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n'y a que le prêtre. En quoi donc avons-nous fuivi les coûtumes des Grecs? Nous n'avons fait que rétablir nos anciénes coûtumes, ou en introduire de nouvelles, que nous croyons utiles. Et enfuite: Quant à ce qu'ils difent de l'églife de CP. perfone ne doute, qu'elle ne foit foumise au S. fiége, comme l'empereur & l'évêque de la même ville le déclarent continuellement. Toutefois fi cette églife, ou quelque autre a quelquechofe de bon, je fuis prêt à imiter, dans le bien, mes inférieurs mêmes: car ce feroit une fotife de mettre la primauté, dans le mépris d'aprendre ce qui eft meilleur.

XV.

Réforma.

tion de

vit. c. 17.

On voit par cette lettre que S. Gregoire avoit déja réformé l'office de l'églife Romaine en 599. & comme c'eft une des plus célébres l'office. actions de fon pontificat, elle mérite d'être raportée plus au long. Le pape Gelafe avoit fait Jo. diae.11 un recueil de l'office des meffes, dont S. Gregoire retrancha plufieurs chofes, en changea. 42. Sup. xxx. quelques-unes, & en ajoûta d'autres. Il recueillit le tout en un volume, qui eft fon facramentaire. Ainfi nomoit-on autrefois le livre, qui contenoit les prieres que le prêtre devoit dire en l'administration des facremens, & principalement en la célébration du faint facrifice; tout ce qui fe devoit chanter étoit marqué dans un autre volume nomé antiphonaire, parce que l'on chantoit alternativement; d'où vient le nom Sup. xvIII. d'antiphones ou antiernes, comme il a été ex- n. 46. pliqué. Les leçons étoient comprises dans un au

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tre volume nomé lectionaire les pleaumes étoient à part dans le pfeautier ; & pour montrer les régles, que l'on devoit obferver dans la pratique, & que nous nomerions rubriques, il y' avoit un autre volume nomé ordre. Les Grecs ont encore ainfi plufieurs livres féparés, pour les diférentes parties de l'office. Les Latins avoient

plu

fieurs ordres, pour les diférentes fonctions, comme l'ordre de la meffe pontificale, l'ordre du baptême, l'ordre de l'ordination. Les écrits que nous avons, fous le nom d'ordre Romain, font les plus anciens qui nous reftent en ce genre ; & on les croit au moins du temps de S. Gregoire. v. Mabill. On les nome ordres Romains, parce que les églifes de chaque païs avoient leurs ordres diférens pour la liturgie & les autres prieres de l'office. Non feulement la Grece & l'Orient, mais les églifes Latines: l'Afrique, l'Espagne, la Gaule & la partie d'Italie, qui dépendoit de Milan avoient leurs liturgies; comme il fera expliqué dans la fuite.

comm. in

ora. R. c.2.

XVI.

stations.

Ordo Rom. 1J & 3.

Pour entendre quelle étoit à Rome la messe Eglifes & pontificale, des jours folemnels, il faut premierement expliquer la diftribution des églifes & du clergé. Rome avoit été divifée par Augufte, en quatorze régions ou quartiers; mais Pufage eccléfiaftique les avoit réduites à fept, fuivant lefquelles étoient diftribuées toutes les églifes & tout le clergé de la ville; & ils fervoient tour à tour, á comencer par les clercs de la troifiéme région, pour le dimanche, puis ceux de la quatrième, pour le lundi, & ainfi des

Mabill.

autres.

D'ailleurs il y avoit à Rome quatre fortes comm.c.3. d'églifes, patriarcales, titulaires, diaconies, oratoires. Les églifes patriarcales, nomées particulierement bafiliques, apartenoient proprement au pape: comme S. Jean de Latran, faint Pierre du Vatican, fainte Marie majeure, faint Laurent hors de la ville, fainte Croix de Jerufalem. Elles avoient des manfionaires ou gardiens, chargés de les nettoyer ou les orner. Les titres étoient comme des paroiffes, chacune attribuée à un prêtre cardinal, avec un certain quartier qui en dépendoit; & des fonts pour adminiftrer

le

Jo. diat.

1. 11. 6. Sta Greg. IX. ep.24.

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epift.

le baptême, en cas de néceffité. Dés le temps du Sup. liv. pape Symmaque, l'an 499. on trouve foixante- xxx, n. 48. fix prêtres de trente titres : car ils étoient deux ou trois en la plupart, dont le principal étoit le prêtre cardinal. Les diaconies étoient des hôpitaux ou des bureaux, pour la diftribution des aumônes. Elles étoient gouvernées par les fept diacres regionaires, un pour chaque region, dont le chef étoit l'archidiacre. L'hôpital, joint à l'églife de la diaconie, avoit pour le temporel un adminiftrateur, nomé le pere de la diaconie, qui étoit tantôt clerc, tantôt laïque. S. Gregoire dona ainfi des adminiftrateurs à chaque diaconie ou hôpital; & il les difpenfoit de rendre compte, parce qu'il conoiffoit leur fidélité. Mais réguliérement les adminiftrateurs des hôpitaux rendoient compte à leur évêque; & S. Gregoire vouloit qu'ils fuffent clercs & exempts de la jurifdiction feculiere: afin que les magiftrats n'euffent aucun prétexte de piller le bien des pauvres. Outre les fept diacres regionaires', il y en avoit d'autres dans les titres, qui étoient foumis au prêtre titulaire. Les oratoires étoient fouvent dans les cimetieres, & n'avoient ni baptiftere, comme les titres, ni office public, ni prêtre cardinal: c'étoit comme des chapelles. L'évêque y Greg. II. envoyoit un prêtre, quand il jugeoit à propos ep. 9. ind. d'y faire célébrer la messe. Il Y avoit des ora- 10. toires même dans les maifons particulieres : & S. Gregoire reprend Jean évêque de Syracufe, d'avoir défendu de dire la meffe chés le patrice Venance, à caufe d'un différend qu'ils avoient enfemble. Enfin quelques oratoires avoient un prêtre cardinal, pour y célébrer la mefle, quand x. epift. 126) le fondateur le défiroit, ou quand le concours

24.

des fidéles le demandoit: c'étoit comme de moin- v. epift. 42. dres titres.

43.

Ce fut S. Gregoire qui régla les ftations à Joan, dias,
Rome: 11.6.18,

Rome: c'eft-à-dire, les églifes ou fe devoit faire l'office chaque jour de carême, des quatre temps, ou de fètes folemnelles. Car les fêtes des Saints fe célébroient aux églifes où étoient leurs reliques. Il marqua donc ces ftations dans fon facramentaire, comme elles font encore dans le miffel Romain, & les attacha principalement Ordo Rom. aux églifes patriarcales & aux titulaires : mais quoique les ftations fuffent fixées, l'archidiacre ne laiffoit pas, aprés que le pape avoit comunié, d'anoncer au peuple la station fuivante.

I.

XVII.

Maintenant, pour représenter la meffe pontiComence ficale, je prendrai l'exemple du jour de pâque, ment de la fuivant les plus anciens ordres Romains. Dés le Ordo R.1.3. & les défenfeurs de toutes les regions, matin tous les acolytes de la troifiéme region

mefle.

fe ren

doient au palais de Latran, qui étoit la demeure du pape. Les défenfeurs étoient des clercs deftinés à exécuter les ordres de l'évêque, pour l'u1x. epift.33. tilité des pauvres : & nous avons la formule de leur comiffion entre les lettres de S. Gregoire. Ordo 1.2.3. Tout le refte du clergé de Rome fe rendoit dés le grand matin à l'église de la ftation, comme le jour de pâque à fainte Marie majeure. Il s'y trouvoit auffi toûjours quelques évêques. Le pape & les principaux officiers marchoiert à cheval: ce que la grandeur de Rome rendoit néceffaire. Orde 3. Les acolytes & les défenfeurs l'accompagnoient à pied. En cette marche, on aportoit du palais de Latran, les livres & les vafes néceffaires pour le fervice; & un acolyte portoit à la main le faint chrême, en une fiole couverte d'une ferviette.

Ordo 1.2.3.

Quand le pape aprochoit, les acolytes & les défenfeurs de jour alloient au-devant avec le prêtre titulaire de la ftation: les diacres lui aidoient à defcendre de cheval, & il entroit d'abord dans la facriftie, à la porte de laquelle les

diacres

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diacres changeoient d'habit : & celui qui devoit
lire l'évangile, en ouvroit le fceau, & préparoit
l'endroit puis un acolyte le portoit dans le fanc-
tuaire, & un foudiacre le pofoit fur l'autel avec

:

refpect. Cependant le pape changeoit d'habits Ordo Rom,
par les mains des foudiacres. L'un lui donoit 5.
l'aube, qui fe mettoit fur la chemife, ou une
autre ceinture, l'amict, la dalmatique de toile,
la grande dalmatique ; & enfin la chafuble. Le
primicier & le fecondicier ajuftoient fur lui tous
ces vêtemens. Un diacre lui mettoit le pallium.
Puis un foudiacre regionaire lui préfentoit le ma-
nipule, en difant: Un tel lira l'épître, un tel
chantera; & fi-tôt que le pape lui avoit fait figne
pour comencer, il fortoit à la porte de la facrif-
tie, & difoit: Allumés.

Alors les chantres fe rangeoient dans le chœur,
& leur chef començoit l'antienne pour l'introïte,
qui étoit fuivie du pfeaume entier, dont on ne
dit plus qu'un verfet. Ces antiennes, avec le co-
mencement des pleaumes, font marquées dans
l'antiphonier de S. Gregoire, telles que nous les
difons encore: començant au premier dimanche
de l'Avent, & continuant toute l'année. On les
apelloit introites, parce qu'on les chantoir pen-
dant que l'on entroit dans l'églife, & que chacun
Y prenoit fa place. Si-tôt que l'on entendoit
chanter, le pape fortoit de la facriftie, s'apuyant
à droite fur l'archidiacre, & à gauche fur le
diacre fuivant, précédé de l'encens & de fept
chandeliers, portés par fept acolytes, Avant
qu'il fût à l'autel, les diacres, qui étoient déja
dans le fanctuaire, ôtoient leurs planettes ou
chafubles; car tous en portoient, jufqu'aux
acolytes,

En allant deux acolytes préfentoient au pape v. Mabil. une boete ouverte, avec le faint facrement. Le pape aprés l'avoir falué d'une inclination de tête,

regar

comm. c. 6.

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