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mulfe fils du duc Loup, fut ordoné évêque de AN. 190.. Reins. On trouva beaucoup d'or & d'argent dans le tréfor de l'évêque Gilles: on laiffa ce qui venoit des revenus de l'églife, & on mit au tréfor du Roi, ce qui venoit de fes crimes. L'abbé Epiphane fut auffi privé de fa charge.

En ce même concile de Mets, Bafine profternée devant les évêques demanda pardon, promettant de fe réconcilier avec fon abbeffe, & de rentrer dans le monaftére de fainte Croix de Poiriers, pour y vivre felon la régle. Mais Chrodielde protefta qu'elle n'y rentreroit jamais, tant que l'abbeffe Leuboüere y demeureroit. Le Roi Childebert pria qu'on leur pardonât: elles furent reçues à la comunion, & renvoyées à Poitiers à condition Bafine rentreroit dans le monaftére, & que Chrodielde demeureroit dans une terre que le Roi lui accorda. Ainfi fut enfin terminé ce grand fcandale.

que

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C'eft le temps auquel S. Colomban s'établit en Gaule ; & il Y fonda le fameux monaftére de Luxeu cette même année 590. Il étoit né en Irlande vers l'an 560. dans la province de Lagenie ou Leinster. Il aprit dés fa jeuneffe les arts li béraux, la grammaire, la rhétorique, la géométrie; mais comme il étoit fort bien fait, crai gnant de fuccomber aux attaques de la volupté, il quitta fon païs, malgré la résistance de fa mere; & paffant dans une autre province d'Irlande, il fe mit fous la conduite d'un perfonage vénérable nomé Silen, qui l'inftruifit fi bien dans les faintes lettres, qu'étant encore jeune il compofa un traité fur les pfeaumes, & quelques autres ouvrages. Enfuite il entra dans le monaftére de Bancor, le plus fameux d'Irlande, gouverné alors par l'abbé Commogel ou Congal ; & y vêcut plufieurs années, s'exerçant à la mortifi fation. Pour le détacher du inonde de plus en

plus a

IX.

Comence-
ment de S.
Colomban.

Vita to. z.
Act. Ben,

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AN. 590. plus, il fe propofa de paffer dans une terre étran gere, à l'exemple d'Abraham. Il comuniqua fon deffein à l'abbé, qui cut grande peine à fe priver d'un tel fecours: mais enfin croyant que' G'étoit la volonté de Dieu, il y confentit. Saint Colomban ayant reçu fa bénédiction, fortit de Bancor avec douze autres moines étant âgé de trente ans. Ils pafferent dans la grande Bretagne, & de là en Gaule. La foi y étoit entiere, mais la difcipline fort déchûë, foit par les incurfions des ennemis étrangers, foit par la négli gence des prélats. Il y avoit peu de lieux où on pratiquât la pénitence, & où l'on aimât la morfication.

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Colomban prêchoit par tout où il paffoit, & fes vertus donoient grand poids à fes inftructions. Il étoit fi humble qu'il difputoit toûjours du dernier rang avec fes compagnons : ils n'avoient qu'une volonté ; leur modeftie, leur fobrieté, leur douceur, leur patience, leur charité les faifoient admirer de tous. Si quelqu'un faifoit quelque faute, tous enfemble s'apliquoient à le corriger. Perfone n'avoit rien en propre il n'y avoit entre eux ni contradiction, ni paroles dures: quelque part qu'ils s'arrêtaffent, ils infpiroient la piété à tout le monde. La répu tation de Colomban vint jufques à la cour du Roi de Bourgogne, c'étoit Gontran, qui l'ayant Qüi parler, le pria de s'arrêter dans fes états, & lui offrit tout ce qu'il demanderoit. Le faint homme le remercia, difant qu'il ne cherchoit qu'à porter fa croix aprés JESUS-CHRIST, & choifit pour fa retraite le vafte défert de la Vofge, où il trouva dans les rochers & l'endroit le plus rude un vieux château ruiné nomé Anagra-` tes, à préfent Anegray, & s'y établit avec les fiens. Ce fut fon premier monaftere.

Ils n'y vivoient que d'herbes & d'écorces d'ar

bres

bres; & un d'entre eux étant tombé malade, An. 590, ils n'avoient rien pour le foulager quand ils virent à la porte du monaftere un homme avec des chevaux chargés de pain & d'autres vivres. Il leur dit qu'il avoit été tout d'un coup infpiré de les fecourir; & les pria de demander à Dieu la guérifon de fa femme malade de la fièvre depuis un an. Ils prierent, & elle fut guérie à l'inftant. Une autre fois ayant paffé neuf jours fans autre nourriture que des écorces & des herbes fauvages, Caramtoc abbé du monaftére de Salice, averti en fonge de leur befoin, envoya Marculfe fon cellerier leur porter des provisions. Celui-ci ne fachant point le chemin, pria Dieu. de conduire les chevaux, qui marchant d'euxmêmes, allerent droit au monaftére d'Anegray. Depuis ce temps il vint beaucoup de peuple chercher S. Colomban, principalement des malades, qu'il guériffoit tous. Comme il avoit accoûtumé de fe préparer aux fêtes par une folitude plus il choifit pour cet effet une caverne dont il avoit chaffé un ours, à fept milles ou environ d'Anegray: & il y fit fortir une fontaine par les praeres.

étroite

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Sa comunauté étant déja nombreuse, il cher cha un lieu plus comode dans le même défert pour bâtir un monaftére; & trouva un château environ à huit milles d'Anegray, nomé Luxovium, ou Luxeu, qui avoit été tres-fort: & dans le plus épais du bois voifin on voyoit enco re des idoles de pierre que les payens avoient adorés. S. Colomban comença à y á y bâtir un monaftére, qui fut bien-tôt rempli: en forte qu'il fut obligé d'en faire un troifiéme, qu'il noma Fontaines à caufe de l'abondance des eaux. Il dona à chacun de ces monaftéres des fupérieurs dont il conoiffoit la piété : il y réfidoit tour à tour, & leur fit une régle qui a été long

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temps

AN. 590.

X.

temps pratiquée dans les Gaules, & que nous

avons encore.

Elle est courte & principalement employée à Régle de S. recomander les vertus monaftiques; l'obéïflan

Colomban.

Cod. reg. to.2. p. 153.

Reg. c. 3.

ce

la pauvreté, & le défintereffement, l'humilité, la chafteté, la mortification extérieure & intérieure, le filence, la difcrétion. Touchant la nourriture il dit, qu'on ne la prendra que vers le foir : c'est-à-dire, à none, & qu'elle fera pauvre des herbes, des légumes, de la farine V.Menard. détrempée d'eau, avec un petit pain. Il faut proportioner la nourriture avec le travail; & Coint, an. faire en forte que chaque jour on jeûne, on prie on travaille & on life. La pfalmodie y eft ainfi le traréglée. Aux heures du jour qui partagent vail; favoir tierce, fexte & none, trois pleaum. 43. 44. mes avec des verfets. Au comencement de la

conc. reg.

$90.

c. 7.

C.

nuit , c'eft-à-dire, à vêpres, douze pleaumes. L'office de la nuit eft diférent le famedi & le dimanche des jours ordinaires, & felon la diverfité de faifons. Les jours ordinaires pendant les fix mois d'hiver, trente-fix pfeaumes fous douze antienes pendant les fix mois d'été, vingtquatre pleaumes fous huit antienes; car thacune étoit précédée de trois pleaumes. Le famedi & le dimanche pendant les trois mois d'hiver Novembre, Janvier, Février, vingt-cinq antienes chaque nuit, faifant foixante & quinze pfeaumes: en forte qu'on difoit tout le pfeautier en ces deux nuits. Les deux mois d'été Mai & Juin douze antienes par nuit, c'est-à-dire, trente-fix pfeaumes, douze à minuit, vingt-quatre à matines ou laudes. Les trois mois de printems & les quatre mois d'automne on diminuoit ou on augmentoit trois pfeaumes de femaine en femaine, felon que les nuits augmentoient ou diminuoient. C'est le meilleur fens que l'on done à mon avis à cet article de la régle de S. Colom

ban

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ban, qui étoit affés obfcur, & ne fe peut expli- AN. 190. quer par l'ufage qui ne fubfifte plus. S. Colomban dit l'avoir reçu de fes peres; c'est-à-dire, des moines d'Irlande. A la fin de chaque pfeaume Panit.n.19, ils fe mettoient à genoux. Outre la priere comune il marque l'obligation de prier enfuite chacun dans fa chambre, & que l'effentiel eft l'oraison du cœur, & l'aplication continuelle de l'efprit à Dieu.

11.

• 14.302

Aprés la régle fuit le pénitentiel : c'est-à-dire, c.20 les corrections des fautes ordinaires des moines, où l'on voit plufieurs particularités remarquables. La punition la plus fréquente font les coups de fouets, fix pour les fautes legeres, pour les autres à proportion: quelquefois jufques à deux cens, mais jamais plus de vingt-cinq à la fois. Souvent on condamne au filence ou à des jeûnes extraordinaires, ce qui s'apelle fimplement Conc, Elifuperpofition fouvent à certain nombre de ber. c. 23. pleaumes. Les moines faifoient le figne de la V. Cang. croix fur tout ce qu'ils prenoient: une cuillere, perpof. gloff. fu une lampe, & ainfi du refte. En fortant ou en Coint, an entrant dans la maison ils demandoient la béné- 59. n. 62. diction du fupérieur, & fe préfentoient devant n. 3. la croix. En fortant iis portoient d'ordinaire fur eux de l'huile bénite pour oindre les malades; & le vaiffeau où ils la portoient le nomoit chrifmal: : car c'eft ainfi que j'entens ce mot, qui fi-. gnifie quelquefois un reliquaire. D'autres l'entendent du vaiffeau où ils portoient l'euchariftie: car il paroît d'ailleurs qu'ils la portoient, & il . 19, 28. y a des pénitences pour ceux qui en laiffoient corrompre les efpeces. S. Colomban ne fe fer- Vita S.Gal. voit de vaiffeaux de cuivre pour célébrer c.19. le S. facrifice : aparemment par efprit de vreté ; & fes moines faifoient eux-mêmes le pain qu'ils offroient. Ils fe lavoient fouvent la tê n. 13, te, puifqu'il n'eft permis aux pénitens de la la

que

y

pau

1.5.13.

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