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protection d'Agilulfe roi des Lombards. Ainfi ils partirent de Bregents: excepté faint Gal, qui c. s. avoit la fiévre, & demeura avec la bénédiction de S. Colomban. Il bâtit enfuite prés de-là un autre monaftére, qui porte encore fon nom. Saint Colomban fut tres-bien reçu par le roi Agilulfe, qui lui dona le choix de demeurer en tel lieu de les états qu'il voudroit. Le faint abbé étant à Mi- Ep.4.0.12. lan, combattit les Ariens par les faintes écritu- bibl. PP. res, & écrivit même contre eux. Cependant un Lug. p. 28, nomé Jocondus vint trouver le roi Agilulfe, & lui dit, que dans le défert de l'Apennin, en un lieu nomé Bobium, prés de la Trebia, il y avoit une églife de S. Pierre, où il fe faifoit des miracles: que les environs étoient fertiles, bien arrofés, & pleins de poiffon. S. Colomban choifit ce lieu pour fa retraite : il rétablit l'églife, qu'il trouva demi-ruinée, & bâtit un monaftére, qui fubfifte encore.

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On doit raporter ce temps la lettre qu'il écrivit au pape Boniface I V. fur la question des trois chapitres, à la priere du roi Agilulfe, qui en favorifoit les défenfeurs. S. Colomban malinftruit du fait, & prévenu par les fchifmatiques, fupofe que le pape Vigile eft mort hérétique; & s'étone que l'on récite fon nom avec ceux des évêques Catholiques. Il exhorte le pape à fe purger du foupçon d'héréfie, lui & fon églife, en affemblant un concile, où il faffe une expofition précise de la foi : car il rejette le cinquiéme concile, comme ayant aprouvé l'erreur d'Eutychés. Il exhorte auffi le pape à remédier au déréglement des mœurs qu'il trouvoit en Italie, & dont il attribue la caufe principalement au fchifme.

Le roi Theodoric mourut quelques mois aprés Vita Col. fon frere Theodebert, la dix-huitième année de n. 58. fon regne, 613. de JESUS-CHRIST ; & Fredez. c. K vj fon 39. 40 Or,

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AN. 613.

fon fils Sigebert, encore enfans, lui fuccéda, fous la conduite de Brunehaut fa-bifayeule. Le roi Clotaire leur fit la guerre, prit Sigebert, & deux de fes freres, Corbon & Merouée, qu'il fit mourir tous trois. Le quatrième, nomé Childebert, s'enfuit. Il prit auffi Brunehaut, & la fit mourir cruellement. Ainfi il demeura feul roi des François, comme Clotaire fon ayeul, l'an 614. Vita n. 61. trente-uniéme de fon regne. Alors voyant la prophétie de S. Colomban fi bien accomplie, il envoya querir le vénérable Euftafe, qui gouvernoit le monaftére de Luxeu; & le pria d'aller trouver S. Colomban de fa part, menant avec luiceux qu'il voudroit de fa nobleffe, pour être les cautions de fa bone volonté, & inviter le faint homme à le venir trouver.

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Euftafe fit le voyage, étant défrayé aux dépens du public; & ayant trouvé S. Colomban, il s'acquita de fa comiffion. Le faint vieillard eur une grande joye de voir fon cher disciple, & le retint quelque temps. En le congédiant, il lui recomanda de maintenir la difcipline dans fon monaftére, & le chargea de faire fes excuses au roi› Clotaire; de lui dire qu'il lui étoit impoffible de retourner; & qu'il lui recomandoit feulement de protéger le monaftére de Luxeu. Il dona à Euftafe une lettre pour le roi, qui la reçut avec une extrême joye, quoiqu'elle fût pleine d'avis pour le corriger. Il dona une puiflante protection au monaftére, l'enrichit de grands revenus, & en étendit les limites autant que faint Euftafe› le défira. Saint Colomban ayant demeuré un an au monaftére de Bobio, y mourut l'onzié-: me des calendes de Decembre; c'est-à-dire, le Martyr. R. vingt-uniéme de Novembre, jour auquel l'églife honore fa mémoire. On croit que c'étoit fan 615. Ses reliques demeurerent à Bobio, & i At E. to. il s'y fit quantité de miracles. Sa vie fut écrite.

21. Nov.

2. p, 1230

vingt

vingt-huit ans aprés, par Jonas, moine du mê- AN. 614.

me monaftére.

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Le fucceffeur de S. Colomban à Bobio, fut Attale fon difciple. Il étoit né en Bourgogne ; & fon pere l'avoit mis, pour le faire inftruire, auprés de S. Arige évêque de Gap. Le défir d'une vie plus parfaite le fit paffer au monaftére de Lerins: mais voyant que l'obfervance s'y relâchoit, il vint à Luxeu fe mettre fous la difcipline de S. Colomban. Il gouverna aprés lui le monaftére de Bobio, pendant douze ans, & mourut l'an 627.

Le

IX.

Boniface

Boniface IV. mourut l'année 614. & pape fut enterré à S. Pierre le vingt-cinquième de Mort de Mai, jour auquel l'églife honore fa mémoire. Il IV. Du avoit fait de fa maifon un monaftére, & lui dedit paavoit doné de grands biens. En deux ordinations, pe. au mois de Decembre, il fit huit diacres ; & en Anaft. d'autres occafions, il ordona trente-cinq évê- Martyr, R. 2j. Iviai. ques, pour diverfes églifes. Il tint le faint fiége pendant fix ans & huit mois, & eut pour fucceffeur Deusdedit, qui fut ordoné le treiziéme de Novembre de la même année 614. & tint le faint fiége prés de trois ans. Il étoit Romain, fils d'Etienne foûdiacre. Il aima fort le clergé, & y rétablit l'ordre ancien.

X.

prife par

les Perfes.

Cependant les Perfes ravageoient l'Orient. Dés le temps de Phocas, ils rompirent la paix, Jérufalem fous prétexte de vanger la mort de Maurice & de fes enfans. La premiere année du regne d'Heraclius, ils prirent Edefle & Apamée, & vinrent jufques à Antioche. La feconde ils prirent. Theoph. p. Cefarée de Cappadoce: la quatrième Damas : la 250 D.251. cinquième, qui eft cette année 614. indiction 2520 feconde, au mois de Juin, ils pafferent le Jour-: dain, & conquirent la Paleftine & la ville de Je-. rufalem. On tua plufieurs milliers de clercs, de Chr. pafcha moines, de religieufes & de vierges. On brûla

les

AN. 614. les églifes, & même le faint fepulcre : on emporta tout ce qu'il y avoit de prétieux : des vafes facrés fans nombre; & entre autres reliques, le bois de la vraye croix: le patriarche Zacharie fut emmené captif, avec un grand peuple; & tout cela en peu de jours. Les Juifs acheterent un grand nombre de ces captifs,pour les tuer : en forte que quelques-uns en comptoient jufques à quatre-vingts-dix mille ainfi maffacrés. Le patrice Nicetas trouva moyen de fauver deux précieufes reliques, par un des amis de Sarbazara chef des Perfes: favoir l'éponge & la lance de la paffion, & les envoya à CP. La fainte éponge y fut expofée à la vue du peuple dans la grande églife, étant attachée à la fainte croix, à la fête de l'exaltation, le quatorziéme de Septembre de la même année. La fainte lance fut aportée le famedi vingt-fixiéme d'Octobre: ce qui fut publié le lendemain dans la grande églife, & elles fut adorée le mardi & le mercredi par les hommes, le jeudi & le vendredi par les femmes.

Antioche epift. ad Euftach.

tom. I.

Huit jours avant la prife de Jerufalem, la laure de S. Sabas fut attaquée par les Arabes: foit qu'ils fuffent de l'armée des Perfes, foit qu'à Aut. bibl, l'occafion de cette guerre ils fiffent plus librePP.p.1022. ment leurs courfes ordinaires. La plupart des cod moines s'enfuirent auffi-tôt ; il en demeura feu

lement
quarante-quatre, des plus anciens & des
plus vertueux. Ayant embraffé la vie monaftique
depuis la jeuneffe, ils avoient blanchi dans fes
exercices: quelques-uns n'étoient point fortis de
la laure depuis cinquante ou foixante ans : quel-
ques-uns, depuis leur entrée dans le monaftere,
n'avoient point vû la ville. Ainfi ils ne voulurent
point abandoner la laure en cette occafion. Les
barbares en ayant pillé l'églife, prirent ces faints
vieillards, & les tourmenterent sans miféricorde
pendant plufieurs jours, croyant qu'ils leur dé-

cou

Couvriroient quelques richeffes: mais enfin fe voyant fruftrés de leur efpérance, ils entrerent en fureur & les mirent en piéces. Ces faints recurent la mort d'un vifage gai, & avec action de graces: comme défirant depuis long-temps d'être délivrés de cette vie, & d'aller avec J ESUS-CHRIST.

Leurs corps demeurerent plufieurs jours fans fepulture: mais les autres moines de la laure étant revenus d'Arabie, où ils s'étoient retirés en prirent foin. Un d'eux nomé Nicomede voyant leurs membres épars, fut tellement faifi de l'horreur de ce spectacle, qu'il tomba en défaillance, & fut enlevé comme mort. Modefte abbé du monaftere de S. Theodofe, raffembla tous les corps de ces faints, & les lava en répandant beaucoup de larmes : puis les ayant bailés il les mit dans les fépulcres de leurs peres ; & fit fur eux les prieres ordinaires. L'églife honore Martyr. R. ces quarante-quatre faints le feiziéme de Mai. 16. Mai. Boll. to. 14 L'abbé Modefte exhorta enfuite tous les moines de la laure de S. Sabas, à ne la point quitter: mais à fouffrir courageufement les perfecutions. Suivant fon confeil, ils demeurerent dans la laure environ deux mois: enfuite fur le bruit qui courut d'une autre incurfion de barbares, ils se refugierent dans le monaftere de l'abbé Anastase, à vingt stades ou une lieuë de Jerufalem, où il n'y avoit alors perfone; & ils y demeurerent environ deux ans. L'abbé Modefte gouverna Féglife de Jerufalem en l'abfence du patriarche Zacharie; & prit foin non feulement de la ville, où il fit depuis rétablir les églises brûlées, mais encore du diocéfe, & de tous les monafteres du défert.

p. 616.

XI.

Il reçut de grands fecours de S. Jean l'aumonier patriarche d'Alexandrie dont la charité Charité de S. Jean éclata en cette occafion. Les Perfes ayant rava- l'aumô

,

gé nier,

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