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A. 618. vrier, l'empereur Heraclius arriva avec fon ar mée, fuivant la prédiction du faint, qui avoit dit la veille de fon martyre: Scachés, mes freres, que demain je finirai par la grace de Dieu, vous ferés délivrés dans peu de jours, & ce roi injufte fera mis à mort. Le moine qui l'avoit fuivi, revint au bout d'un an au monastére, raportant la tunique du martyr. Il raconta à l'abbé toute fon hiftoire, qui fut écrite dés-lors, comme nous l'avons. Le corps de S. Anastafe fut depuis aporté par le même moine à C P. & enfuite en Palestine à fon monaftére. Enfin l'image de fa tête, & fa tête même furent aportées à Rome, où on les voit encore au monastére nomé Adaquas Salvias, qui porte le nom de S. Vincent & Martyr. R. de S. Anaftafe. Car l'églife Romaine les honore 22. Janu. enfemble, le vingt-deuxième de Janvier.

Mirat. S.
Anaft.Bell,
P. 436.
V. Mabill.
Iter. Ital.

P. 142.

XXXIII. Mort de Cofroës. Theoph. p. 270.

Cofroës s'étoit rendu odieux aux fiens, nonfeulement par fon avarice & fa cruauté; mais parce qu'il avoit refufe plufieurs fois la paix, que l'empereur Heraclius lui avoit offerte; comme il fit encore au comencement de cette année 628. étant déja prefque maître de la Perfe. Sarbazara, qui étoit à Calcedoine, lui étant devenu fufpect, il voulut le faire mourir: mais celui-ci en fut averti, traita avec les Romains, & 'se déclara contre Cofroës. D'ailleurs Cofroës dans fa fuite, étant tombé malade de diffenterie, voulut faire couroner Mardefan, qu'il avoit eu de Sirem fa femme bien-aimée. Siroës ou Syroüyé fon fils aîné, en fut tellement irrité, qu'il fe révolta ouvertement, fe fit reconoître roi, & traita avec l'empereur Heraclius. Cofroës fut pris, chargé de chaînes, & mis dans la maifon de tenébres, que lui-même avoit fait bâtir pour y mettre les tréfors. Là on lui faifoit fouffrir la faim, ne lui donant qu'un peu de pain & de l'eau. Qu'il mange l'or qu'il a amaffé en vain, difoit

Siroës,

Siroës,& pour lequel il a fait mourir de faim AN. 618, tant d'innocens. Il envoya les fatrapes & tous les ennemis lui infulter, & cracher fur lui. Il fit égorger devant lui Mardefan, qu'il avoit voulu touroner, & tous fes autres enfans. Il fut traité de la forte cinq jours durant ; & cependant on le perçoit de fleches, pour le faire mourir petit-àpetit. Ainfi périt Cofroës roi de Perse, par les ordres de fon propre fils.

L'empereur Heraclius en écrivit la nouvelle à

CP. par une lettre, où il marque le jour de la Chr. pafch mort de Cofroës, le vingt-huitiéme de Fevrier, P. 398. indiction premiére, qui eft cette année 628. & envoye copie de la lettre de Siroës, par laquelle il fait part à l'empereur de fon couronement, & témoigne défirer la paix. Cette lettre d'Heraclius fut lue à C P. fur l'ambon de la grande églife, le jour de la pentecôte, quinziéme Mai de la même année, dix-huitième de fon regne.

Siroës fit en effet une paix folide avec Hera XXXIV. clius, & lui rendit tous les Chrétiens qui étoient La fainte captifs en Perfe, entre autres, Zacharie patriar- Croix ra che de Jerufalem: avec la vraye croix, que Sar- portée. bazara en avoit enlevée, quand la ville fut prife, p. 272. Theoph. quatorze ans auparavant. Elle fut d'abord apor- Sup.n. 10. tée à C P. mais l'année fuivante 629. au comencement du printemps , l'empereur Heraclius s'embarqua, pour la reporter à Jerufalem, & rendre graces à Dieu de fes victoires. Etant arrivé, il établit le patriarche Zacharie, & remit la croix à fa place. Elle étoit demeurée dans fon S. Niceph. étui, comme elle avoit été emportée le patriar- hift. p. 13. che avec fon clergé en reconnut les sceaux entiers, l'ouvrit avec la clef, l'adora, & la montra au peuple. Les auteurs originaux difent toûjours au plurier les bois de la croix, Taxyla: ce qui montre qu'elle étoit partagée en plufieurs pieces. L'églife Latine célébre la mémoire de la fainte

Suid. He

rail.

Ал. 619.

Sup. liv.

IX. n. 43. V. Baron. in Martyr. R. 1 14.Sept. Theoph.

an. 19. Suid. He

rast

XXXV.

roi de France.

Freg. c. 62.

8.56.

C. 47.

c. 58.

Croix raportée par Heraclius le quatorziéme de Septembre: mais les Grecs n'y font mémoi re, que de l'aparition faite à Constantin, quoique les uns & les autres noment cette fête l'exaltation de la Croix ; & il eft certain, que l'on célébroit cette fête au même jour long-temps avant Heraclius. Il chaffa les Juifs de Jerufalem, leur défendant d'en aprocher de trois milles; & étant à Edeffe, il rendit aux Catholiques l'églife que Cofroës avoit donée aux Neftoriens. Il continua à la grande églife de CP. & à fon clergé une rente annuelle, en payement fommes qu'il en avoit prifes pour les frais de cette guerre.

des

L'empereur Heraclius confirma la paix avec Dagobert le roi des François, dont les ambaffadeurs revinrent en France cette année 629. C'étoit Dagobert qui regnoit alors: car Clotaire fecond mourut l'année précédente 628. quarante-cin quiéme de fon regne, depuis la mort de fon pere Chilperic; & fut enterré à S. Vincent prés de Paris, c'eft-à-dire, S. Germain des prez. Six ans auparavant, il avoit doné le royaume d'Auftrafie à fon fils Dagobert, avec Arnoul évêque de Mets, & Pepin maire du palais, pour l'aider de leurs confeils ; & tant qu'il les fuivit, fon regne fut accompagné de profpérité & de gloire. Vita fand. Mais S. Arnoul quitta vers ce temps-là fon fiége Arn. n. 17. & la cour, malgré la réfistance du roi DagoAct. B. to. bert, qui fit tous fes efforts pour le retenir; jufques à le menacer de couper la tête de fon fils. Le faint prélat fe retira dans la folitude de Volge, prés les monafteres de Remiremont, fur la montagne en un lieu où l'on voit encore un hermitage. Il y mourut vers l'an 640. & fes reliques furent aportées à Mets, où elles font encore dans la célèbre abbaïe de fon nom. L'égliLe honore fa mémoire le dix-huitiéme de Juillet.

2. p. 154.

Martyr. R.

28. Jul

Aprés

Aprés lé retraite de S. Arnoul, Dagobert Fred. c.58. continua de gouverner fon royaume d'Auftrafic avec beaucoup de juftice, par les confeils de Pepin maire du palais, & de S. Cunibert évêque de Cologne. Mais aprés la mort de Clotaire, Da- c. 60. gobert vint réfider en Neuftrie, & comença à s'éloigner de la juftice, qu'il avoit obfervée jufques alors, prenant les biens de fes fujets, & même des églifes, pour en remplir fes trélors. Il s'abandona fans mefure à l'amour des femmes. Dés l'année 628. il quitta Gomatrude, qu'il c. 58. avoit épousée du vivant de fon pere, & prit à fa place Nantilde, une des filles qui fervoient dans le palais. L'année suivante, huitiéme de fon regne; il prit encore une autre fille nomée Ra-gnetrude. Enfin il avoit trois femmes à titre de ‹. 59. reines, Nantilde, Ulfigunde, & Berchilde, & des concubines en fi grand nombre, que l'hiftorien n'a daigné en mettre les noms.

Exil de S.

V. S. Aman. n. 15. to. 2.

A. B

Saint Amand, plus hardi que tous les autres XXXVI. évêques, reprocha ces crimes au roi Dagobert, qui le fit chaffer honteusement de fon royaume; Amand. & le faint évêque s'en alla dans des païs éloignés prêcher la foi aux infidéles. Cependant le roi n'avoit point encore d'enfans de tant de femmes, & en demandoit à Dieu, quand il aprit avec une p. 715. extrême joye, qu'il lui étoit né un fils de Ragnetrude; & fongeant par qui il le feroit baptifer, il envoya chercher S. Amand. Les officiers du roi l'ayant enfin trouvé, il revint par obéïffance, & le trouva à Clichi prés de Paris. Le roi ravi de le voir, fe jetta à fes pieds, lui demanda pardon: & le pria de baptifer l'enfant & de le prendre pour fon fils fpirituel : mais S. Amand craignant que cette éducation ne l'engageât dans les affaires feculieres, contre le précepte de l'apôtre, fe retira de la présence du roi, Dagobert lui envoya aufu-tôt deux des princi

AN. 630.

Fredeg, c.

62.

XXXVII. Comence

ment de S. Amand. Vita c. I.

paux de fa cour, Dadon & Eloi encore laïques, mais déja diftingués par leur fainteté : qui lui représenterent que cette familiarité avec le roi, lui procureroit plus de liberté pour prêcher par tout où il lui plairoit dans fon royaume, & convertir plus d'infidéles. Saint Amand se rendit à leurs prieres, & le roi Dagobert fit porter fon fils à Orleans, où fe rendit fon frere Cherebert qui regnoit fur une partie de l'Aquitaine, & qui fut le parrain de l'enfant. S. Amand l'ayant pris entre fes mains, & lui ayant doné la bénédiction pour le faire catécuméne, comme persone ne répondoit, l'enfant qui n'avoit que quatre jours, répondit clairement, Amen. Auffi-tôt il fut baptife, & nomé Sigebert ; & devint enfuite plus illuftre par fa fainteté, que par fa naiffance. C'étoit la huitième année du regne de Dagobert: c'eft-à-dire l'an 630.

Saint Amand étoit né à Herbauge prés de Nantes , que l'on mettoit alors en Aquitaine, comme étant de l'autre côté de la Loire. Son pere fe nomoit Serenus, fa mere Amantia ; ce qui marque une famille Romaine. Ayant été bien inftruit dés l'enfance dans les faintes lettres, fi-tôt qu'il eut paffé la premiere jeuneffe, le défir de la perfection lui fit quitter fon païs, pour fe retirer dans un monaftere en l'île d'Oye, fur la côte de Poitou prés l'île de Ré, fon pere ayant fait de vains efforts pour le faire rentrer dans le monde: il vint à Tours, & priant au tombeau de S. Martin, il demanda à Dieu de ne revoir jamais fa patrie, mais de paffer sa vie en changeant de païs comme étranger. Là il coupa fes cheveux, & fut reçu dans le clergé de cette églife. Puis avec la bénédiction de l'abbé & des freres, il alla à Bourges, où S. Auftregifile, qui en étoit évêque, & S. Sulpice alors archidiacre, le reçurent favorablement, & lui firent

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