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avec cette diférence, qu'Aboubecre avoit égard AN. 635. à la qualité des perfones, & Omar confideroit le befoin: difant que les biens de ce monde n'étoient donés, que pour fubvenir aux néceffités de la vie. Ces premiers califes, accoûtumés à leur anciéne pauvreté, menoient une vie fimple & frugale. Omar regna dix ans, pendant lef lefquels les Mufulmans ruinerent l'empire des Perfes, & conquirent fur les Romains la Syrie & l'Egypte.

La quatorziéme année de l'hegire 635. de JESUS-CHRIST, ils prirent Damas, & s'é

tablirent dans la Phenicie. L'empereur Heraclius Theoph.an. abandona le Syrie, & fe retira à C P. où il fit 24. p.280. même porter le précieux bois de la croix : voyant que Jerufalem feroit bien-tôt prife, comme elle fut en effet au bout de deux ans. Saint Sophrone Bibl. pp. exhortoit fon peuple à profiter de cette calamité, to...p.564. pour fe convertir: comme nous voyons par un 5. fermon, qu'il fit en ce temps-là le jour de noël, oi il fe plaint amérement, de ce que

l'incurfion

des barbares ne permet pas aux fidéles d'aller en
ce faint jour à Bethleem, fi proche de Jerufa-
lem
pour fatisfaire à leur piété.

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VI. Lettre fy

nodale de

S. Sophro

ne.

Si-tôt que S. Sophrone fut établi dans le fiége de Jerufalem il aflembla fon concile, & écrivit une lettre fynodale fuivant la coûtume, pour rendre compte de fa foi aux évêques des grands fiéges. Elle eft adreffée à Sergius patriar- Conc.6.a. che de C P. & felon d'autres exemplaires au pa- . p. 8520 pe Honorius ; & on ne doute pas, qu'elle n'ait D. Phot. été envoyée à l'un & à l'autre. Elle eft tres-longue, & comence par les plaintes que fait faint Sophrone d'avoir été tiré de fa retraite, pour être placé fur un fi grand fiége. Puis il fait fa confeflion de foi, cù il explique fort au long le D myftére de la Trinité: refutant les héréfies contraires. Il en fait de même fur l'Incarnation; &

s'étend

cod. 231.

p. 887.

Conc.p.856.

p. 864. B.]

p. 869. D.

s'étend principalement à prouver l'unité de perfone, contre Neftorius ; & la diftinction des natures, contre Eutychez; puis il ajoûte : De-là vient, que le même JESUS-CHRIST opéroit réellement ce qui convenoit à l'une & à l'autre fubftance; ce qu'il n'auroit pas fait, s'il n'avoit p.872. A. eu qu'une nature. Enfuite: Comme en JESUSCHRIST chaque nature conferve fa propriété, ainfi chacune opére ce qui lui eft propre. Et encore: Nous favons que chacune des deux natures a fon opération réelle, naturelle & convenable. Et encore: C'est pourquoi nous ne difons point, qu'elles ayent une feule opération réelle, naturelle & indiftincte, pour ne les pas réduire à une feule fubftance & une feule nature, suivant l'erreur des Acephales. Car on ne conoît les natures que par les opérations,

Ibid. E.

p. 873. B.

P. 876.

4

Pour rendre plus fenfible la diftinction des Ibid. E. opérations, il les raporte en détail. Premierement les opérations humaines. JESUS-CHRIST naît comme nous, il eft nourri de lait, il croît, il paffe par les diférens âges, jufques à ce qu'il foit homme parfait. Il fouffre la faim, la soif, la fatigue des voyages: marchant comme les autres hommes, & paffant d'un lieu en un autre. Car il étoit véritablement homme, avec un corps borné & déterminé à une certaine figure. Ainfi étant enfant, il étoit porté entre les bras de la Vierge fa mere, & repofoit fur fon fein. Ainfi quand il étoit las, il s'affeïoit ; & dormoit, quand il en avoit befoin. Il fentoit même la douleur, quand on le frapoit, quand on le flagelloit, quand on lui perçoit les pieds & les mains fur la croix. Il donoit quand il vouloit à la nature humaine, l'occafion de faire ou de fouffrir ce qui lui eft propre : de peur que fon incarnation ne parût une imagination & un vain fpectacle. Car aucune de ces actions, ou

de

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C.

de ces fouffrances n'étoit involontaire ; quoi-
qu'elle fût humaine & naturelle: Dieu nous
garde d'une penfée fi déteftable. C'étoit un Dieu,
qui vouloit bien souffrir ainfi par fa chair, pour
nous fauver & nous mériter l'impaffibilité. Il
étoit revêtu d'un corps paffible, mortel & cor-
Id.
ruptible, fujet à nos paffions naturelles & inno-
centes & il lui permettoit d'agir & de fouffrir
felon fa nature, jusques à la réfurrection: où il
s'affranchit de tout ce qui eft en nous de cor-
ruptible, pour nous en délivrer nous-mêmes.
Comme il s'étoit fait homme volontairement
auffi c'étoit volontairement qu'il fouffroit: non
pas comme nous involontairement, par néceffité
& par une efpéce de tyranie; mais quand & au-
tant qu'il vouloit.

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p.880.

Quant aux opérations divines: c'eft premiere- p. 876. E. ment fa conception miraculeufe: le treffaillement de S. Jean dans le fein de fa mere: la naiffance de JESUS, pendant laquelle & aprés laquelle fa fainte mere eft demeurée vierge comme devant. Les bergers inftruits par une voix céleste, les Mages attirés par l'étoile, leurs préfens, leur adoration. D'avoir fçu les lettres fans les avoir aprifes. L'eau changée en vin : la guérison des malades, des aveugles, des paralytiques, des lépreux; tous les autres miracles, qui bien qu'exécutés par le corps, font des preuves de la nature divine. Saint Sophrone ajoûte, qu'il y a p. 880, A en JESUS-CHRIST des opérations d'un moyen ordre tout ensemble divines & humaines ; &

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c'eft à ce genre, qu'il raporte l'opération Theandrique de S. Denis, qui étoit le fort des Monothelites. Car on ne conteftoit déja plus l'autorité Sup. liv. des livres attribués à S. Denis Areopagite, in- xxx11.7.3}• connus cent ans auparavant.

Saint Sophrone condamne enfuite les erreurs p. 881. B. d'Origene puis il déclare, qu'il reçoit les cinq p. 884. E.

conTM

p. 888. C. Phot. cod. 231. p.887.

Conc. p. 890. C.

pa

conciles généraux de Nicée, de Ĉ P. d'Ephefe, de Calcedoine, & le fecond de C P. Il reçoit tous les écrits de S. Cyrille, & la lettre de faint Leon, comme les décifions de S. Pierre & de S. Marc. Il anathématife tous les hérétiques, dont il raporte les noms depuis Simon le magicien jufques à ceux de fon temps, entre lesquels il nome deux Origenes, le fecond furnomé Adamantius: & il joint Magnus à Apollinaire. Entre les derniers il nome Jaques le Syrien, que l'on croit être le chef des Jacobites ; & enfuite Athanafe le Syrien, que l'on croit être leur triarche , que l'empereur Heraclius trouva à Sup. liv. Hieraple, comme j'ai dit. Il lui joint un certain Anaftafe, & tous ceux qu'ils ont engagés à une fauffe condefcendance : ce qui peut s'entendre de Cyrus, de Sergius & de l'empereur même. Toutefois S. Sophrone foûmet fa doctrine à la correction de Sergius, à qui il écrit, & fe rep.897.B. comande à fes prieres. Puis il ajoûte: Priés auffi pour nos empereurs, c'eft Heraclius, & fon fils; afin que Dieu leur done la victoire fur tous les barbares: mais principalement, qu'il abaiffe l'orgueil des Sarrafins; qui pour nos pé chés viennent de s'élever contre nous inopinément, & ravagent tout avec une cruauté féroce & une audace impie.

XXXVIII.

1. 40.

p. 896. B.

VII.

Seconde

lettre du

norius.

Conc 6.act.

Cette lettre n'empêcha pas que le pape Honorius ne perfiftât dans fa premiere refolution, d'impofer filence aux deux parties. Il écrivit pape Ho- donc à Cyrus patriarche d'Alexandrie, qu'il falloit rejetter la nouvelle invention de ce terme : d'une ou de deux opérations : & ne point obfcurD. cir la doctrine de l'églife, par les nuages de ces difputes mais banir de l'explication de la foi, ces mots nouvellement introduits. Il écrivit auffi une feconde lettre à Sergius de C P. ù il difoit: Ceux qui parlent ainfi, ne s'imagi

14.p.968.

nent

ས་

nent-ils pas, que suivant que l'on attribue à J ESUS-CHRIST une ou deux natures, on reconoît auffi une ou deux opérations? Ce qui eft tres-impertinent à penfer ou à dire. Il ajoûtoit : J'ai cru vous le devoir déclarer, pour vous montrer la conformité de ma foi avec la vôtre : afin que nous foyons animés d'un même esprit. Nous avons auffi écrit à nos freres Cyrus & Sophrone, qu'ils n'infiftent point fur ce nouveau terme d'une ou de deux volontés: mais qu'ils difent avec nous, que c'eft un feul JESUSCHRIST, qui en deux natures opére ce qui eft divin & ce qui eft humain. Nous avons même inftruit ceux que Sophrone nous a envoyés, de ne point parler à l'avenir de deux opérations ; & ils ont promis tres-expreffément, qu'il le feroit, pourvû que Cyrus s'abftint auffi de parler d'une opération. Telle eft la feconde lettre d'Honorius à Sergius, où il fe déclare entierement d'accord avec lui; & traite également l'expreffion de deux opérations & d'une feule de nouveautés fcanda→ leufes. Quant à la promeffe des envoyés de faint Sophrone, il ne paroît pas qu'ils euffent le pouvoir de la faire ; & il eft certain qu'elle n'eut aucun effet.

p. 969. C.

à Roine.

Au contraire S. Sophrone continua à s'opofer VIII. aux Monothelites, & recueillit en deux volumes S. Sophrofix cens paffages des peres, pour les convain- ne envoye cre, & tâcher à les ramener. Mais il ne fit que les aigrir & attirer leurs calomnies. C'eft pour- Suppl. quoi voyant le mal gagner toûjours, il crut de- Steph.to.G. voir envoyer à Rome; & prenant Etienne évê- Conc.p.104. que de Dore, le premier de fes fuffragans, il le mena au calvaire, & lui dit : Vous rendrés compte à celui qui a été crucifié en ce faint lieu quand il viendra juger les vivans & les morts fi vous négligés le péril où la foi fe trouve. Faites donc ce que je ne puis faire en perfone, à

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cause

C.

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