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Vita S.

Agili, to.

2. Act.

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Bourchereffe, entre Challon & Autun, & elle fit venir les enfans naturels de Theodoric: car il en avoit déja quatre. S. Colomban demanda qui ils étoient: Ce font, dit Brunehaut, les enfans du roi: donés-leur votre bénédiction. S. Colomban répondit: Ils ne fuccéderont point au royaume ; ce font des fruits de la débauche. Brunehaut encore plus aigrie, envoya défendre aux voifins dư monastére, de laiffer fortir aucun des moines, & de leur doner ni retraite, ni fecours. Car elle étoit d'ailleurs offenfée, de ce que S. Colomban lui avoit refufé l'entrée de fon monaftére, com me il la refufoit non-feulement à toutes les fem mes, mais à tous les féculiers. S. Colomban vou-' lant effayer de l'apaifer, vint à Eipoffes, entre Semur & Montreal, où elle étoit avec le roi fon petit-fils. Il y arriva au foleil couchant, & déclara qu'il ne vouloit point loger chés le roi. Mais ce Prince craignant d'attirer fur lui la colere de Dieu, ordona que l'on préparât avec une magnificence royale, tout ce qui étoit néceffaire pour le bien traiter, & le lui envoya à fon logis. S. Colomban voyant des mets exquis, demanda ce que cela vouloit dire. C'eft le roi, dit-on qui vous les envoye. Il les refufa avec dédain, en difant: Il eft écrit, que le Tres-haut rejette Prev. xv.8. les préfens des impiés. La bouche des ferviteurs de Dieu ne doit pas être fouillée des viandes de celui qui leur refuse l'entrée, non-feulement de fon logis, mais des autres. A ces mots, les vafes fe cafferent en morceaux, le vin & la bierre fe répandirent par terre, les viandes fe difperferent. Les officiers épouvantés, en firent leur raport au roi, qui vint le lendemain matin, avec la reine fon ayeule demander pardon au saînt abbé, lui promettant de fe corriger. Mais comme on ne lui tint pas parole, il écrivit au roi des lettres pleines de reproches, & le menaça d'exco

J

munication, s'il ne changeoit de vie. Alors Bru- AN. 609. nehaut rallumant fa colere, excita de nouveau le roi contre le faint homme. Elle y employa les premiers de fa cour, & même les évêques, voulant qu'ils trouvaffent à reprendre dans fa régle. Peut-être les trouva-t-elle mai difpofés contre lui, à cause de la queftion de la pâque. Le roi Sup. n. 43. vint donc à Luxeu, & fe plaignit de ce que Colomban s'écartoit de l'ufage des moines de la province, en ne donant pas libre entrée à tous les chrétiens au dedans de fon monaftére. Il fuffit répondit le faint abbé, que j'aye des lieux difpofés pour y recevoir tous les hôtes. Et comme le roi étoit entré jufques dans le refectoire, le faint ajoûta: Si vous êtes venu ici pour renverser les comunautés des ferviteurs de Dieu, & la difcipline monaftique, fçachés que nous nous pafferons de vos fecours & de vos bienfaits ; mais que vôtre royaume fera détruit avec toute vôtre face. Le roi épouvanté de cette menace, fe retira en diligence.

Comme S. Colomban continuoit à lui faire des reproches: Vous prétendés, dit-il, que je vous donerai la courone du martyre. Je ne fuis pas af fes infenfé mais puiique vous êtes fi éloigné de nôtre maniere de vivre, retournés d'où vous êtes venu. S. Colomban dit, qu'il ne fortiroit point de fon monaftére, s'il n'en étoit chaffe par force. Le roi l'enyoya à Besançon, où n'étant point gardé, par le refpect qu'on lui portoit, il en fortit, & retourna à fon monaftére. C'étoit environ la Fredeg. quatorziéme année du regne de Theodoric; c'eft. c. 36. -dire, l'an 609.

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AN. 610.

1.

Fin de S.
Theodore
Siccote.

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LIVRE TRENTE-SEPTIEME

HOMAS patriarche de C P. aprit un prodige arrivé en plufieurs villes de Ga latie, où les croix que l'on portoit en proceffion, s'agiterent d'elles-mêmes Theod. 14. extraordinairement. En étant allarmé, il fit veap. Boll. to. nir à C P. S. Theodore Siceote, qui lui préfenta .p.8. le prêtre Jean fon difciple, le priant de le faire

Vita

fupérieur général de fes monafteres; ce que le patriarche lui accorda, lui dona le pallium, & l'envoya exercer fa charge. L'empereur Phocas ayant la goute aux mains & aux pieds, apella Ș. Theo dore, qui lui impofa les mains, & pria pour lui. L'empereur fut foulagé, & fe recomanda à fes prieres. S. Theodore l'avertit, que s'il vouloit être exaucé, il s'abftînt de tourmenter les au→ Theoph.an. tres, & de répandre du fang. En effet, il venoit 5. p. 247. de faire mourir Conftantine veuve de l'empereur Chr. pafch. Maurice, & plufieurs autres perfones confidérables, à l'occafion des conjurations qui s'élevoient contre lui.

Le patriarche Thomas pria S. Theodore de lui dire, fi ce mouvement extraordinaire des croix, étoit véritable; & le faint homme l'en ayant affuré, le patriarche le preffa de lui découvrir ce que fignifioit ce prodige. Comme il en faifoit difficulte, il fe jetta à les pieds, proteftant de ne fe point lever, qu'il ne l'eut fatisfait. Alors S. Theodore lui dit: Je ne voulois point vous affliger ; & il ne vous eit pas avantageux de favoir ce que vous défirés: mais puifque vous le vouiés, fçachés que cette agitation de croix nous prédit de grands maux. Plufieurs abandoneront nôtre religion : il y aura des incurfions

de

2

1

de barbares, une grande effufion de fang, une AN. 619.
grande deftruction; & des féditions par tout le
monde. Les églifes feront abandonées : la ruine
du service divin & de l'empire, & l'avènement de
l'ennemi aproche. Il vous refte de prier Dieu,
comme un bon pafteur, qu'il m'odere tous ces
maux par fa miféricorde. Cette prophetie de
S. Theodore, femble regarder les ravages des
Perfes, qui comencerent l'année fuivante, & peut-
être ceux des Arabes Mufulmans, qui fuivirent
bien-tôt aprés.

pa

Le patriarche fondant en larmes, comença à prier le faint abbé de demander à Dieu, qu'il l'ôtât du monde avant ces défaftres, & comme S. Theodore vouloit retourner en fon païs, parce que le temps de fa retraite aprochoit : le triarche l'obligea à pafler l'hiver à C P. à cause que le bruit couroit qu'elle alloit bien-tôt être abîmée; & il efpéroit que le faint homme, obtiendroit de Dieu quelque délai, Comme il défira de loger à part, le patriarche le mit au monaftere de S. Etienne des Romains, où il passa la fête de noël en retraite. Cependant le patriarche tomba malade, & envoya prier S. Theodore de demander à Dieu, qu'ii lui accordât la fin de fa vie. Le faint répondit, qu'il prieroit plutôt que Dieu le confervât pour le bien de fon peuple: mais le patriarche renvoya lui faire la même priere. Alors le faint lui fit dire par fon diacre Epiphane: Puiique vous défirés fi ardemment d'être délivré & d'aller à JESUS-CHRIST ; je lui ai demandé & obtenu ; c'est pourquoi, fi vous voulés que je vous aille trouver, j'irai auffi-tôt : finon nous nous verrons avec JESUSCHRIST. Le patriarche comblé de joye, Le voulut point le tirer de fa retraite ; & ayant été vifiPhocas, & doné la bénédiction par l'empereur tout le monde, il mourut avec une grande pach. pa

Boll. to. 8.

P. 91. Chr.

con- 382.

2

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conftance, le vendredi vingtiéme de Mars 610. indiction treiziéme.

Le dix-huitiéme d'Avril fuivant, qui étoit le famedi faint, on ordona patriarche de C P. Sergius diacre de la grande églife, & hofpitalier, qui tint le fiége vingt-neuf ans. Il alla porter lui-même à Theodore Siceote, la nouvelle de fon ordination & l'ayant trouvé chantant des pleaumes, fe jetta à les pieds, & le pria de demander à Dieu la grace, dont il avoit befoin pour s'aquitter de fa charge: fe reconoiffant jeune, & de peu d'expérience. Le faint l'embraífa, & lui dit: Dieu vous a chargé fi jeune de ce fardeau, afin que vous ayés plus de force, pour fouffrir les malheurs qui nous menacent. Prenés courage & vous confiés en lui, vôtre gouvernemen fera long & illuftre. S. Theodore Siceote étant à C P. reprenoit ceux qui alloient au bain aprés la fainte comunion : difant, qu'un homme bien parfumé ne fe laveroit point pour ôter l'odeur des parfums. Les moines du monaftere où il demeuroit, le firent peindre fans qu'il s'en aperçût; puis le prierent de benir l'image. Il leur dit en foûriant: Vous êtes des voleurs. Mais il ne laiffa pas de la benir. Il fit plufieurs miracles à C P. & étant retourné à fon monaftere, il mourut trois ans aprés l'an 613. le vingt-deuxième d'Avril; jour auquel l'églife honore fa mémoire ; fa vie a été écrite par Eleufius fon difciple, qui avoit demeuré douze ans avec lui, & vu plufieurs de fes miracles.

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Saint Euloge d'Alexandrie étoit mort comme l'on croit, dés l'an 606. après avoir rempli ce fiége vingt-fept ans. L'eglife honore fa mé moire le treiziéme de Septembre; fon fucceffeur fut Theodore furnomé Scribon, qui ayant tenu le fiége deux ans, fut égorgé par les hérétiques, la feptième année de Phocas, indiction

dou

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