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XIV. n. 49

Ibid. n. 13.

goire, touchant Eudoxe, lui envoyant des paf- AN. 197. fages de S. Bafile, de S. Gregoire de Nazianze, & de S. Epiphane, qui le faifoient conoître. En effet, c'étoit ce même Eudoxe, qui fut le chef Sup. liv. des purs Ariens, fous l'empereur Conftantius; & qui ayant été d'abord évêque de Germanicie, puis d'Antioche, fe fit enfin transférer à C P. en 3 60. Il femble donc que S. Gregoire ne fût pas fort verfe dans l'hiftoire eccléfiaftique: d'autant plus, que l'éloge de Theodore de Mopfuefte, qu'il attribue à Sozomene, ne fe trouve que dans Theodoret ; & l'hiftoire Tripartite ne laiffe pas lieu de croire, que l'hiftoire de Sozo- Valef. not, mene fût alors plus entiere, qu'aujourd'hui. Mais in c. ult. Theodor, il y a aparence que S. Gregoire n'avoit vû cet éloge, que dans l'hiftoire Tripartite.

P.not. Ba

ron.in Mar tyr. R. 23.

Dec.

Quelque temps aprés, S. Gregoire répondant à une lettre de S. Euloge d'Alexandrie, lui écri- vi.epift.37; vit ces paroles remarquables: Quoiqu'il y ait plufieurs apôtres, le fiége du prince des apôtres a prévalu feul pour l'autorité, à caufe de fa primauté; & c'eft le fiége du même apôtre en trois lieux. Car il a élevé le fiége où il repofe, & où il a fini la vie préfente: c'eft Rome. Il a orné le fiége, où il a envoyé l'évangelifte fon difciple: c'eft Alexandrie. Il a affermi le fiége, qu'il a occupé fept ans, quoique pour en fortir: c'eft Antioche. Ainfi ce n'eft qu'un fiége du même apôtre, dans lequel trois évêques préfident maintenant par l'autorité divine. S. Gregoire vouloit fans doute, par ces paroles, montrer l'avantage de ces trois grands fiéges, au-deffus de celui de C P.

L.

Au mois de Decembre de la même année 597. Loi touindiction premiere, il écrivit à dix métropolitains, & à tous les évêques de Sicile, pour leur envoyer la loi de l'empereur : portant défenfe à seux qui étoient engagés dans la milice, ou fuE vj

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chant les foldats moines. Vind. 1. epift. 11. Sup. n. 31.

:

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AN. 597. jets à rendre des comptes, d'embraffer la vie cléricale, ou monaftique. Le pape les exhorte à ne pas recevoir prématurément dans le clergé ceux qui font engagés dans des affaires temporelles de peur qu'ils ne vivent encore en féculiers, fous l'habit eccléfiaftique. Que s'ils vont dans les monaftéres, il ne les y faut recevoir qu'aprés qu'ils auront rendu leurs comptes. Et fi des gens de guerre veulent embraffer l'état monaftique, il faut bien examiner leur vie, avant que de les recevoir; & les éprouver, fuivant la régle, pendant trois ans dans leur habit feculier. L'empereur eft content, qu'ils foient reçus à ces conditions. S. Gregoire avoit déja envoyé cette loi, quatre ans auparavant, comme il témoigne lui-même : mais ayant obtenu depuis cette modération, il crut devoir l'envoyer de nouveau aux évêques qui dépendoient de l'empereur en Occident : c'est-à-dire, en Italie, en Illyrie & en Sicile. Les dix métropolitains, ausquels il l'adreffa, font Eufebe de Theffalonique, Urbicus de Dytrachium, Conftantius de Milan, André de Nicopolis, Jean de Corinthe, Jean de Juftiniene, Jean de Crete, Jean de Lariffe, Marinien de Ravenne, Janvier de Caillari en Sardaigne.

Sup. n. 30. 11 ind. 1. ep. 62.

Νους. Ε.Σ.
Nov. 123.

6.35.

:

Les trois ans de probation, que S. Gregoire demande en cette lettre, étoient portés par les novelles de Juftinien: mais S. Gregoire y obligeoit feulement les gens de guerre pour les autres, il fe contentoit de deux ans. C'eft ainfi VI.epift 23. qu'il en écrit à Fortunat évêque de Naples: Défendés étroitement à tous les fupérieurs de monaftéres, de tonfurer ceux qu'ils recevront avant qu'ils ayent paffé deux ans dans l'état monaftique. Que pendant ce temps on éprouve soigneufement leur vie & leurs mœurs, de peur que quelqu'un d'eux ne fe repente de fon choix

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Car

Car fi les hommes n'engagent perfone à leur AN. 197. fervice, fans l'éprouver; combien doit-on s'en affurer davantage, pour le fervice de Dieu ? Que fi un foldat veut fe convertir, il ne faut point le recevoir fans nous en doner avis. Ce qu'il ajoûte, v. epift. 49. fans doute, à caufe de la loi de l'empereur. Au refte, il vouloit que l'on reçût avec beaucoup de charité & de douceur, ceux qui fe présentoient pour entrer dans les monaftéres.

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Auguftin

en Angle

terre.

Beda hift.

UGUSTIN ayant traversé toute la I.. Gaule, arriva dans la grande Bretagne, aux côtes de la province de Cant ; & prit terre en l'île de Tanet, avec fes compagnons au nombre d'environ quarante. lib. 1. c. 25. Les Anglois & les Saxons, peuples de Germanie, étoient venus en Bretagne, environ cent cin- Ibid. c.25. quante ans auparavant ; apellés par les Bretons, pour les défendre des Ecoffois & des Pictes. S'étant rendus maîtres de la plus grande partie de l'île, ils y établirent plufieurs royaumes, dont le plus puiffant étoit alors celui de Cant. Il y avoit eu quatre rois ; Ethelbert étoit le cinquiéme, qui regnoit depuis trente-fix ans ; & avoit étendu fa domination jufques à la riviere d'Humbre. La reine fon épouse étoit Françoise, nomée Berthe, & fille du roi Cherebert. Comme . 26. elle étoit chrétiene, & le roi Ethelbert payen, elle ne l'avoit époulé, qu'à condition de conterver le libre exercice de la religion; & pour cet effet, elle avoit amené avec elle un évéque nomé Luidard.

Auguftin étant donc arrivé en l'île de Tanet envoya au roi de Cant des interprétes François,

Greg. Tur. hift. c.

26. IX.

י

AN. 197. qu'il avoit pris fuivant l'ordre de S. Gregoire. Ĉar les Francs & les Anglois étans tous Germains, parloient à peu-prés la même langue ; & Auguftin ne parloit que le latin. Il manda au roi qu'il étoit venu de Rome, pour lui aporter une bone nouvelle : favoir la promeffe certaine d'une joye éternelle, & d'un regne fans fin, avec le Dieu vivant & véritable. Le roi ordona, que les Romains demeuraffent dans l'île où ils étoient, jufques à ce qu'il vît ce qu'il devoit faire pour eux; & qu'on leur donât ce qui leur étoit néceffaire. Car il avoit déja oui parler de la religion Chrétiene à la reine fon épouse. Quelque temps aprés il vint à l'île de Tanet, & manda Auguftin avec fes compagnons: mais il voulut les recevoir au grand air. Car une anciéne prédiction lui faifoit craindre, que s'il les écou toit dans une maifon, ils ne le furpriffent par quelque opération magique. Ils arriverent en proceffion , portant une croix d'argent & l'image du Sauveur en un tableau ; & chantant des litanies, pour demander à Dieu leur falut & celui du peuple, pour lequel ils étoient venus.

Le roi les fit affeoir, & ils comencerent à lui anoncer l'évangile, & à tous les affiftans. Il répondit: Voilà de beaux difcours & de belles promeffes mais comme elles font nouvelles & incertaines, je ne puis y confentir, & laiffer ce que j'ai obfervé depuis fi long-temps, avec toute la nation des Anglois. Toutefois parce que vous êtes venus de loin, & qu'il me femble avoir reconnu, que vous défirés nous faire part de ce que vous croyés le plus vrai & le meilleur : loin de vous maltraiter, je veux vous bien recevoir & vous faire doner ce qui fera néceffaire, pour vôtre fubfiftance: & je ne vous empêche pas d'attirer à vôtre religion, tous ceux que vous pourrés perfuader. Il leur dona donc un logement

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dans

dans la ville de Doroverne, qui étoit fa capita- AN. 197◄ le: depuis nomée par cette raison, Cantorberi. Ils y entrerent en proceffion, fuivant leur coûtume, & chantoient: Nous vous prions, Seigneur, par vôtre miféricorde, de délivrer cette ville & cette maifon de vôtre colere. Car nous avons péché, Alleluia.

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Etant établis en leur nouvelle demeure, ils cap. 26. comencerent à imiter la vie des apôtres & de la primitive églife: s'apliquant continuellement à la priere, aux veilles & aux jeûnes, & méprifant tous les biens de ce monde. Ils pratiquoient tous ce qu'ils enfeignoient : ne prenant de ceux qu'ils inftruifoient que les chofes néceffaires à la vie ; & difpofés à tout fouffrir, même la mort, pour la vérité qu'ils anonçoient. Prés de la ville, à l'orient, étoit une églife bâtie à l'honeur de S. Martin, du temps que les Romains habitoient la grande Bretagne. La reine y faifoit fes prieres; & les miffionaires s'y affembloient auffi dans ces comencemens, pour chanter les pleaumes, prier, célébrer la meffe, prêcher & baptifer. Car plufieurs Anglois embrafferent la foi: touchés de la vie fimple & innocente des miffionaires, & de la douceur de leur doctrine. Le roi lui-même ravi de la pureté de leur vie, & de la beauté de leurs promeffes, confirmées par plufieurs miracles crut & fut baptifě : aprés quoi le nombre de ceux qui venoient aux inftructions, s'accrut de jour en jour, & les converfions furent fréquentes. Le roi en avoit une grande joye mais il ne contraignoit perfone; il fe contentoit de témoigner plus d'amitié à ceux qui fe faifoient Chrétiens, comme affociés avec lui au royaume célefte. Car il avoit apris des miffionaires Romains, que le service de JESUS-CHRIST doit être volontaire. Alors il leur dona dans fa capitale, un lieu convena→

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