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AN. 614. Sup liv.

de fon royaume: excepté ceux qui s'enfuirene chés les Francs. Soixante & dix-neuf évêques xxxv. n. 21. foufcrivirent à ce concile de Paris, qui par conMarii Chr. féquent eft le plus nombreux que nous ayons enApp. ad core vû dans les Gaules.

To. 5. conc. P.1655.

XV.

cour de Clotaire. Acta SS.

B. to. 2. P. 150.

Le roi Clotaire dona fon édit pour l'exécution de ces canons; mais avec quelque modification, Sur le premier, il dit que l'évêque élû par les évêques, le clergé & le peuple, fera ordoné par ordre du prince; & que s'il eft tiré du palais, il ne fera ordoné que pour fon mérite. Il y a plu fieurs canons expliqués plus au long dans cet édit : il contient même quelques difpofitions, qui ne fe trouvent pas dans les canons, & qui donent fujet de croire que nous ne les avons pas entiers, Il eft vrai que ces difpofitions ne regardent gué→ res que les affaires temporelles. Il eft dit à la fin, que cet édit a été fait dans le concile, par le confeil des évêques, des grands & d'autres perfones fidéles au roi ; & il eft daté de Paris, le quinziéme des calendes de Novembre, la trente-uniéme année de fon regne; c'est-à-dire, le dix-huitiéme d'Octobre 614. Ces canons & cet édit furent aprouvés dans un concile, tenu peu de temps aprés mais on ne fçait ni le temps précis, ni lę lieu.

Le roi Clotaire avoit alors à fa cour plufieurs Saints à la faints perfonages; comme S. Arnoul, S. Romaric, S. Didier, S. Faron, S. Goëric. S. Arnoul étoit né François, de parens tres-nobles & tresriches. Ayant bien étudié dans fa premiere jeuneffe, il fut mis à la cour du roi Theodebert fous la conduite de Giondulfe maire du palais, & devint fi habile dans les affaires, qu'il eut la premiére place auprés du Prince, & gouverna feul fix terres, que fix officiers només domeftiques, avoient coutume de gouverner. Il n'étoit pas moins homme de guerre, Mais il ne laifsoit

pas

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pas de s'apliquer dés-lors à la priere, aux jeû- AN. 61
nes, & au foulagement des pauvres. Il épousa
une fille tres-noble, nomée Dode, & en eut deux
fils, Clodulfe & Anfegife. Arnoul étoit joint
d'amitié avec un autre feigneur, nomé Romaric,
attaché au fervice du même roi Theodebert ; &
ils avoient réfolu ensemble de tout quitter, pour
fe retirer au monaftére de Lerins: mais Dieu ne
permit pas qu'ils exécutaffent ce deflein.

Ils pafferent tous deux au fervice du roi Clo- Ibid.p.17.
taire; & dés la première année qu'il regna feul vita S. Ro-
en France, le fiége de Mets ayant vaqué par la mar. n. 4•
mort de Pappoul, le peuple demanda S. Arnoul
tout d'une voix : & il fut contraint d'accepter
l'épifcopat, quoiqu'il ne fût que fimple laïque.
C'étoit l'an 614. comme l'on croit. Dode fon Ibid. tö
époufe fe retira à Treves, & prit le voile de re- 1944. V.S.
ligieufe. S. Arnoul, tout évêque qu'il étoit, de- Clod. n. 2.
meura malgré lui attaché à la cour du roi Clo-
taire, où il tenoit le premier rang: mais il aug-
menta tellement fes aumônes, que les pauvres
venoient le trouver en foule, même des païs é-
loignés. Il paffoit quelquefois trois jours, &
plus, fans manger: encore fa nourriture n'étoit
que du pain d'orge & de l'eau : il portoit toû-
jours un cilice fous fes habits.

Saint Goëric, furnomé Abdon, étoit parent de S. Arnoul, & lui fuccéda en l'évêché de Mets. Tandis qu'il étoit à la cour du roi Clotaire, il fut lié d'une étroite amitié avec S. Didier tréforier du roi, qui étoit natif d'Albi, & avoit à la même cour fes deux freres, Ruftique & Syagrius: leurs noms montrent qu'ils étoient Romains. S. Didier étoit savant, habile, laborieux, roûjours occupé : fuyant la compagnie des gens du monde, cherchant les moines & les perfones de piété.

Saint Faron étoit fils d'Agneric, ce pieux fei

Coint. an.

614. n. 39.

n. 38.

Aa SS.

B. to. 2.

Lij gneur p. 612.

Sup. n. 7.

gneur qui reçut S. Colomban paffant en Brie. Il fut d'abord à la cour du Roi Theodebert : & aprés la mort il paffa en celle du roi Clotaire, qu'il fervit de fes confeils, & fut protecteur des affligés. Son frere Chagnoalde fut moine à Luxeu, & depuis évêque de Laon. Leur fœur fainte Fare ayant été dés fon enfance confacrée à -Dieu par S. Colomban, fonda un monaftere nomé Eboriac, dont elle fut la premiere abeffe A&SS.1o. & qui fubfifte encore fous le nom de Fare2. p. 48. monftier. Les anciens la noment Burgondofare comme qui diroit noble Bourguignone, auffibien que fon frere.

Sup. 11.

XVI.

S. Loup de Sens.

613. 1. 4.

;

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Saint Loup archevêque de Sens, avoit foûtenu tant qu'il avoit pû le parti du jeune SigeVita ap. bert, aprés la mort de Theodoric fon pere; & Sur. 1.Sept. lors que Clotaire, prenant poffeffion de la BourCoint, an.gogne, envoya attaquer Sens; S. Loup entra dans l'églife cathédrale dédiée à S. Etienne, & fona la cloche pour apeller le peuple. ( C'eft la premiere fois que je trouve les cloches.) Alors les ennemis furent tellement épouvantés, qu'ils ne fongerent qu'à s'enfuir. Enfuite le roi Clotaire étant devenu maître de la Bourgogne, y envoya Farulfe pour prendre foin de fes affaires. Quand il s'aprocha de Sens il fut indigné, que l'archevêque ne vînt pas au-devant de lui avec des préfers : & lors qu'il fut entré il le regardoit de travers. Mais faint Loup lui dit : Le devoir d'un évéque eft de gouverner le peuple, & d'enfeigner aux grands du fiécle les comandemens de Dieu: ainfi c'eft plûtôt à eux à venir à lui. Farulfe encore plus irrité , raporta au roi beaucoup de faufletés contre le Saint & fut aidé dans fes calomnies par Medegifile abbé du monaftere de faint Remi au fauxbourg de Sens, qui vouloit être archevêque à la place de S, Loup.

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Le

AN. 616.

Le roi Clotaire féduit par leurs artifices, envoya S. Loup en exil à Aufene, village dans le Vimeu fur la riviere de Brefle, où il fut conduit par un duc payen nomé Landegifile. Le faint évêque y étant arrivé, trouva des temples profanes, où les gens du païs fervoient les faux dieux. Il crut être envoyé de Dieu pour les convertir ce qui le confola de fon exil. En effet ayant guéri un aveugle, il convertit Landegifile & le baptifa avec plufieurs de l'armée des Francs, qui étoient encore payens. Cependant les citoyens de Sens indignés de ce qu'on leur avoit enlevé leur pafteur, tuerent l'abbé Medegifile dans l'églife de S. Remi, & le punirent ainfi de fa trahifon. Enfuite ils prierent l'archidiacre Ragnegile, d'aller trouver Vinebaud abbé de S. Loup Troyes, célébre fa fainteté pour le prier de demander au roi Clotaire le rapel de faint Loup de Sens. Saint Vinebaud alla trouver le roi, qui étoit prés de Rouen ; & obtint la liberté non feulement de S. Loup, mais de plufieurs autres, que fes ducs & fes comtes tenoient dans les prifons. Quand S. Loup fur venu, il le préfenta au roi ; qui le voyant maigre & défiguré, par le chagrin de fon exil, en fut touché, détefta fes calomniateurs, le fit manger à fa table,' fe profterna pour lui demander pardon, & le renvoya à fon églife avec de grands préfens. S. Vine- Boll. 6. baud l'accompagna jufques à Sens, & mourut Apr. to. 9. vers l'an 613. le fixiéme d'Avril.

par

S. Loup étoit né à Orleans, d'une famille alliée aux rois: fa mere Auftregilde ou Agia, étoit foeur de faint Aunacaire évêque d'Auxerre, & de S. Auftrene évêque id'Orleans, qui formerent leur neveu dans la cléricature. Il fuccéda l'an 609. à Artemius archevêque de Sens: & mourut à la terre de Brinon, qui apartient encore à fon églife: mais il fut raporté à Sens, &Liij en

P.572.

AN. 616.

enterré, comme il l'avoit ordoné, aux pieds de Martyr. R. fainte Colombe. Sa mort arriva vers l'an 623. le premier de Septembre, jour auquel l'église

1. Sept.

XVII.

Eglife d'Angle

terre. Beda 11.

hifts. epit.

Martyr. R.

24 Feb. Boll to. 5. P. 470.

horore fa memoire.

. Cependant la nouvelle églife d'Angleterre fut violemment ébranlée. Le roi Edelbert mourut l'an 616. la vingt-uniéme année depuis la miffion de S. Auguftin, aprés en avoir regné cinquantefix. Il eft compté entre les faints, & l'église her ore fa mémoire le vingt-quatrième de Février, qui fut le jour de fa mort. Il fut enterré dans la galerie de S. Martin, de l'églife des apôtres S. Pierre & S. Paul à Cantorberi; & ce fut auffi la fépulture de la reine Berthe fon épouse. Il fit des loix pour fon peuple, qui començoient par les amendes, contre ceux qui auroient dérobé quelque chofe à l'églife, à l'évêque, ou à quelqu'un du clergé. Son fils Ebdald Jui fuccéda dans le royaume de Cant : mais il étoit encore payen & déréglé dans fes mœurs, jufqu'à entretenir la femme de fon pere. Son exemple fut une occafion d'apoftafie à ceux qur n'avoient embraffé la religion Chrétiene, que par complaifance pour fon pere, ou par crainte: & ils retournerent à l'idolâtrie & à la débauche. Mais le nouveau roi, en punition de ses crimes, étoit fouvent aliené de fon efprit, & tourmenté du démon.

Sabereth on Saba roi des Saxons orientaux, mourut vers le même temps, laiflant fes trois fils, qui étoient demeurés payens. Ils comencerent à exercer publiquement l'idolatrie, qu'ils avoient un peu interrompue de fon vivant ; & donerent pleine liberté à leurs fujets de fervir les idoles. Comme ils voyoient Mellit évêque de Londres, diftribuer au peuple dars légte l'euchariftie à la fin de la meffe, ils lui difoient: Pourquoi ne nous donés-vous pas auffi ce pain' blanc,

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