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AN. $96.
XLVI.

Miffion de

en Anglescrre.

Saint Gregoire leur recomanda le même prétre Candide, & les miffionaires qu'il envoya en Angleterre, au mois de Juillet de l'an 596. inS. Auguftin diction quatorziéme. C'étoit Auguftin, prevôt de fon monaftére de S. André de Rome, avec quelques autres moines. Il les recomanda aussi à plufieurs évêques de Gaule, qu'ils devoient trouver fur leur route: Serenus de Marfeille, Virgile d'Arles, Didier de Vienne, Syagrius d'Autun ; & d'un autre côté Pallade de Saintes, v.epift. 30. & Pelage de Tours, fucceffeur de Gregoire. Le pape S. Gregoire envoya vers le même temps à Pallade de Saintes, des reliques pour dédier quatre autels, d'une églife qu'il avoit fait bâtir & où il y en avoit treize. Ce nombre d'autels dans une feule églife, eft remarquable, mais il n'en faut pas conclure, que l'on s'en fervit en même-temps.

Beda 1. hift. 1.23. V. Coint.

an. 496. n. 12.

Auguftin & fes compagnons ayant fait quelques journées de chemin, aparemment jufques à Aix, réfolurent de ne pas paffer plus avant découragés par ce qu'ils avoient ouï dire, de la difficulté du voyage, & de l'état de la nation des Anglois, incrédule & barbare, dont ils n'entendoient pas même la langue. Ils réfolurent donc d'un comun accord, de retourner à Rome > & y renvoyerent Auguftin, pour prier faint Gregoire de ne les pas expofer à un voyage fi dangereux, fi pénible, & d'un fuccés fi incertain. Mais S. Gregoire le renvoya chargé d'une lettre, où il leur ordone d'exécuter avec zéle leur entreprise, fans s'arrêter aux difcours des gens mal-intentionés; affurant qu'il voudroit pouvoir lui-même travailler avec eux à cette bone œuvre. La lettre eft du dixième des calendes d'Août, indiction quatorziéme ; c'estv. epift. 52. à-dire, du vingt-troifiéme de Juillet 596. Il écrivit en même-temps aux évêques que j'ai

53.54.

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no

56.

només, pour leur recomander Auguftin & fes AN. sy6. v. epift.55. compagnons. Il écrivit auffi à Protais évêque d'Aix, & à Etienne abbé de Lerins, marquant qu'Auguftin lui avoit aporté de leurs nouvelles mais il ne le leur recomande point. Ce qui fait juger qu'ils n'étoient pas favorables à ce voyage d'Angleterre. Dans les lettres aux Epift.58.59. rois & à la reine leur ayeule, faint Gregoire dit qu'il a ordoné à fes miffionaires, de mener avec eux des prêtres du pays le plus proche, par lefquels ils puiffent conoître le génie de la

nation.

XLVII

Mort de

Jean le

Menol. 2.

6.

Cependant Jean patriarche de C P. mourut en réputation de fainteté ; & l'église gréque honore encore sa mémoire le fecond jour de Septembre. Jeûneur. L'austérité de fa vie lui fit doner le furnom de Jeûneur; & on raporte cette preuve de fa pau- Septemb. vreté. L'empereur Maurice lui avoit prété plu- Theophil. VII. hift.c. fieurs talens, dont Jean lui avoit fait une obligation, portant hypotéque fur tout fon bien. Aprés fa mort, l'empereur ne trouva chés lui autre chofe, qu'une couchette de bois, une méchante couverture de laine, & un méchant man-teau. L'empereur ravi de la vertu du patriarche, déchira l'obligation, & fit porter au palais ces pauvres meubles, qu'il eftimoit plus que des tréfors ; & couchoit fur ce petit lit pendant le carême. Toutefois l'attachement du patriarche Jean à conferver le titre d'évêque univerfel, l'a fait accufer d'hypocrifie : & fon zéle semble avoir été trop amer. Car l'empereur Maurice voulant Theophil.1. pardoner à des magiciens facriléges, pour leur hift. 11, faire faire pénitence, il foutint qu'ils étoient incorrigibles, & preffa tant l'empereur, qu'ils furent jugés & exécutés à mort. Jean avoit tenu Sup.xxxIV. le fiége de C P. pendant treize ans & cinq mois: n. 47. depuis le mois d'Avril 582. jufques au mois de

Septembre $95.

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AN. 596.
XLVIII.
Cyriaqne

de C P.

Greg. VI. pif.6.7.

1.epift.

14.30. 31.

L'empereur Maurice ayant délibéré long-temps fur le choix d'un patriarche de C P. il fit orPatriarche doner enfin Cyriaque, qui étant depuis longtemps œconome de cette églife, avoit toûjours confervé une grande tranquillité de cœur au milien de tant d'affaires. Il envoya au pape, fuivant la coûtume, fa lettre fynodale, contenant fa profeffion de foi; & elle fut accompagnée d'une lettre de l'empereur, & d'une des évêques qui avoient ordoné Cyriaque. George Prêtre, & Theodore diacre, furent chargés de ces lettres. S. Gregoire les reçut tres-bien, & mieux que l'on avoit accoûtumé en pareille occafion. Car encore que Cyriaque prît déja le titre d'évêque univerfel, S. Gregoire ne voulut pas pour ce fujet rompre l'unité de l'églife, en rejettant fa lettre & fes norces. Il les eût même retenus plus long-temps, s'ils n'euffent preffe leur retour, à caufe de l'hiver qui aprochoit. Car c'étoit au comencement de l'indiction quinziéme ; c'est-àdire, au mois de Septembre 596. S. Gregoire v1.epif. 4. écrivit deux lettres & Cyriaque : une publique pour répondre à la lettre fynodale, où il aprouve fa confeffion de foi: mais il dit que pour conferver la paix, Cyriaque doit renoncer au nom profane & fuperbe ; c'eft-à-dire, au titre d'évêVI. epift.5. que univerfel. L'autre eft une lettre familiére, remplie de témoignages d'amitié. Car étant à C P. il avoit connu particuliérement le mérite de Cyriaque. S. Gregoire écrivit auffi à l'empe.vi. epift. 7. reur & aux évêques ; & dans cette derniére lettre, il fe plaint de ce qu'à l'ordination de Cyriaque, on avoit crié ces paroles du pfeaume: Pf.cxvII. Réjouiffons-nous en ce jour, qu'a fait le Seigneur. Il reprend cette aplication de l'écriture à la louange d'un homine encore vivant fur la terre: mais il l'excufe, par le tranfport de joie qui l'avoit produite,

Quel

Quelque temps aprés que les nonces de C P. AN. 597. furent partis, S. Gregoire aprit qu'ils avoient dit: Que JESUS-CHRIST defcendant aux enfers, avoit délivré des peines tous ceux qui l'avoient reconu pour Dieu. Il crut les devoir vi.epift. 15. tirer de cette erreur, & leur en écrivit au mois de Mai de la même indiction quinzième, l'an 597. Nôtre Seigneur, dit-il, defcendant aux enfers, n'a délivré par fa grace, que ceux qui avoient cru qu'il devoit venir, & avoient vecu felon fes comandemens. Il les renvoye à Philaftre & à S. Auguftin, qui ont mis cette opi- Sup. n. 16. nion au rang des héréfies.

Vers le même temps, S. Gregoire rapella VI. pift. de C P. le diacre Sabinien, fon nonce, qui y 24.28 étoit depuis quatre ans ; & envoya à la place Anatolius auffi diacre de l'églife Romaine: mais il lui défendit de célébrer la meffe avec Cyriaque, jufques à ce qu'il eût renoncé au ti

,

tre d'évêque univerfel. Il rendit raifon de fa vi.epift. conduite à Cyriaque, à l'empereur, & aux pa- 24. triarches d'Alexandrie & d'Antioche. Il en écrivit premiérement en particulier, à Anaftafe d'Antioche, qui l'exhortoit, comme l'empereur, à ne pas faire de scandale, pour une caufe de néant. Mais S. Gregoire lui répond: qu'il ne faut pas traiter ainfi une affaire, qui tend à corrompre la foi de l'églife univerfeile: puifqu'il étoit forti plufieurs héréfiarques de l'églife de C P. II dit à l'empereur : J'aurois été bien vi.epift.30. indiscret, fi je n'avois pas fçu diftinguer ce qui étoit néceffaire › pour conferver l'unité de la foi, & la concorde eccléfiaftique, d'avec ce que je devois faire, pour réprimer la hauteur. Ainfi j'ai reçu les députés de mon confrere avec une grande affection, & leur ai fait célébrer la mefle avec moi. Mon diacre à C P. ne doit -point fervir dans les faints myftéres, celui qui s'éleve

E v

AN. 597

XLIX.

Connu à S.

VI.

s'élevé, ou ne corrige pas la hauteur de fes prédéceffeurs : mais fes diacres ont dû assister à la meffe avec moi, qui par la grace de Dieu ne fuis point tombé dans une faute pareille. Il y a des titres frivoles, qui ne laiffent pas d'être pernicieux, comme quand l'antechrift fe dira Dieu. Or je dis hardiment, que quiconque fe dit évêque univerfel, eft un précurfeur de l'antechrift; en se mettant au-deffus de tous les autres.

La lettre comune à Euloge d'Alexandrie, & Eudoxe in- à Anastase d'Antioche, contient la même distinction entre fes légats & ceux de Cyriaque. Mais il Gregoire. VI.epift.31. ajoûte, ce qu'il lui avoit déja écrit à lui-même : .epift. 4. il a condamné dans fa lettre fynodale un certain Eudoxe, que je ne trouve condamné, ni dans les conciles, ni dans les lettres fynodales de fes prédéceffeurs. Il eft vrai, que les canons du concile de C P. condamnent les Eudociens; mais ils ne difent point, qui étoit leur auteur. Or l'églife Romaine n'a point reçu jufques à préfent, les canons ou les actes de ce concile: mais feulement fa définition de foi contre Macedonius. Elle condamne les autres héréfies, qui y font mentionées mais elle ne conoît point, jusques à préfent, les Eudoxiens. Il eft vrai encore, que dans l'hiftoire de Sozomene, il eft parlé d'un Eudoxe, qui ufurpa le fiége de CP. mais le S. fiége ne reçoit point cette hiftoire, parce qu'elle contient plufieurs fauffetés, & louë beauCoup Theodore de Mopfuefte, témoignant, que jufques à fa mort, il a été un grand docteur dans T'églife. Ainfi cette hiftoire ne peut s'accorder avec le concile, tenu fous Juftinien, au sujet des trois chapitres. Chés les Latins, nous n'avons jufqu'ici rien trouvé de cet Eudoxe, ni dans Philaftre, ni dans S. Augustin, ni dans les autres

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Peres.

Euloge d'Alexandrie fatisfit depuis S. Gre

goire

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