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XXII.'

çue par

par Cyrus.

Conc. La ter. fecr. 3.

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parce qu'il s'enfuit, qu'il faut reconoître en J ESUS-CHRIST deux volontés contraires : comme fi le Verbe avoit voulu l'accomplissement de la paffion, & que fon humanité s'y fût opolee: en forte que l'on admît deux perfones voulant des chofes contraires : ce qui eft impie, & éloigré de la doctrine Chrétienne. Car fi l'infame Neftorius, quoique divifant l'incarnation, & introduifant deux Fils, n'a ofé dire qu'ils euffent deux volontés, & au contraire a reconnu une même volonté dans les deux perfones qu'il imaginoit; comment les Catholiques, qui reconoiffent un feul JESUS-CHRIST peuvent-ils admettre en lui deux volontés, & même contraires ? C'est pourquoi, fuivant en tout les faints peres, nous confeffons une feule volonté en JESUS-CHRIST, & croyons que fa chair, animée d'une ame raifonable, n'a jamais fait aucun mouvement naturel féparément & d'elle-même, contraire à l'efprit du Verbe, qui lui étoit uni felon l'hypoftafe. Telle eft la fameuse ethele d'Heraclius: où, quoiqu'il défende d'abord de dire une ni deux opérations, il foûtient enfuite expreffément une feule volonté : qui eft l'hérésie formelle des Monothelites.

:

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Le patriarche Sergius, qui étoit le véritable Eathefe re- auteur de l'ecthese, ne manqua pas de la confirmer, dans un concile, qu'il tint à C P. Il la fit Sergius & lire par Etienne prêtre, fyncelle & garde des chartes puis il demanda l'avis au concile, qui répondit: L'ecthefe de nôtre grand & fage empereur, qui vient d'être luë, eft vraiment conforme à la doctrine des apôtres. Ce font les dogmes des peres, les remparts de l'églife, le foutien de la foi orthodoxe. C'est ce que difent les fymboles des cinq conciles. C'eft ainfi que nous 20.3. C. croyons. Sergius dona auffi fon aprobation folemnelle, & ajoûta: Si quelqu'un au mépris des

P. 202. E.

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défenfes de l'empereur', de ce faint concile, ofe enfeigner ou avancer une ou deux volontés en JESUS CHRIST: s'il eft évêque, prêtre ou clerc, nous ordonons qu'il foit interdit de toute fonction du facerdoce ou du miniftére: s'il eft moine ou laïque, nous le féparons de la comunion du corps & du fang de JESUS-CHRIST, jufques à ce qu'il rentre dans fon devoir.

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L'ecthefe fut auffi envoyée au pape Severin, & à Cyrus patriarche d'Alexandrie; comme il paroît par la lettre de ce dernier à Sergius de C P. qui començoit ainfi : Comme j'étois prêt Ibid. p. d'envoyer mes réponses à C P. Euftathe maître 207. B. de la milice, eft arrivé, & m'a aporté vos lettres, contenant la copie de l'expofition de la foi, faite fi à propos & fi prudemment, par nôtre tres-pieux empereur, & envoyée à Ifaac, tresexcellent patrice & exarque d'Italie; comme devant être aprouvée par nôtre tres-faint frere Severin, qui doit, Dieu aidant, être ordoné à Rome. Je l'ai lu avec foin, non pas une ou deux fois, mais plufieurs ; & cette lecture m'a réjoui, & ceux qui étoient avec moi, voyant une explication qui brille comme le foleil, & enfeigne nettement la pureté de nôtre foi. J'ai rendu graces à Dieu, qui nous a donê un conducteur fi fage. Plaife à celui qui l'a rendu tel dans les chofes fpirituelles, de lui doner la force contre fes ennemis; afin que nous puiffions dire: Il nous a délivrés trois fois; fçavoir, de la puiffance du tyran, c'eft Phocas, de l'orgueil des Perfes, & de l'infolence des Sarrazins. Au refte vous fçavés que je tiens vâtre doctrine, que je m'y conforme entierement, & par conféquent, que j'embraffe avec joye l'expofition de l'empereur. Soit que le pape Severin reçût l'ecthese, Loit qu'il fut déja mort quand elle arriva Rome; il eft certain Cone. Later qu'elle ne fut jamais aprouvée par le faint fiége, fecr. 3. P1 mais 210, B

Difput.

Max. cum
Pyr. p 15

Conc. Later.

Jer. 3. p.

206.

XXIII.

ne

mais au contraire condamnée & anathématifée particuliérement par le pape Jean IV. Le patriarche Sergius ne furvécut gueres à la publication de l'ecthefe: car il mourut la même année 639. indiction douzième, aprés avoir tenu prés de trente ans le fiège de C P. L'empereur Heraclius lui fit doner pour fucceffeur Pirrus, prêtre & moine de Chryfopolis, prés de Calcedoine déja lié avec Sergius d'une étroite familiarité. L'empereur lui-même le nomoit fon frere, parce qu'il avoit levé des fonts fa fœur. Si-tôt que Pirrus fut patriarche, il ne manqua pas d'aprouver l'ecthefe d'Heraclius. Il tint pour cet effet un concile à la hâte, & fans obferver les formalités néceffaires : où aprés avoir doné de grandes louanges à l'empereur, il ordona que l'ecthefe feroit foufcrite par tous les évêques, tant préfens, qu'abfens, fous peine d'excomunication. Les vœux de Cyrus contre les Mufulmans, Conquêtes furent pas exaucés, & jamais ils ne poufferent des Mufal- leurs conquêtes avec plus de rapidité. Dés l'an 638. ils prirent Antioche. Le calife Omar envoya Moavia fils d'Aboufophian, en qualité .d'émir , pour comander à tout ce qu'ils poffedoient depuis l'Egypte jufques à l'Eufrate. Ainfi la Syrie paffa fous leur puillance, aprés avoir été fous celle des Romains pendant 704. ans, depuis que Pompée en fit la conquête, l'an de Rome 688. Damas devint la capitale de cette province; & Antioche, qui l'avoit été depuis fa fondation, pendant 950. ans, diminua peu à peu, & n'eft plus aujourd'hui qu'un petit village. L'année fuivante 639. les Mufulmans pafferent l'Eufrate, & prirent Edefle & toute la MefopoAbulfar. tamie: puis ils conquirent la plus grande partic p.12.13. de l'empire des Perfes, ayant défait en bataille & chaffé de fes états, leur roi Idegerd, ou Bibl. or.p. Yezdegird. Il fut le dernier de la race des Safla

mans.

Theoph. an. 28. p.

282.

762.p.485.

niens; & l'on compte une époque chronologique depuis le Comencement de fon regne, qui eft l'an onzième de l'hegire, 63 2. de JESUS-CHRIST.

La conquête de la Perfe aporta aux Mufulmans Elmac. p. des richeffes immenfes.

payer.

İl en

25.29%

Theoph.an.

25. p. 280, D.

Aprés la conquête de la Palestine, le calife Omar envoya une grande armée en Egypte, fous la conduite d'Amrou. Il affiégea premierement S. Niceph. Mefra, qui eft l'ancienne Memphis ; & l'ayant 18. prife, il impofa un tribut à l'Egypte, que Cyrus patriarche d'Alexandrie, promit de fut accufé auprés d'Heraclius, comme ayant livré l'Egypte aux Sarrazins ; & l'empereur irrité le fit venir à C P. & l'ayant accufé devant le peuple, le menaça de le faire mourir. Cependant il envoya pour gouverneur d'Egypte un Armenien, nomé Manuel, qui ayant refufé de payer le tribut aux Arabes, & en étant venu aux mains avec eux, fut battu & fe fauva à Alexandrie. Heraclius l'ayant apris, renvoya Cyrus, pour perfuader aux Mufulmans de s'en tenir au premier traité, & fe retirer d'Egypte : mais il n'étoit plus temps; au contraire, aprés avoir pris encore quelques autres places, ils affiégerent Alexandrie. Le fiége dura quatorze mois ; & la Elm. p.24. ville fut prife le vendredi, fecond jour du mois Arabe Mouharran, la vingtiéme année de l'hegire; c'est-à-dire, le vingt-deuxième de Decembre, l'an 640. de JESUS-CHRIST. Ainfi les Mufulmans furent maîtres de l'Egypte, aprés qu'elle eut été fujette aux Romains pendant 666. ans, depuis la bataille d'Actium, où Augufte défit Antoine & Cleopatre. Alexandrie ceffa d'être la capitale, mais elle n'a pas laiffé de fubfifter par fon port & fon comerce.

Amrou dona des lettres de fauvegarde à Ben- Elm. p. 30. jamin patriarche des Jacobites, qui avoit été ca- hift. d'Aché dix ans sous le regne d'Heraclius. Il rentra lex. Vang,

donc

AN. 641.

p. 114.

donc à Alexandrie avec grande joye ; & depuis će temps, il y eut toûjours un patriarche Jacobite, outre le Melquite, c'eft-à-dire, celui qui fuivoit la religion de l'empereur, comme étoit alors Cyrus. Les Jacobites donent à Benjamin le furnom de Meriout ou de la Mareote, & le comptent pour le trente-huitiéme patriarche d'Alexandrie. Ils lui donent prés de trente-neuf ans de fiége, depuis l'an 3 25. de l'ére des mar tyrs ou de Diocletien, jufques à l'an 3 64. c'està-dire, depuis l'an de JESUS-CHRIST 609. Abulfara. jufques à l'an 648. Entre les Jacobites ou Severiens d'Alexandrie, Jean furnomé le Grammairien, étoit eftimé pour fa doctrine: Amrou même le confidéroit. Jean lui demanda les livres qui étoient dans les bibliotheques d'Alexandrie, comme inutiles aux Mufulmans. Amrou répondit, qu'il ne pouvoit en difpofer, fans ordre du Calife. Il lui écrivit done, & en reçut cette réposfe: Si ce que ces livres contiennent 'avec le livre de Dieu, le livre de Dieu nous fuffit: s'ils contiennent quelque chofe qui y foit contraire, nous n'en avons point befoin. Ainfi il faut s'en défaire. Amrou fit donc diftribuer ces livres dans les bains d'Alexandrie ; & on les en chauffa pendant fix mois, quoiqu'il y eût quatre mille bains.

XXIV.

Mort

d'Hera

clius.

empereur.

s'accorde

en

Le pape Jean condamna encore l'ecthese, écrivant à Pyrrus patriarche de C P. Ce que voyant l'empereur Heraclius, il écrivit au pape Conftantin en ces termes : L'ecthefe n'eft point de moi; je ne l'ai ni dictée, ni comandée: mais le patriarche Sergius l'ayant compofée cinq ans avant que je revinile d'Orient, il me pria, quand je fus à Max. n. 11. C P. qu'elle fût publiée en mon noin, avec ma P.38. foufcription; & je me rendis à fa priere. Maintenant voyant que c'eft un fujet de difpute, je déclare à tout le monde, que je n'en fuis point l'av

Ada S.

teur

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