Imágenes de páginas
PDF
EPUB

in Greg.

AN. 604. terré au bout de la galerie de la bafilique de faint Pierre, devant une fale où S. Leon & quelques autres papes étoient enterrés. Il ne bâtit point de nouvelles églifes; mais il eut grand foin de répa rer les anciennes. Il fit dans l'églife de S. Pierre un ciboire d'argent, foûtenu de quatre colomnes. Lib. Pontif. On apelloit alors ciborium, ou faftigium, ce que l'on apelleroit aujourd'hui un baldaquin; c'eftà-dire, un dais, pour couvrir & orner l'autel. S. Gregoire en mit encore un dans l'église de S. Paul. Il deftina pour le luminaire de la même églife, plufieurs fonds de terre fitués aux environs par où l'on voit que les églifes devoient être magnifiquement éclairées. L'acte de cette epift.9. donation fe trouve entre les lettres de S. Gregoinfer. inter re, & fur un marbre dans cette églife, avec la p. Greg. datte du 25. de Janvier 604. Saint Gregoire fit deux ordinations l'une en carême; l'autre au mois de Septembre ; & ordona trente-neuf pretres, cinq diacres, & foixante & douze évêques.

C'eft de tous les papes celui dort il nous refte le plus d'écrits. L'eftime qu'on en faifoit dés fon vivant, l'affligeoit ; & ayant apris que Marinien évêque de Ravenne, faifoit lire publiquement à l'office de la nuit fes comentaires fur Job, il s'en x epift. 22. plaignit à fon nonce. Car, dit-il, ce n'eft pas un ouvrage populaire ; & il eft plus capable de nui

re

que de profiter aux començans. Dites-lui qu'il faffe lire les comentaires fur les pfeaumes, qui font propres à former les mœurs des feculiers. Il entend fans doute ceux de S. Auguftin: car nous ne voyons point que S. Gregoire ait expliqué les pfeaumes. Claude abbé de Claffe, avoit rédigé par écrit, ce qu'il avoit oui dire à S. Gregoire fur les proverbes, le cantique, les prophétes, les livres des rois, & l'Heptateuque, S. Gregoire trouva qu'il avoit altéré fon fens en beaucoup d'endroits : c'est pourquoi, aprés la

mort

mort de l'abbé Claude, il fit retirer tous ces é- AN. 604 crits. Quelques-uns croyent que le comentaire Ibid. fur le livre des rois, & fur le cantique, que nous avons entre les œuvres de S. Gregoire, font l'ouvrage de l'abbé Claude.

:

Ifid, illuftr.

c. 27.

Ceux de S. Gregoire, font les morales fur Job, divifées en trente-cinq livres le paftoral: les vingt-deux homelies für Ezechiel : les quarante homelies fur les évangiles: les quatre livres des dialogues: les lettres au nombre d'environ huit cens quarante, divisées en douze livres, fuivant quatorze indictions: car le fecond & le feptiéme en comprennent chaque deux. Les anciens comp tent ainfi les écrits de S. Gregoire ; & il ne pa roît pas que nous en ayons perdu. Pour l'antiphonaire & le facramentaire, ils font véritablement de lui: mais on ne peut nier que l'on n'y ait Epift. ad fait quelques additions, comme il eft ordinaire Leand. in dans ces fortes d'ouvrages. Le ftile de S. Gre goire fe fent du mauvais goût de fon fiécle. Il té moigne lui-même qu'il méprifoit l'art de bien parler; & croyoit indigne d'affujettir la parole de Dieu aux régles de la gramaire.

On conferva avec fon corps fon pallium, le reliquaire qu'il portoit au col, fa ceinture; & tout cela montroit à la poftérité la pauvreté & la fimplicité de fes habits. Le reliquaire, que l'on croit avoir été la croix pectorale, étoit d'argent, & fort mince. Il s'étoit fait peindre dans le monaftére de S. André, avec fon pere Gregoire, & fa mere Silvie. Prés le Nymphée, c'est-à-dire, le lieu de ce monaftére, où les femmes entroient on voyoit d'un côté S. Pierre affis, qui tenoit par la main Gordien debout, revêtu d'une chafuble de couleur de chataigne, avec une dalmatique par-deffous. Il étoit de grande taille, le vilage long, d'une phyfionomie grave, la barbe médiocre, les cheveux épais. De l'autre côté

I vj

[ocr errors]

étoit

Job.c. s.

Joan. diac.

v.vit.c.80.

6.83.

AN. 604.

c. 841

8.70.

LII. Sabinien

étoit Silvie affife: un voile blanc la couvroit,
prenant depuis l'épaule droite, & envelopant le
côté gauche, où la main étoit arrêtée fous le
manteau: par-deffous elle portoit une grande tu-
nique d'un blanc plus fale. Elle avoit le vifage
rond, & dans fa vieilleffe des reftes d'une grande
beauté. Sur fa tête étoit une mitre de femme,
arrêtée avec un ruban blanc. Elle étendoit deux
doigts de la main droite, comme pour faire fur
elle le figne de la croix ; & de la main gauche,
elle tenoit un pfeautier ouvert. Dans un autre en→
droit, au dedans du monaftére, S. Gregoire
étoit peint de la main du même maître. Il étoit
de belle taille: fon vifage tenoit de la longueur
du pere, & de la rondeur de la mere: la barbe
étoit médiocre, les cheveux affés noirs, & fri-
fés, chauve fur le devant, avec deux petits tou-
pets, la courone grande. Il avoit un beau front
la phifionomie noble & douce, les mains belles.
Son habit étoit comme celui de fon pere; une
planette châtaigne fur une dalmatique : mais il
portoit de plus le pallium entortillé fimplement
autour des épaules, & pendant fur le côté. De la
main gauche il tenoit l'évangile, & de la droite,
il faifoit le figne de la croix. S. Gregoire s'étoit
aipfi fait peindre dans fon monaftére, pour re-
tenir les moines dans la ferveur de l'obfèrvance,
par la vûë de fon image. On voyoit encore ces
peintures du temps de Jean diacre, qui les décrit
exactement. Il témoigne auffi que l'on avoit ac-
coûtumé de peindre le Saint-Efprit en forme de
colombe fur la tête de S. Gregoire écrivant.

;

Le faint fiége vaqua cinq mois & demi, & Sabinien fut ordoné pape le premier Septembre & Boniface 604. mais il ne tint le fiége que cinq mois & 1.1. paps. dix-neuf jours. Il étoit de Tofcane, fils de BoAnaft. & avoit été nonce à C P. prés de l'empereur Maurice. De fon temps Rome fut affligée d'une grande

nus,

grande famine, pendant laquelle il fit ouvrir le AN.605.* grenier de l'églife, & vendre le bled au peuple, donant trente boiffeaux pour un fou d'or. Il ordona vingt-fix évéques en divers lieux, & dona du luminaire à l'églife de S. Pierre, où il fut enterré le vingt-deuxième de Février 605. Le S. fiége vaqua prés d'un an ; & enfin le vingtcinquiéme de Février 606. on ordona pape Boniface troifiéme, qui tint le fiége huit mois & vingt-trois jours, jufques au douziéme de Novembre, qu'il mourut. Il étoit natif de Rome, fils de Jean Caraaudioce ; & avoit été auffi nonce à CP. du temps de Phocas.

Anaft.

Paul, dias.
IV. hift.

c. 37.

an. 4. Ph.

[ocr errors]

Le pape Boniface obtint de cet empereur la confervation de la primauté du S. fiége de Rome, contre les prétentions du patriarche de C P. ce que l'on entend du titre de patriarche œcuménique, que Phocas lui ait défendu de prendre: quoique Maurice eût toûjours foûtenu cette Sap. liv. prétention contre les inftances de S. Gregoire, xxxv. n. 3.39 Cyriaque, qui étoit alors patriarche de CP. avoit Theoph. irrité Phocas, en l'empêchant de tirer de la gran- p.246. de églife l'impératrice Conftantine & fes trois fil- Chr. pafch. les, qui ayant confpiré contre lui, s'y étoient p. 381. refugiées. Cyriaque mourut la même année le famedi vingt-neuvième d'Octobre, & fut enterré le lendemain dans l'églife des faints apôtres, felon la coûtume. Le fiége de C P. vaqua prés de trois mois ; & le vingt-troifiéme de Janvier indiction dixième, c'est-à-dire en 607. on élut patriarche Thomas diacre de la grande églife, facellaire ou tréforier du patriarche, & préfet des ordinations, qui tint le fiége trois ans & deux mois.

Le pape Boniface affembla un concile à Rome dans l'église de S. Pierre, où fe trouverent foixante & douze évêques, trente-quatre prêtres, les diacres & tout le clergé de Rome. Il y fut dé

fendu

Anaft.

AN. 606. fendu, fous peine d'anathême, que du vivant du pape, ou de quelque autre évêque, perfone ne fut affés hardi pour parler de fon fucceffeur : mais trois jours aprés fes funérailles, le clergé & les enfans de l'églife doivent s'affembler, pour procéder à l'élection. Le pape ayant ordoné vingt & un évêques en divers lieux, mourut la même année 606. & fut enterré en l'église de S. Pierre le douzième de Novembre. Le S. fiége vaqua dix mois & fix jours.

LIII. Schifme

6. 30.

Epift. ap.

Bar. an.
Fos.n. 6.

Severe patriarche d'Aquilée étant mort, l'abd'Aquilée, bé Jean fut ordoné à fa place, dans l'anciéne Paul, diac. ville d'Aquilée, du confentement d'Agilulfe roi IV. hift. des Lombards, & du duc Gifulfe. Mais les Romains ordonerent à Grade un autre patriarche nomé Candidien. Car depuis l'invafion des Lombards, les évêques d'Aquilée s'étoient refugiés à Grade, petite île dans la mer d'Iftrie, & y avoient établi leur fiége. Le patriarche Jean s'en plaignit au roi Agilulfe, foûtenant que les évêques d'Iftrie fujets des Grecs, n'avoient élû Candidien , que par les violences de l'exarque : qui les avoit fait mener par force de Grade à Ravenne, & leur avoit montré l'épée & le bâ ton, les menaçant de prifon & d'exil, fans leur laiffer la liberté de parler. Candidien, ajoûtoitil, eft indigne, s'étant engagé fous peine d'anathême envers Severe mon prédéceffeur, à ne jamais monter à un plus haut rang. Faites donc en forte que la foi Catholique foit augmentée fous vôtre regne; & qu'aprés la mort de Candidien, on ne faffe plus d'ordination à Grade. Paul. ibid. Cette remontrance fut fans effet: car aprés la

3

mort de Candidien, les évêques fujets des Romains ordonerent à Grade Epiphane , auparavant primicier des notaires ; & depuis ce temps il y eut deux patriarches d'Aquilée. Comme il eft certain que les Romains étoient Catholiques,

on

« AnteriorContinuar »