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Cap Boll.

22. Janu

Jouzième, c'est-à-dire, l'an 609. Le fiége d'A- AN. 610. lexandrie fut, enfuite rempli par Jean natif de Chipre, fils d'Epiphane gouverneur de l'île. Il Metaphr. avoit été marié : mais ayant perdu fes enfans & enfuite fa femme, il fe dona tout à Dieu, & to.2. p 17. faifoit de tres-grandes aumônes. Ainfi, quoi- Leont.c.13. qu'il n'eût ni mené la vie monaftique, ni de-, n. 81. ibid. meuré dans le clergé, il fut jugé digne du fa- P. 514. cerdoce. Il est connu fous le nom de S. Jean l'au

mônier.

La même année 609. mourut Hefychius, ou Chr. pifch. plûtôt Ifaac patriarche de Jerufalem, & eut pour p. 38. fucceffeur Zacharie prêtre, & trésorier de C P. L'année fuivante 610. fur la fin de Septembre, l'indiction quatorziéme étant déja comencée, il vint nouvelle à CP. qu'Anaftafe patriarche d'Antioche, avoit été tué par les Juifs, dans une fédition qu'ils exciterent contre les Chrétiens. Ils le traînerent honteusement par la ville, Theoph.an. tuerent avec lui plufieurs des principaux citoyens, 7. p.48. & les brûlerent. Phocas déclara Bonofe comte d'Orient, & Cotton général d'armée, & les envoya contre ces féditieux: dont ils tuerent & mutilerent plufieurs, & les chafferent de la ville. L'églife honore Anaftafe comme martyr, le vingt- 21. Des.

uniéme de Décembre.

Martyr. R.

III.

Phocas.

empereur.

Ces deux patriarches d'Alexandrie & d'Antioche, maffacrés en fi peu de temps, font voir la Mort de foibleffe du gouvernement de Phocas: attaqué Heraclius au dehors par les Perfes, qui ravageoient l'Orient; & au dedans, par les conjurations qui fe formoient contre lui de jour en jour. Enfin il fut accablé par celle d'Heraclius gouverneur d'Afrique : qui pressé par le fénat, envoya fon fils He- Theoph. p. raclius à C P. avec une flotte, Il y arriva le dimanche quatriéme d'Octobre, indiction quator- Chr. pajib. ziéme ; c'eft-à-dire, l'an 610. ayant aux mats de p. 382. fes vaiffeaux des images de la fainte Vierge. Le Tome VIII.

K

len

248.249.

AN. 610.

lendemain Phocas fut tiré de l'églife de l'Archan ge dans le palais, où il s'étoit réfugié. On l'amena à Heraclius, on lui coupa la main droite puis la tête, & on les porta par la ville: on traîna le corps, & enfin on le brûla. Le même jour lundi cinquiéme d'Octobre, Heraclius fut couroné empereur par le patriarche Sergius. En même temps il fut marié avec Eudocie, fille de Rogat Africain, qui lui étoit fiancée, & s'étoit renQue devant CP. Ainfi ils reçurent ensemble la courone impériale & celle d'époux, fuivant l'uTheod. Bal. fage de l'églife Gréque. Heraclius regna trente in cant. 13. ans entiers. On dit que Phocas voulut faire ho ep. Bafil.ad norer comme martyrs, ceux qui étoient tués en Amphil. guerre ; mais les évêques s'y opoferent: fondés P.949. principalement fur l'autorité de S. Bafile, qui confeille à ceux qui ont tué en guerre, de s'abstenir trois ans de la comunion.

Sup. liv.

XVII. n.14.

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En Angleterre, aprés la mort de S. Auguftin de Cantorberi, Laurent fon fucceffeur continua à travailler avec un grand zele à l'accroiffement de cette nouvelle églife. Non content de procurer le falut des Anglois, il prit foin encore des Bretons, anciens habitans du païs, & des Ecoffois, habitans de l'Hibernie, només depuis Irlandois. Les uns & les autres avoient des ufages particuliers, principalement touchant la pâque. Pour les ramener à la pratique de l'églife univerfelle, il leur écrivit conjointement avec fes confreres Mellit & Jufte. La lettre étoit adreffée aux évêques & aux abbés de toute l'Ecoffe, c'eftà-dire d'Irlande, & començoit ainfi : Quand nous fommes entrés en l'île de Bretagne, nous avons eu un grand refpect pour les Bretons & les Ecoffois, croyant qu'ils fuiyoient l'ufage de l'églife univerfelle: aprés avoir connu les Bretons, nous avons cru que les Ecoffois étoient meilleurs: mais nous avons reconnu enfuite par la maniere

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de vivre de l'évêque Dagam, qui eft venu en Aw. 610.
cette ville, & de l'abbé Colomban, qui a paffé en
Gaule, qu'ils ne font pas diférens des Bretons.
Car l'évêque Dagam a refufé de manger non
feulement avec nous, mais dans le logis où nous
mangions. L'archevêque Laurent écrivit de mê-
me avec les confreres aux évêques des Bretons
pour les inviter à l'unité : mais l'une & l'autre
lettre fut fans effet.

me pour

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Enfuite Mellit évêque de Londres, alla à Rotraiter avec le pape Boniface IV. des affaires de l'églife d'Angleterre. Le pape affembla un concile la huitième année de Phocas, indiction treiziéme, le troifiéme des calendes de Mars: c'est-à-dire, le vingt-feptiéme de Février 610. Mellit y prit place entre les évêques d'Italie, & on y régla ce qui concernoit la vie & le repos des moines. Mellit en raporta les décrets en Angleterre, avec les lettres du pape, à l'archevêque Laurent, au clergé, au roi Edilbert, & à toute la nation des Anglois. S. Mellit fonda prés de Londres, un monaftere en l'île nomée Thornei, au couchant de la ville: l'églife fut dédiée en l'honeur de S. Pierre, & fa fituation l'a fait nomer Westminster: c'est-à-dire, monas→ tere d'Oüeft.

V.

XXXVL n.

En Espagne la même année 61o. le roi Gondemar fuccéda à Viteric; & la premiere année Tolede de fon regne, le dixième des calendes de No- métropole. vembre, ere 648. c'eft-à-dire le vingt-troifiéme Sup. liv. d'Octobre 610, les évêques de la province de 8. Carthagene s'affemblerent à Tolede: dont ils re- To. s. conc. connurent l'évêque pour leur métropolitain,décla p 1620. rant qu'il l'étoit depuis long-temps, & renvoyant . Marca au II. concile de Tolede, où l'évêque Montan de prim. avoit préfidé en 53 1. Ce décret fut foufcrit par Lug.n.124. quinze évêques, entre lefquels celui de Tolede ne paroît point, comme ne pouvant être juge

K ij

en

AN 619.

Sup. liv.

XXXII.7.12.

VI.

Second

exil de S.
Colom-
ban.
Jon. vita
c. 35. &c.

Sup. liv. xxxv. n. 9.

en fa caufe. Le roi Gondemar dona fon décret en confirmation de celui du concile : où il déclare que la Carpetanie, dont l'évêque de Tolede paffoit autrefois pour métropolitain, n'eft point une province particuliere, mais feulement une partie de la province Carthaginoife. Ce décret eft foufcrit du roi & de vingt-fix évêques, dont le premier eft S. Ifidore de Seville: enfuite font les archevêques de Merida, de Tarragone & de Narbone. La raifon de cette conftitution en faveur de l'évêque de Tolede, eft que cette ville étoit la réfidence des rois Gots.

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En France, S. Colomban étant revenu de Befançon, ne demeura pas long-temps en repos. Le roi Theodoric envoya plufieurs fois de fes gens, pour l'obliger à fortir de fon monaftére de Luxeu, & retourner en fon païs. Le faint abbé avoit réfolu de ne point obeïr, & fe faire plûtôt tirer de force du lieu où il étoit venu par la volonté de Dieu : toutefois voyant que fa réfiftance mettoit les autres en péril, il fortit volontairement, la vingtiéme année de fon fejour en ce défert; c'est-à-dire la même année 610. Ses freres l'accompagnoient en pleurant, comme s'ils euffent marché à fes funerailles : encore les gardes que le roi lui avoit donés, ne permirentils pas à tous de le fuivre ; mais feulement à ceux qu'il avoit amenés d'Irlande ou de Bretagne, & firent demeurer tous ceux qui étoient nes dans les Gaules. Le faint homme les recomanda à Dieu, & fentit cette féparation, comme si on lui eût arraché les membres. Le principal de ces chers difciples, étoit Euftafe, qui fut depuis abbé de Luxeu, & dont Mietius évêque de Langres, fon oncle, prit un foin particulier,

On menoit S. Colomban à Nantes, pour s'embarquer. Etant à Auxerre, il dit à Ragamond, que le roi Theodoric avoit chargé de sa con

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duite Souvenés-vous que Clotaire, que vous AN, 610, méprifés maintenant, fera dans trois ans vôtre maître. Sur cette route, il fit plufieurs miracles; & étant arrivé à Nevers, on l'embarqua fur la Loire. A Orleans, fes gardes ne lui permirent pas d'entrer dans la ville, pour vifiter les églifes; & il campa fur le rivage On refusa même des vivres à fes difciples dans la ville, tant on craignoit les ordres du roi. Mais une femme Syrienne en eut pitié, les mena chés elle, & leur dona ce dont ils avoieut befoin. En récompenfe, ils amenerent fon mari aveugle depuis plufieurs années, à S. Colomban, qui le guérit. A Tours, le faint homme n'ayant pû obtenir la permiffion de defcendre, pour vifiter le fepulcre de S. Martin; le bateau s'arrêta devant le port, & il fatisfit à fa dévotion, en paffant la nuit en prieres prés des reliques du Saint. Le lendemain l'évêque de Tours Leoparius, l'ayant prié à dîner, il s'y trouva un feigneur allié du roi Theodoric, à qui S. Colomban déclara, que dans trois ans ce roi & fes enfans périroient, & toute fa race feroit

éteinte.

Etant arrivé à Nantes, il y fit quelque fejour; Epift. 3. to. & ce fut aparemment de là qu'il écrivit à fes bibl. PP. moines de Luxeu une lettre, pleine de prudence Lug. p. 26, & de charité. Il les exhorte à la patience en cette perfecution, & à l'union entre eux. Il leur ordone d'obéir à fon disciple Attale, à qui toutefois il laiffe la liberté de demeurer avec eux, ou de le venir trouver ; & en ce cas qu'il vienne, il leur done Valdolen pour fupérieur. Puis adreffant la parole à Attale feul, il lui enjoint de demeurer, s'il voit le profit des ames. Mais, ajoûte-t-il, fi vous voyés du peril, venés : or je parle des perils de la divifion; car je crains qu'il n'y en ait auffi chés vous, à caufe de la pâque, & que yous ne foyés plus foibles en mon abfence. Kij Vers

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