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la province. S. Gregoire étoit fon ami,& pluplu➡ fieurs croyoient, qu'étant devenu évêque, il ne 1. epift. 33. lui écriroit pas fouvent : mais le faint Pape crut que fa place ne lui permettroit pas de fe taire. Je vous parlerai donc, dit-il à Venance, quand vous devriés le trouver mauvais : parce que je défire de tout mon cœur vôtre falut & que je ne veux point être coupable de vôtre perte. Vous favés quel habit vous avés porté, & où vous êtes tombé. Confiderés ce que vous mériterés au jugement de Dieu : vous qui lui avés ôté, non pas quelque argent, mais vous-même que vous lui aviés dévoué fous l'habit monaftique? Je fuis fi accablé de trifteffe, qu'à peine puis-je vous parler; & toutefois le reproche de vôtre confcience vous rend mes paroles infuportables: vous en rougiffés; vous en détournés les yeux. Si donc vous ne pouvés fuporter les paroles d'un homme, qui n'eft que pouffiere, que ferés-vous au jugement du créateur ? Je fai qu'à la réception de ma lettre vous affemblés vos amis, & vous confultés fur vôtre vie les complices de vôtre mort: ces gens, qui ne vous difent que ce qui vous eft agréable dans l'occafion , parce qu'ils aiment vos biens & non pas vous. Si vous cherchés un confeil, prenés le mien perfone ne vous en peut doner un plus fidéle, que celui qui vous aime, & non pas vos biens. Si mon zéle vous eft fufpect, j'apellerai toute l'église au confeil, & je fouscrirai volontiers à ce qui fera décidé d'un comun confenV.x.epift. tement. Venance ne fe convertit point, mais S. Gregoire ne renonça pas à son amitié.

25.31.

XXI. Conver

fions des

:

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Vers le même temps, en 591. un Juif nomé Jofeph fe plaignit à S. Gregoire, de Pierre évêJuifs. que de Terracine, qui aprés avoir chaffé les 1. epift.34. Juifs d'un lieu où ils avoient accoûtumé de s'affembler, & permis qu'ils s'affemblaffent dans un

autre ;

autre ; vouloit encore les en chaffer. S'il eft ainfi, dit S. Gregoire écrivant à l'évêque, nous voulons que vous faffiés ceffer ces plaintes: Car c'eft par la douceur, la bonté, les exhortations, qu'il faut apeller les infidéles à la religion chrétienne ; & non pas les en éloigner par les menaces & la terreur.

Les Juifs de Caillari, métropole de Sardaigne, vinrent à Rome fe plaindre en 598. qu'un d'entre eux nomé Pierre, qui s'étoit fait chrétien, le lendemain de fon baptême, c'est-à-dire, le jour de pâque, s'étoit emparé de leur fynagogue par violence, s'étant fait accompagner d'une troupe d'infolens ; & y avoit mis une image de la fainte Vierge, une croix, & l'habit blanc qu'il avoit reçu au baptême. S. Gregoire en écrivit à Janvier évêque de Caillari, le loüant de ce qu'il n'avoit point confenti à cette violence; & l'exhortant à faire ôter l'image & la croix, avec la vénération qui leur eft dûe, & rétablir les chofes comme auparavant. Car, ajoûte-t-il, comme les loix ne permettent pas aux Juifs de bâtir de nouvelles fynagogues, auffi leur permettent-elles de poffeder fans trouble les anciénes. Il faut ufer avec eux d'une telle modération, qu'ils ne nous réfiftent pas: mais il ne faut pas les amener malgré eux: puifqu'il eft écrit: Je vous offrirai un facrifice volontaire.

Saint Gregoire avoit écrit dans le même efprit au foûdiacre Pierre, & au diacre Cyprien, recteurs du patrimoine de Sicile. J'ai apris, ditil, qu'il y a dans nos terres des Juifs, qui ne veulent point fe convertir. Je fuis d'avis que Vous envoïés des lettres par toutes ces terres, pour leur promettre nomément de ma part, que l'on diminuera la rente à ceux qui fe convertiront: en forte que celui qui paye un fol d'or, aura remiLe du tiers: celui qui en paye trois ou quatre,

en

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11. epift.37. ind.11.

5.epift. 45.

XXII.

Saints de
Gaule.

Vita to 2.

A&t. Ben.

en payera un de moins. Et il ne faut pas craindre que cette diminution de nos revenus foit inutile :car encore qu'ils ne fe convertiffent pas affés fincerement, leurs enfans feront baptifés avec de meilleures difpofitions.

Toutefois S. Gregoire écrivit à Libertin, préfet de Sicile, pour le prier de réprimer l'attentat d'un Juif nomé Nafas, qui avoit ofé élever un autel fous le nom du prophete Elie : & avoit féduit plufieurs Chrétiens, pour y venir adorer. Il achetoit auffi des efclaves chrétiens au mépris des loix. Ce Juif avoit gagné par argent le gouverneur précédent nome Juftin, qui l'avoit laiffé impuni.

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Dés la premiere année du pontificat de S. Gre goire, plufieurs Juifs d'Italie que leur trafic apelloit de temps en temps à Marseille, fe plaignirent à lui, que l'on y baptifoit grand nombre de Juifs, plus par force que par perfuafion. S. Gregoire en écrivit à Virgile évêque d'Arles, & à Theodore évêque de Marseille. Je loue dit-il, vôtre intention; mais fi elle n'eft réglée par l'écriture, je crains qu'elle ne nuife à ceux mémes que vous voulés fauver; & que venant au baptême par néceffité, ils ne retournent plus dangereufement à leur premiere fuperftition. I faut donc fe contenter de les prêcher & de les inftruire, pour les éclairer & les convertir folidement.

Il avoit trois ans que Y S. Virgile étoit évêque d'Arles, fon païs étoit l'Aquitaine ; & aprés avoir quitté fes biens, qui étoient grands, it embrafla la vie monaftique dans l'île de Lerins. Il fut abbé de S. Symphorien d'Autun ; & de Greg. Tur. là apellé à l'évêché d'Arles, aprés la mort de LX.bift. l'évêque Licerius, par les foins de Syagrius évêd'Autun, la treiziéme année du Roi Childebert, 88. de JESUS-CHRIST. Quelques

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que

Exemples des années précédentes, font voir qu'en AN. 591. Gaule, on ne faifoit pas grande difficulté de contraindre les Juifs à fe faire Chrétiens. S. Avit, Greg. V. évêque de Clermont, en ayant converti un, hift.cap.11. comme il l'emmenoit à l'églife avec les autres nouveaux baptifés, un Juif lui jetta fur la tête de l'huile puante. Le peuple irrité abatit la fynagogue. Enfuite S. Avit leur dire: Je envoya ne prétends pas vous obliger par force à croire le Fils de Dieu; je vous y invite: mais fi vous ne voulés pas, retirés-vous d'ici. La plupart témoignerent croire en JESUS-CHRIST, & furent baptifes jufques au nombre de cinq cens & plus : ceux qui ne voulurent pas, fe retirerent à Marfeille. Le Roi Chilperic fit baptifer plufieurs Id.vt.hi Juifs l'an 582. vingt-uniéme de fon regne, & en leva plufieurs des fonts: mais quelques-uns obfervoient encore le fabat comme le dimanche. Un d'entre eux nomé Prifcus ne vouloit point fe convertir. Le Roi irrité le fit mettre en prifon; pour l'obliger du moins malgré lui à écouter les inftructions: mais il fut tué enfuite par un Juif Converti filleul du Roi.

591.

C. 17.

X. hift.

c. 26.

La même année que S. Gregoire écrivit aux Greg Tur deux évêques de Gaule, c'eft-à-dire l'an feiziéme de Childebert, S. Sulpice le severe évêque de Bourges, mourut le vingt-neuviéme de Janvier, , jour auquel l'églife honore fa mémoire. Martyr. R、 Il avoit tenu le fége fept ans, depuis l'an 584. 29 Janv. & eut pour fucceffeur Euftafe diacre de l'églife

d'Autun. La même année 591. mourut Ragne- Greg. ibid. mode évêque de Paris. Le prêtre Farainode fon frere prétendoit lui fuccéder: mais un marchand Syrien, nomé Eufebe, obtint la place à force de prefens. Etant en poffeffion de l'évéché, il changea tout le clergé de fon prédéceffeur, & mit des Syriens pour fervir la maifon de l'églife. Toutefois après lui, Faramode fut évêque de Paris.

La

AN. 591.

Id. glor. conf. c. 9. vit, PP.a. 17.

Vita S.A

red. Act.

Ben. to. 1.

P. 350.

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La même année mourut S. Yrier ou Aredius, Ibid. c. 29. abbé célébre en Limoufin: né à Limoges même d'une famille diftinguée. Il fervit à la cour du Roi Theodebert & fut fon chancelier: mais S. Nicet de Treves lui perfuada de quitter la cour comme il étoit encore jeune, & l'inftrui→ fit dans les faintes lettres. Il retourna dans fon païs ; & laiffant à fa mere tout le foin de sa famille & de fes biens, il s'apliqua à bâtir des églises, & à amaffer des reliques. Il fonda un monaftéré, où il mit d'abord de fes ferfs, & y faifoit pratiquer les régles de Caffien, de S. Bafile, & des autres abbés qui ont formé la vie monaftique. Sa mere Pelagie leur fournissoit le vivre & le vêtement, fans ceffer de prier & de fervir Dieu. Plufieurs malades s'adresfoient à faint Yrier, & il les guériffoit en faisant sur eux le figne de la croix. Il fit ainfi un tres-grand nombre de miracles. Enfin étant venu à Tours, aprés la fête de S. Martin, il prit congé de l'évêque Gregoire, comme devant mourir bien-tôt ; & étant de retour à son monaftére, il fit fon teftament, où il inftitua fes héritiers S. Hilaire & S. Martin, & mourut le vingt-cinquième d'Août. S. Ferreole, évêque de Limoges, prit foin de fa fépulture.

Martyr.
Ufuar. 25.

Aug.

S. Yrier eut un difciple digne de mémoire, Greg.VIII. le diacre Vulfilaïc. Il étoit de la nation des Lomhift. c. 15. bards; & dés fon enfance, il eut une dévotion

particuliere à S. Martin, fans favoir s'il étoit martyr ou confeffeur, ni en quel païs étoient ses reliques. S'étant mis fous la difcipline de S. Yrier, il demeura quelque temps à fon monaftére. Puis il pafla dans le territoire de Treves, prés du chateau nomé alors Epofium, à préfent Ivois; & fur une montagne voifine il bâtit un monaftére, dont l'églife étoit dédiée à S. Martin. Il y fit dreffer une colomne, où il demeuroit debout

&

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