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ric, qu'ils vouloient établir patrice en Provence. AN, 677, Ils croyoient enlever en paffant S. Genés archeEvêque de Lion : mais le peuple raffemblé de tous côtés, défendit fi bien cette grande ville, qu'ils furent obligés à fe retirer. L'archevêque mourut =quelque temps aprés, le premier jour de Novem

bre 677. & eut pour fucceffeur faint Lambert Coint, ari. abbé de Fontenelle aprés faint Vandrille. Avant 667, 76, Za que d'embraffer la vie monaftique, il avoit été

en grande confidération à la cour du roi Clotai

re III. Saint Anfbert lui fuccéda à Fontenelle, Acta SS. & en fut le troifiéme abbé : fuivant la prophetie Ben. to. z. de S. Vandrille, qui avoit marqué fes deux pre- P·545.105.34 miers fucceffeurs.

Ebroïn avoit ordoné, qu'on tînt faint Leger dans le fonds d'un bois, & qu'on l'y laifsât mourir de faim, faifant courir le bruit, qu'il s'étoit noyé. Mais aprés qu'il eut long-temps fouffert la faim, Vaimer en eut compaffion, & le fit ame ner chés lui. Il fut même tellement touché de fes difcours, qu'il lui rendit l'argent de l'églife d'Autun; & faint Leger l'y renvoya, pour être diftribué aux pauvres.. Vaimer fut fait enfuite Vita Leod, évêque de Troyes par l'artifice d'Ebroïn, qui Anon.n.14. craignoit aparemment fa puiflance ; & faint Leger fut mis dans un monaftere, où il demeura deux ans. Ebroïn étant devenu maire du palais de Theodoric, & maître abfolu en Neuftrie & en Bourgogne, feignit de vouloir vanger la mort du roi Childeric; & en accufa faint Leger & fon frere Gairin. On les amena en la préfen- Anonym: ce du roi & des feigneurs. Ebroïn les chargea de reproches; mais faint Leger lui répondit : fin. n. 10. Tu veux te mettre en France au deffus de tous mais tu perdras bien-tôt cette dignité, que tu mérites fi peu. Ebroïn les fit féparer ; & premierement on emmena Gairin, qui fut attaché à un poteau, & lapidé. Il difoit cependant : Sei

gneus

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LVIII. Martyre de S. Leger,

gneur Jefus, qui êtes venu apeller, non pas les juftes, mais les pécheurs, recevés l'ame de vô→ tre ferviteur, à qui vous avés bien voulu accorder une mort femblable à celle des martyrs. Fl mourut ainfi en priant.

On n'ofa faire mourir alors faint Leger, parce qu'il n'avoit pas été déposé par les évêques. Mais il fut traîné dans une piece d'eau, dont les pierres aiguës & tranchantes lui déchirerent la plante des pieds: outre les yeux, qu'il avoit perdus ; on lui coupa les lévres & la langue, pour le faire tomber dans le défefpoir. On le dépouilla honteu fement; & aprés l'avoir traîné nud dans les ruës bourbeufes, on le mit fur un méchant cheval ; & on chargea le comte Varingue de l'emmener & le garder. Ermenaire abbé de faint Symphorien d'Autun, qui lui fuccéda dans l'épifcopat, prit foin de guérir fes playes, & depuis le faint ne Jaiffa pas de parler; ce qui paffa pour un miracle. Le comte Varingue l'ayant emmené en fon païs, l'honora comme un martyr,& le mit dans le Sup. n. 30. monaftere de Fefcan, qu'il avoit fondé. Saint Leger y fut gardé pendant deux ans : & fe trouvant guéri en peu de temps, il inftruifoit les religieules, offroit tous les jours le faint facrifice, & prioit continuellement.

To. 2. act. 1.707.

Vita per
Anon.n.14.

Il écrivit de là une lettre de confolation à sa mere Sigrade, qui s'étoit rendue religieufe dans le monaftere de Nôtre Dame de Soillons. Il lui recomande principalement le pardon des ennemis. Auffi ayant apris dans fa retraite la punition de quelques-uns de fes perfecuteurs: loin de s'en réjouir, il pleura de ce qu'ils étoient morts fans pénitence. En effet, le roi Theodoric & Ebroin affemblerent un concile nombreux, où plufieurs évêques furent condamnés. Diddon, qui l'avoit été de Challon, eut la tête afée, qui étoit un figne de dégradation: enfuite

fut bani & puni de mort. Vaimer duc de Champagne, & depuis évêque de Troyes, étant tombé dans la difgrace d'Ebroïn, fut tourmenté :: & pendu.

Enfin Ebroïn fit amener S. Leger au palais voulant le faire dépofer par le jugement des évêques, afin qu'il n'eût plus la liberté d'offrir le faint facrifice. On le preffa encore de s'avouer coupable de la mort du roi Childeric : mais il le nia toûjours, prenant Dieu à témoin de fon innocence. On lui déchira fa tunique du haut jufques en bas, qui étoit encore une cérémonie de dépofition, & on le mit entre les mains de Chrodobert comte du palais, avec ordre de le faire mourir. Ebroïn prévoyant, qu'il feroit honoré comme un martyr, ordona que l'on cherchât un puits au fonds d'un bois, pour y jetter fon corps, & le couvrir, en forte qu'on ne pur le retrouver, Mais Chrodobert fut touché par les exhortations du saint : qui savoit se faire aimer & refpecter de tout le monde. Ne pouvant donc se réfoudre à le voir mourir, il comanda à quatre de ses domestiques, d'exécuter l'ordre qu'il avoit reçu. La femme du comte en pleura amérement: mais S. Leger la confola, & lui dit, qu'elle s'attireroit la bénédiction de Dieu, fi elle prenoit foin de fa fepulture.

Les quatre exécuteurs le menerent dans la forêt, où ne trouvant point de puits, ils s'arrêterent enfin, & trois fe jetterent à fes pieds pour lui demander pardon. Il pria pour eux: puis quand il avertit qu'il étoit temps, le quatrième fui coupa la tête. On dit que ce meurtrier fut quelque temps aprés faifi du démon, & qu'il fe jetta dans un feu & y mourut. La femme du comte Chrodobert, fit enterrer le faint dans un petit oratoire, en un lieu nomé Sarcin en ArLois; mais il fut depuis transféré au monastere

de

de faint Maixant en Poitou, dont il avoit été abbé. La forêt où il fut tué, nomée auparavant Aquiline ou Iveline, a pris depuis plufieurs fiécles le nom de faint Leger: on a bâti à son honeur un tres-grand nombre d'églifes: on raporte quantité de miracles faits à fon tombeau; & il n'y a gueres de faint plus illuftre en FranV. Mabil. ce. L'églife l'honore comme martyr, le fecord not. p. 705. jour d'octobre ; & il mourut comme l'on croit, L'an 678.

Fin du huitiéme Tome.

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