent ma vûe;
J'entends encor le bruit de ma chaîne rompue;
Et de mes longs tourmens mon efprit occupé,
Gémit encor des maux dont je fuis échappé

ULYSS E.

Arcade ne vient point. Quel obftacle l'arrête ?

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