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AN. 597.

6.27.

ble, pour établir un fiége épifcopal, avec des biens fuffifans.

Cependant Auguftin paffa en France, & vint à Arles, où il fut ordoné évêque, pour la nation des Anglois, par l'archevêque Virgile; & Greg. VII, retourna auffi-tôt en Angleterre, où il baptifa ep.30. ind. plus de dix mille Anglois à la fête de noël de la même année 597. indiction premiere. Il envoya

1.

II. Léttre de

S.Gregoire à Brune. haut.

ep. s.

à Rome le prêtre Laurent, avec le moine Pierre, porter au pape S. Gregoire les heureuses nouvelles de tout ce qui s'étoit paffe, & en même temps plufieurs articles, fur lefquels il le confultoit.

Avant que S. Gregoire reçût ces nouvelles, il écrivit une grande lettre à la reine Brunehaut, où il la remercie de la charité qu'elle a exercée envers Auguftin, qu'il qualifie dés-lors VII. ind. 1. évêque ; & la lettre eft du mois d'Octobre, indiction premiere, la même année 597. La méme lettre contient quatre autres articles. Premierement, S. Gregoire déclare avoir agréable le défir de la reine, qui demandoit le pallium, pour Syagrius évêque d'Autun. L'empereur même, ajoûte-t-il, y confent, comme j'ai apris de mon diacre, qui étoit nonce auprés de lui. Mais il s'y eft trouvé plufieurs obftacles; celui qui étoit venu pour recevoir le pallium, eft envelopé dans l'erreur des fchifmatiques : vous n'avés pas voulu qu'il parût que nous l'euffions accordé à vôtre priere: enfin Syagrius ne l'avoit pas demandé, quoique ce foit l'anciéne coûtume, de n'accorder le pallium, qu'à celui qui le mérite, & qui le demande inftament. On voit ici les conditions requifes pour le pallium; la demande de l'impétrant, le confentement du roi, & même de l'empereur, pour un évêque qui n'étoit point fon fujer. S. Gregoire comit le prêtre Candide, recteur du patrimoi

ne de Gaule, pour achever les formalités né- AN. 598. ceffaires en cette affaire du pallium de Syagrius ; & elle ne fut confomée, que plus d'un v11.ind. 24 an aprés.

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ep. 113.

Le fecond article de la lettre de S. Gregoire à Brunehaut, eft pour réprimer les ordinations fimoniaques. Le troifiéme, eft touchant les fchifmatiques, qui fous prétexte de défendre le concile de Calcedoine, cherchoient à se fouftraire à la difcipline de l'églife Ils croyent plus à leur propre ignorance, dit S. Gregoire qu'à l'églife univerfelle, & aux quatre patriarches. Mais quand j'ai demandé à celui que vous m'avés envoyé, pourquoi il étoit féparé de l'églife, il a avoué qu'il l'ignoroit; & a paru n'entendre, ni ce qu'il foutenoit, ni ce qu'on lui difoit. Le quatriéme article, eft pour abolir les reftes de l'idolâtrie, qui fe trouvoient dans les états des jeunes rois : où grand nombre de Chrêtiens fréquentant les églifes, ne laiffoient pas de rendre un culte aux démons, immolant aux idoles, honorant des arbres, & facrifiant des têtes d'animaux. Ces idolâtres étoient aparemment en Germanie, plus qu'en Gaule: car le royaume de Theodebert s'étendoit bien avant au-delà du Rhin. Toutefois on trouvoit des reftes d'idolâtrie, même auprés de Rome comme il paroît par une lettre de S. Gregoire, à Agnel évêque VI. epift. de Terracine, donée fous la même indiction premiere, au mois d'Avril 598. Il l'exhorte à faire une recherche exacte, & une punition févére, de ceux qui adoroient des arbres, & comettoient d'autres fuperftitions; ajoûtant, qu'il a écrit au vicomte Maur, de l'apuyer en cette occafion. Peut-être ces idolâtres d'Italie étoientils Lombards.

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20.

III.

Saint Gregoire ayant reçu les nouvelles de la Lettre à converfion des Anglois, en fit part à S. Euloge, d'Alexan S. Euloge pa- drie,

11. epift.

30%

AN. 598. patriarche d'Alexandrie, qui lui écrivoit de temps en temps. La lettre eft écrite vers le mois de Juillet de la première indiction, l'an 598. & comence ainfi Le porteur, en me donant vos écrits, m'a trouvé malade, & m'a laiffé malade en partant. Mais ç'a été un grand adouciffement à mes douleurs, de recevoir des nouvelles de la converfion des hérétiques. Pour vous rendre la pareille, je vous dirai que la nation des Anglois étoit demeurée jufques à préfent dans l'infidélité, adorant du bois & des pierres. J'y ai envoyé un moine de mon monaftére, que les évêques de Germanie ayant ordoné évéque par ma permiffion, ils l'ont fait conduire chés cette nation, à l'extrémité du monde ; & nous venons de recevoir des nouvelles de l'heureux fuccés de fes travaux. Car il fait tant de miracles, lui & ceux qui l'ont accompagné, qu'ils femblent aprocher de ceux des apôtres. Et nous avons apris qu'à la fête de Noël derniére, ce nouvel évêque a baptifé plus de dix mille Anglois. Ce que je vous écris, afin que vous voïés les effets de vos priéres. Saint Gregoire apelle ici Germanie, le royaume de France: foit parce qu'il comprenoit en effet une partie de la Germanie; foit parce que la nation des Francs étoit Germanique..

Enfuice parlant du titre d'évêque univerfel, qu'Euloge ne donoit plus à l'évêque de C P. il fe plaint de ce qu'il difoit : Comme vous me l'avés ordoné. Je vous prie, dit S. Gregoire, ôtés ce terme d'ordoner. Je fçai qui je fuis, & qui vous êtes: vous êtes mon frere par vôtre place, & mon pere par vôtre vertu. Je ne vous ai rien ordoné; je vous ai feulement représenté ce qui m'a femblé utile: encore ne l'avés-vous pas observé exactement. Car j'avois dit que vous ne devies doner ce titre, ní à moi, ni à aucun autre ; & cependant au comencement de vôtre lettre, vous

me

me le donés à moi-même. Je voudrois me diftin- AN. 598. guer par la vertu, non par des paroles ; & je ne tiens point à honeur ce qui déshonore mes freres. Otons les mots qui enflent la vanité, & blelfent la charité.

faint VII.

・epift

Dans une autre lettre du même temps, Gregoire dit à S. Euloge: Vous m'avès mandé 19. de vous envoyer les actes de tous les martyrs, recueillis par Eufebe de Cefarée : mais avant vôtre lettre, je ne fçavois pas s'ils avoient été recueillis ; & je vous rends graces de m'avoir inftruit. Car excepté les actes des martyrs, contenus dans les livres du même Eufebe, je ne fçache point qu'il y en ait, ni dans les archives de nôtre eglife, ni dans les bibliothéques de Rome : finon quelque peu recueillis en un volume. Nous avons les noms prefque de tous les martyrs, diftribués par chaque jour, & raffemblés en un livre ; & nous célébrons tous les jours des meffes en leur honeur. Mais ce volume ne nous aprend pas le détail de leurs fouffrances. On y voit feulement v. Valef leur nom, le lieu & le jour de leur martyre. differt. in C'est-à-dire que ce n'étoit qu'un calendrier ou fine Eufeb. martyrologe: & ce témoignage de S. Gregoire montre quelle foi on doit ajoûter aux actes que nous avons aujourd'hui, fous le nom des martyrs de l'églife Romaine : comme de S. Clement de S. Laurent, de S. Sebaftien.

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IV.

1. ind. 1.

Saint Gregoire travailloit depuis long-temps å procurer la paix avec les Lombards. Car il ne paix avec vouloit les affoiblir par aucune violence; & il dit les Lom dans une de fes lettres : Si j'avois voulu me mê- bards. ler de la mort des Lombards, cette nation n'au- vi. epift. roit aujourd'hui ni roi, ni ducs, ni comtes, feroit dans une extrême divifion. Mais parce que je crains Dieu, je ne veux prendre part à la mort de quelque homme que ce foit. Tant que l'exarque Romain vêcut, la paix ne put être concluè

&

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parce

AN. 598.

Fon

parce qu'il y étoit opofé, & traversoit les négociations de S. Gregoire : jufques-là, que afficha de nuit dans Rome, une proteftation, epift. 19. l'on accufoit le notaire Caftorius nonce du pape, qu'il avoit employé à cette négociation ; & l'on s'opofoit avec artifice aux deffeins du pape pour v.epift. 30. la paix. S. Gregoire envoya à Ravenne une lettre, adreffée à l'évêque, au clergé & au peuple, par laquelle il fomme l'auteur, ou le complice de la proteftation, de fe déclarer, & d'aprouver ce qu'il avance: finon il le déclare privé de la comunion du corps & du fang de JESUSCHRIST ; & s'il eft affés hardi pour comunier, il l'anathématife, & le retranche du corps de l'églife. La lettre eft du mois d'Avril, indiction quatorziéme, l'an $96. & cette excomunication d'une perfone inconue, est remarquable.

Paul. diac.

lib. iv. hift.

c. 13.

Romain étant mort, Callinique lui fuccéda en la charge d'exarque, & conclut avec le roi Agilulfe une paix pour quelque temps ; c'est-àdire, une tréve. C'étoit en 598. & l'abbé Probus, que le pape avoit envoyé depuis long-temps Greg. VII. à Agilulfe, fit avec lui le traité. S. Gregoire en écrivit des lettres de remerciment à ce roi, & à ep.2.ind.2. VII. ep. 41. la reine Theodelinde fon époufe, qui y avoit 42. ind. 2. beaucoup contribué par fes foins. Le roi faifoit preffer le pape de foufcrire le traité : mais le pape, pour n'être pas refponfable des infractions qu'il prévoyoit, & demeurer toûjours médiateur entre le roi & l'exarque, s'en cxcufa, & offrit feulement de faire foufcrire un évêque ou un archidiacre.

VI.ep. 2.

ind. 2.

Si-tôt que S. Gregoire eut avis de la conclufion de cette paix, il en fit part à Janvier évêque de Caillari, qui lui avoit écrit les défordres comis par les Lombards en Sardaigne, que S. Gregoire avoit bien prévûs. Scachés, lui dit-il,

que

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