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AN 50L.

·24.

Epift. 2.

fois à S. Gregoire, fes lettres ne lui furent point Epift. 1. p. rendues : mais il écrivit vers le même temps fur le même fujet à plufieurs évêques de Gaule, affemblés en concile pour cette affaire. Il remercie Dieu de ce qu'ils font affemblés à cause de lui; & ajoûte: Plût à Dieu que vous le fuffiés plus fouvent; & que fi les troubles de nôtre temps ne vous permettent pas de tenir vos conciles, fuivant les canons, une ou deux fois l'année, vous le fiffiés au moins le plus qu'il feroit poffible, pour tenir les foibles dans la crainte, & exciter le Zele des plus fervens. Il les exhorte à examiner avec humilité & douceur, quelle eft la meilleure tradition touchant la pâque; & les renvoye pour le fonds de la queftion, à la réponse qu'il leur a faite trois ans auparavant, aux trois écrits qu'il a adreffés au pape, & au mémoire qu'il a écrit à l'évêque Arigius; on croit que c'étoit l'archevêque de Lion: puis il ajoûte: Je demande feulement que vous fuportiés mon ignorance avec paix & charité ; & puifque je ne fuis pas l'auteur de cette diverfité, qu'il me foit permis de vivre en filence dans ces bois, auprés des os de dix-fept de nos freres morts; comme nous avons déja vêcu douze ans. Ceci montre que la lettre eft écrite en 602. puifque le monaftere de Luxeu fut fondé en 590. Il ajoûte: Nous fouhaitons de fuivre jufques à la mort l'ufage de nos anciens. Voyés ce que vous ferés à de pauvres vieillards étrangers: je croi qu'il vous fera plus avantageux de les confoler, que de les inquiéter. Je n'ai ofe vous aller trouver, de peur de difputer en vôtre préfence, contre la défenfe de l'apôrre. Car fi Dieu veut que vous me chaffiés de ce défert, où je fuis venu de fi loin pour l'amour de JES U SCHRIST; je dirai comme le prophéte : Si je fuis caufe de cette tempête, faites-la cefler, en me jettant dans la mer.

Sup. xxxv.

n. 9.

2. Tim, 11.

Jon. I.

L'em

XLV. Mort de Maurice.

Simoc. VII. hift.c 15.

Theophan. an. 18. p, 235. c. Id. an. 20, P. 239. 8.

L'empereur Maurice ayant rompu mal-à-pro- AN. 602. pos la paix avec le Cagan, ou Can des Avares, fut battu, & réduit à la demander de nouveau. Mais il refufa de payer la rançon des prifoniers: Phocas quoique le Can n'eut d'abord demandé qu'un empereur. fou d'or par tête, fe fùt réduit à la moitié, & Theophyl. enfin un fixième, c'eft-à-dire, å quatre oboles. Ce refus mit le barbare en fureur, & il les fit tous mourir. Alors l'empereur fe repentit de fa dureté, & envoya des requêtes par écrit aux principales églifes, & aux principaux monaftéres, avec de l'argent, des cierges & des parfums: afin que l'on priât Dieu de le punir en cette vie plûtôt qu'en l'autre. Depuis long-temps fon avarice le rendoit odieux. La derniére année de fon Legne, il voulut obliger fes troupes à hiverner au-delà du Danube, pour épargner leur fubfiftance, en les faifant vivre aux dépens de l'enne- 6.67. mi. Elles fe mutinerent, & mettant fur un bou- Theophan. clier le centurion Phocas, le proclamerent exar- p. 249. D. que des centurions. La faction des verds, qui

étoit la plus forte à C P. prit fon parti ; & l'em-
Maurice fut réduit à quitter les marques
pereur
de fa dignité, & fe mettre en mer, pour s'enfuïr
au milieu de la nuit, tandis que le peuple chan-
toit des chanfons contre lui. Le mauvais temps
l'obligea à s'arrêter prés de Prenete, à cent cin-

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Simoc.VIII.

quante ftades, ou fept lieues de C P. Cependant Simer.vIII.
Phocas arriva à l'Hebdomon, & y fut couroné c.10.
empereur par le patriarche Cyriaque, dans l'é- Chr pasch,
glife de S. Jean, le vendredi vingt-troifiéme de P. 378.
Novembre, indiction fixième, l'an 602. Le
dimanche vingt-cinquième, il entra à C P. fur
un chariot, comme en triomphe. Il fit auffi cou,
roner fa femme Leontia; mais la faction des
bleus s'y opofoit ; & cria en tumulte, que Mau→
rice n'étoit pas mort.

Phocas l'ayant oui, envoya aprés Maurice,
Tome Vill.

I

qui

AN. 602.

Pf. 118.

Chr. pafch.

Sup. xxxiv.

n. 48.

Simoc.c.12.

13.

Martyr. R. 9. Nov. Prat. Sp. 6. 127.

Greg. XI. epist. c. 1.

qui fut arrêté à S. Antoine prés de Prenete, avec
fa femme & huit de fes enfans, cinq fils & trois
filles l'aîné de fes fils, nomé Theodofe, s'é-
toit fauvé. Maurice & fes cinq fils furent égor
gés prés de Calcedoine, & on comença par les
enfans, pour les faire mourir à fes yeux. Il y en
avoit un encore à la mamelle, que fa nourrice
vouloit fauver, & mettre le fien à la place: mais
Maurice l'empêcha, & découvrit fon fils aux
meurtriers. Pendant ce maflacre, il répétoit
fouvent ces paroles du pfeaume: Vous êtes jufte,
Seigneur, & vôtre jugement eft équitable. Il
mourut ainfi le mardi vingt-feptiéme de No-
vembre 602. aprés avoir regné vingt ans & trois
mois ; & on fit mourir avec lui fon frere, & plu-
fieurs autres perfones confiderables. On jetta les
corps dans la mer mais les têtes furent portées à
C P. & expofees dans une place prés de la ville.
Theodofe, fils aîné de Maurice, fut auffi pris
enfuite, & mis à mort. L'églife honore entre les
faints Sopatra fille de Maucice; & fa fœur Da-
miene fe retira à Jerufalem, où elle fut abbesse
& paffa faintement fa vie avec une de fes nieces.

L'image de l'empereur Phocas, & de l'impe→ ratrice Leontia, fut aportée à Rome le feptiéme des calendes de Mai, de la même indiction fixiéme; c'est-à-dire, le vingt-cinquième d'Avril 603. Le clergé & le fenat leur fit les acclama→ tions ordinaires, à Latran & à la bafilique de Jules, en difant: Chrift, exaucez-nous : Vive P'empereur Phocas & l'imperatrice Leontia. Saint Gregoire fit mettre leur image dans l'oratoire de S. Cefaire au palais. Au mois de Juin suivant, il écrivit à l'empereur Phocas, pour le fauer fur 1. epift.;8. fon avénement à la courone. Dieu, dit-il, arbitre fouverain de la vie des hommes, en éleve quelquefois un, pour punir les crimes de plufieurs, comme nous avons éprouvé dans nôtte

11.

Longue

Longue affliction : & quelquefois, pour confoler AN. 603.
plufieurs affligés, il en élève un autre, dont la
mifericorde les remplit de joye, comme nous ef
pérons de vôtre piété. Il l'exhorte à faire ceffer
tous les défordres du regne paffé : les teftamens
fuggerés, les donations extorquées; en forte
que chacun jouiffe paisiblement de fon bien & de
fa liberté. Car, dit-il, il y a cette différence en-
tre les
empereurs Romains, & les rois des autres
nations, qu'ils comandent à des efclaves, & vous
à des hommes libres. On voit par cette lettre,
combien S. Gregoire étoit peu content du gou-
vernement de Maurice. On le voit auffi par la
fuivante. Car Phocas lui ayant écrit qu'il s'éto-
noit de n'avoir point trouvé à C P. de nonce de

fa part,
il répondit: Ce n'eft pas l'effet de ma x1, epift.45.
négligence, mais d'une dure néceffité. Tous les
miniftres de nôtre églife fuyoient avec terreur
ure fi rude domination; en forte qu'il n'étoit pas
poffible d'en obliger aucun d'aller à CP. pour
demeurer dans le palais. Il lui recomande le dia-
cre Boniface, qu'il lui envoye, & lui demande
inftament du fecours contre les Lombards: Qui
nous tourmentent dit-il, depuis trente-cinq
ans, au-delà de ce qu'on peut exprimer. Il écri- Epift. 46.
vit auffi à l'imperatrice Leontia, l'exhortant a
imiter fainte Pulquerie & fainte Helene, & à
prendre la protection de l'églife de S. Pierre
Enfin il écrivit au patriarche Cyriaque, pour Epift. 47.
lui recomander le diacre Boniface: mais il n'ou-
blie pas de l'exhorter à renoncer au titre fuperbe
d'évêque œcuménique.

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?

Entreprise

de Je n
d'Evri.

Quelque temps aprés, S. Gregoire reçut des XLVI. plaintes d'Alcyfon évêque de Corcyre, aujourd'hui Corfou contre Jean éveque d'Evrie ou Evorie en Epire: qui ayant été contraint de quit ter fon fiége, par les courfes des barbares, s'étoit retiré avec fon clergé dans la ville de Calliope

I ij

en

x.epift.2.

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AN. 603.

6. 26.

en l'ifle de Corfou. Il y avoit même aporté le corps de S. Donat évêque d'Evrie, fous TheoSozom.vii. dofe le grand, illuftre par fes miracles. Enfuite non content de la retraite qu'on lui avoit donée, il voulut fouftraire Caffiope à la jurisdiction d'Alcyfon, & y exercer l'autorité épiscopale ; & furprit même un ordre de l'empereur, qui autorifoit fa prétention. Quoique cet ordre n'eût point eu d'effet, Alcyfon fe plaignit à l'empereur, qui renvoya l'affaire à André archevêque de Nicopoli, métropolitain de l'un & de l'autre ; & celui-ci, avec conoiffance de cause, maintint Alcyfon dans fa jurisdiction fur la ville de Caf fiope. Saint Gregoire confirma ce jugement ; & quoique l'ingratitude de Jean dût le faire chaffer de Caffiope, il voulut qu'Alcyfon en usât plus humainement, & qu'il y laifsât demeurer Jean à condition qu'il renonceroit par écrit à sa vaine prétention; & que quand la paix feroit rétablie, il retourneroit à fon églife.

XII.epift.3.

XLVII.

Saint Gregoire inftruifit de cette affaire Boniface, fon nonce à C P. & lui dit : Parce que l'empereur a été furpris en cette affaire, nous avons jugé à propos de ne point délivrer nôtre sentence, de peur qu'il ne femble que nous méprifions fon; ordre: ce qu'à Dieu ne plaife. Vous l'inftruirés donc foigneufement de toute l'affaire ; & vous ferés en forte que nôtre fentence foit envoyée fur les lieux de fon confentement ; &, s'il fe peut, avec un ordre de fa part pour la faire exécuter. Ce refpect de S. Gregoire pour un ordre même injufte de l'empereur, eft digne de confidération,, La lettre eft du mois de Decembre, indiction feptième, l'an 603.

T

Firmin évêque de Triefte en Iftrie, quitta le Affaires de fchifme, & en écrivit à S. Gregoire, qui le red'Ancone. çut avec joye, & l'exhorta à demeurer ferme x.epift. 37. lui promettant la protection. Et il lui tint parole:

Trieste &

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car

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