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AN. 658.

voient fe retirer. Sur la nouvelle de fa maladie, Aud. c. 35. la reine Batilde étoit partie de Paris avec fes enfans, les grands de la cour, & une nombreuse fuite. Elle arriva le matin, qui fuivit la nuit de fa mort : & fort affligée de ne l'avoir pas trouvé en vie, elle accourut auprés du corps, fondant en larmes, & fit tout préparer pour le porter à fon monaftére de Chelles. D'autres vouloient le transferer à Paris : mais le peuple de Noyon s'y opofa fi fortement, qu'il retint les reliques de fon pafteur.

Ribl. PP.

Lib. 2.

To.6 p 266.
De rect. ca

ver.

Liv. XXXI.

22.2.

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Comme il prêchoit fouvent, il fe trouve seize to.2.p.731 homelies, qui portent fon nom mais dont les critiques doutent : quoiqu'elles ne foient pas méprifables, & contiennent de bons restes de l'ancienne difcipline. Mais on ne peut douter de l'a brégé de la doctrine de S. Eloi, que S. Oüen nous a confervé dans fa vie, & qui fe trouve auffi entre les œuvres de S. Auguftin. Il comprend les principaux devoirs de la vie chrétienne, expliqués d'un ftile fimple, mais zélé, tendre & paternel: & la plus grande partie eft tirée des fermons de S. Cefaire, dont les évêques fe fervoient fréquemment, comme il a été remarqué. Saint Eloi y condamne tous les reftes d'idolâtrie; comme de confulter les devins & les forciers ; d'obferver les éternuëmens, ou le chant des oiseaux, le jour que l'on fort de la maifon, ou que l'on y rentre. Il défend auffi les mafcarades & les feftins du premier jour de Janvier; les danfes & les chanfons à la S. Jean, & aux fêtes des faints. Il défend d'invoquer les noms des faux dieux; comme Neptune, Orcus ou Pluton, Diane, Hercule, Minerve, le Genie: de fêter le jeudi en l'honeur de Jupiter, ni aucun autre jour que le dimanche & les fêtes des faints: de mettre du luminaire ou rendre des vœux à des temples, des pierres, des fontaines, des arbres ou des carre

n...

V. Coint.

an, 659.

, 21. &C.

fours:

la

fours: d'attacher au cou des femmes ou des animaux des ligatures, même faites par des clercs, & avec des paroles de l'écriture: de crier pendant l'éclipfe de lune: d'apeller feigneurs le foleil & la lune, & jurer par eux: de croire le destin, fortune, la naiffance heureuse ou malheureuse: & quelques autres fuperftitions femblables. Il est à croire qu'elles regnoient principalement chés les peuples nouvellement convertis de la Belgique.

Saint Eloi avoit fait grand nombre de miracles de fon vivant ; & il n'en fit pas moins depuis fa mort. Incontinent aprés, il aparut la nuit à un Aud. c. 39. homme de la cour, & lui ordona d'aller auffitôt dire à la reine Batilde, qu'elle quittât pour l'amour de JESUS-CHRIST les ornemens d'or & de pierreries, qu'elle portoit encore. Celui-ci n'ayant tenu compte de cette vision, faint Eloi lui aparut jufques à trois fois ; & enfin il fut faifi d'une groffe fiévre. La reine, qui vifitoit les malades, le vint voir, & lui demanda la caufe de fa maladie. Il lui raconta ce qui s'étoit paffé, & aufli-tôt il fut guéri. La reine obéït fans differer, & ne garda que des bracelets d'or. Elle dona tout aux pauvres, à la réserve de ce qui étoit plus curieux, dont elle fit une croix pour mettre à la tête de S. Eloi. Elle fit faire auffi d'or & d'ar

gent cette espéce de dais, qu'ils nomoient Repa, v. Cang.
pour mettre au-deflus de fon tombeau : difant gloff.
qu'il étoit jufte d'orner la fepulture de celui qui
avoit orné celles de tant de faints. Les grands, à
fon exemple, y offrirent grande quantité d'or &
de pierreries. Comme cet ornement avoit un grand
éclat, on le couvroit pendant le carême d'un lin-

ge
brodé de foye: mais quelques jours aprés, c. 40.
on s'aperçut que ce linge dégoutoit d'une cer-
taine liqueur. On le preffa dans un vase ; & cette
liqueur fervit à guérir plufieurs malades. On voit

X ij

ici

Contin. 1.
Fredeg. n.

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ici la coûtume de couvrir pendant les jours de pénitence, ce qu'il y avoit de brillant dans les églifes.

La reine Batilde gouvernoit alors le royaume: çar le roi Clovis II. fon époux étoit mort l'an 656. aprés avoir regné dix-huit ans, & en avoir vécu feulement vingt & un. Depuis lui, les rois de France de cette premiere race, ne firent prefque plus rien laillant toute l'aueux-mêmes; par torité aux maires de leur palais : ce qui les a fait nomer rois faineans. Clovis avoit réuni à fa courone le royaume d'Auftrafie, aprés la mort de fon frere Sigebert III. mort en 654. le premier Boll. 1. Feb. jour de Fevrier. Il fut enterré à Mets; & la piété to.3.p.206. l'a fait honorer comme faint. Il fe fervit entre autres des confeils de S. Cunibert évêque de CoMartyr. R. logne, qui gouverna cette églife pendant qua 12. Νου. rante ans, & mourut en 664, le douziéme de Novembre. Quant à Clovis, il fut enterré à faint Denis en France.

XXVII. Privilége pour faint

Denis.

n. 7.

Trois ans auparavant, il avoit accordé à ce monaftére un privilége, que l'on y conferve encore en original, écrit fur du papier d'Egypte, & dont l'écriture, le ftile & l'orthographe marMabill. quent la barbarie du fiécle. Le roi dit, qu'à fa Diplo. lib. priere, Landri évêque de Paris, a accordé un v.ab. 7. privilege à ce monaftére, afin que les moines lib. VI. puiffent y prier plus en repos. C'est pourquoi il défend qu'a 'aucun évêque, ni autre, ne puiffe rien diminuer des terres ou des ferfs de ce monaftére, même à titre d'échange, fans le confentement de la comunauté, & la permiffion du roi, ni enlever les calices, les croix, les ornemens d'autel, les livres & les autres meubles, & les emporter à la ville. A la charge que la pfalmodie perpétuelle jour & nuit, y fera célébrée, comme elle a été Sup. liv. inftituée du temps du roi Dagobert, & comme elle fe fait à faint Maurice d'Agaune. Ce privilege

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eft

,

fon referendaire ou

eft foufcrit par le roi, par chancelier Beroalde, & par vingt-quatre évêques, dont les plus connus font: Aunemond de Lion, Chaoalde de Vienne, Rauracus de Nevers Etherius d'Embrun, S. Eloi de Noyon, Rigobert de Tours, S. Landri de Paris, Vulfolend de Bourges, Pallade d'Auxerre, Clair de Grenoble, Armentarius de Sens. Enfuite font les foufcriptions de plufieurs feigneurs & grands officiers, entre lefquels eft Ebroin, depuis maire du palais. La datte eft de Clicoi, le dixiéme des calendes de Juillet, la fixiéme année du regne de Clovis ; c'eft-à-dire, le vingt-deuxième de Juin 653. Et l'on voit par ces foufcriptions, qu'il y To.6. conc. eut en ce lieu une grande affemblée d'évêques & p. 489. de feigneurs de tout le royaume. Aufli la compte

t-on entre les conciles.

que

Formules

La conformité de ce privilege, avec celui XXVIII. raporte Marculfe, confirme l'opinion comune, de Marcul qu'il vivoit en ce même temps ; & que l'évêque fe. Landri, à qui il adreffe fon livre, eft celui de Paris. Marculfe étoit un moine âgé de plus de Prafat, foixante & dix ans, qui par l'ordre de cet évê- Mars. que, fit un recueil de formule des actes les plus ordinaires, fuivant la coûtume du lieu où il demeuroit, & le divifa en deux livres: dont le premier contient principalement les chartes royales, c'est-à-dire, les actes qui venoient du palais ; & le fecond contient les actes qui fe paffoient entre particuliers en chaque païs, connus alors fous le nom de charta pagenfes. On peut beaucoup aprendre dans ce recueil, pour les antiquités ecclé fiaftiques.

La premiere formule eft d'un privilege accordé à un monaftére par l'évêque diocefain, à l'exemple des privileges de Lerins, d'Agaune, de Luxeu, & de tant d'autres, établis dans tout le royaume des François. L'évêque promet de doner

X iij

les

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les ordres à celui que l'abbé & la comunauté lai préfenteroient, pour en exercer les fonctions dans le monaftére. D'y benir un autel, & envoyer aux moines tous les ans le faint chrême, s'ils le demandent. De leur doner pour abbé, celui qu'ils auront choifi: le tout gratuitement. L'évêque ni les archidiacres, ou les autres administrateurs de l'églife, n'auront aucun autre pouvoir fur le monaftére & les biens qui lui apartiennent, meubles ou immeubles, ni fur les offrandes de l'autel L'évêque n'entrera dans le monaftére qu'à la priere de l'abbé & des moines, pour l'oraison : & aprés les faints myftéres, il fe contentera d'une fimple bénédiction; c'eft-à-dire, d'un repas modefte, & fe retirera, pour ne point troubler leur repos. Les moines feront corrigés par l'abbé, fuivant la régle, s'il le peut : finon l'évêque y tiendra la main. Ce privilege porte pour peine trois ans d'excomunication, & devoit être foufcrit par Cont. plufieurs évêques. Il tend plûtôt à garantir les moines des entreprises injuftes des mauvais évêques, qu'à les fouftraire à la jurifdiction des bons: & c'est toutefois l'origine de leurs exemptions.

ar. 652. 1. 38. c.

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Vita S.

Sup. liv. J'ai marqué celle du monaftére de Lerins, à XXXX.7.19. l'occafion du troifiéme concile d'Arles, où elle Gall, chr. fut confirmée. Le privilege d'Agaune, que l'on raporte, ne paroît pas für ; & l'on ne trouve plus celui de Luxeu. Saint Bertulfe, troifiéme abbé de Bobio, obtint du pape Honorius un privilege pour fon monaftére: afin, dit Jonas, qu'aucun Bert. n. 7. évêque n'entreprît d'y exercer aucune domination. Enfuite du privilege de l'évêque, Marculfe met la confirmation du roi, qui tend principalement à défendre l'ufurpation des biens du monaftére, comme nous venons de voir dans la charte de Clovis II. pour S. Denis. La troifiéme formule eft l'immunité accordée par le roi à une

to. 2.

A&t. Ben. p. 161.

V. Privil. to. Ital, 4.

facr. lib. 1.

C. 2.

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églife,

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