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AN. 19.

XXVI.

Affaires de Natalis de

de Fano eft proche, d'où on a enlevé plufieurs captifs: j'y voulus envoyer l'année paffée, mais je n'ofai le faire au milieu des ennemis. Je fuis donc d'avis que vous y envoyiés l'abbé Claude avec quelque argent, pour racheter ceux qu'il pourra. Quant à la fomme, j'aprouve tout ce que vous réglerés. Claude étoit abbé de S. Jean de Claffe, prés de Ravenne.

Dans cette même lettre, S. Gregoire parle, de Natalis évêque de Salone en Dalmatie, moignant une grande joye de ce qu'il s'eft corrigé. Nous voyons de quoi il s'agiffoit par les 11. Ind.. lettres précédentes de S. Gregoire. Dés le temps ep. 14. 15. du pape Pelage fon prédéceffeur, Honorat archi

Salone.

diacre de Salone, s'étoit plaint, que l'évêque Natalis le traitoit mal : parce, difoit-il, que je l'empêche de doner à fes parens les vafes facrés, dont je fuis charge. Le pape Pelage avoit défendu à Natalis de garder du reffentiment contre Honorat, ni de le faire prêtre malgré lui. Toutefois Natalis affembla un concile de la province, dont il étoit métropolitain, où il dépofa Honorat, & ordona à fa place un autre archidiacre plus comode pour lui. Puis il ordona prêtre Honorat contre fon gré, Ils en écrivirent de part & d'autre à S. Gregoire, dés la premiere 1. epift. 10. année de fon pontificat. Sur quoi il ordona à Honorat, de continuer à exercer fes fonctions d'archidiacre, Si vous pouvés finir ce fcandale, ajoûte-t-il, vous gagnerés beaucoup pour vôtre ame: finon, venés inceffament devant que l'évêque y envoye pour lui une perfone bien inftruite. Sachés cependant, que nous vous ferons rendre un compte exact des meubles précieux tant de vôtre églife, que des autres que l'on y a raffemblés de diverfes églifes. Pour Ña1. epift. 19, talis, il lui écrivit en ces termes: Les actes que yous m'avés envoyés de vôtre concile, touchang

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nous,

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la condamnation de l'archidiacre Honorat, ne AN. 592, font propres qu'à fomenter vos diférends; puifqu'en même temps, vous le déposés du diaco

nat,

comme indigne, & vous l'élevés malgré lui à la prêtrife. C'eft pourquoi, nous vous admoneftons de le rétablir dans fa fonction ; & s'il refte encore entre vous quelque diférend, qu'il vienne ici, & quelqu'un pour vous.

Natalis n'ayant point fatisfait à cette lettre, 11. ind. 10, S. Gregoire lui écrivit au mois de Mars de p. 14. l'année 592. indiction dixième. J'aprends, ditil, par plufieurs perfones qui viennent de chés vous, que vous abandonés le foin de vôtre troupeau, & que vous êtes occupé à tenir une grande table; au reste vôtre conduite fait voir, que vous ne vous apliqués ni à la lecture, ni à l'exhortation. Il reprend ce qui s'étoit paflé fous le pape Pelage, & de fon temps; puis il ajoûte: Aprés tant d'avertiffemens rétabliffés Honorat en fa place, fi-tôt que vous aurés reçu cette lettre: fi vous diférés encore, fachés que vous êtes privé de l'ufage du pallium, qui vous a été accordé par le S. fiége; & fi vous continués dans vôtre opiniâtreté, vous ferés privé de la participation du corps & du fang de nôtre Seigneur. Aprés quoi nous examinerons juridiquement, fi vous devés demeurer dans l'épifcopat. Quant à celui qui s'eft laisse promouvoir à l'archidiaconat au préjudice d'Honorat, nous le dépofons de cette dignité; & s'il continuë d'en faire les fonctions; il fera privé de la fainte comunion. S. Gregoire chargea de cette lettre, & de l'exécution des or bid.ep.16. dres qu'elle contenoit, le foudiacre: Antonin; qu'il envoyoit pour administrer le patrimoine de l'églife Romaine en Dalmatie. Il le chargea auffi de deux autres lettres ; une aux évéques de la Epift. 15. province, pour leur doner part de cette affaire : l'autre au préfet Jobin, pour lui recomander An

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tonin,

Epift. 17.

AN. 192.

Epift. 32.

Elif. 37.

tonin, & le prier de ne point doner à Natalis de protection contre la juftice.

Natalis fe rendit enfin il fe foumit aux ordres du pape, & corrigea fes mœurs : toutefois il lui écrivit une lettre, où il prétendoit fe juftifier: alléguant pour autorifer fes feftins, plufieurs paffages de l'écriture mal apliqués; entre Rom xv.3. autres celui-ci : Que celui qui ne mange point, ne juge pas celui qui mange. Ce paffage, dit faint Gregoire, ne convient point du tout. Car il n'eft pas vrai

.ind. 11.

ep. 22.

XXVII. Affaires d'Adrien

de Theres.

11. ind. 11.

epift.7.

que je ne mange point; & S. Paul ne parle ainfi, que pour ceux qui jugent les autres, dont ils ne font point chargés. Vous fouffrés avec peine que je vous aye repris de vos grands repas ; & moi, qui fuis au-deflus de vous par ma place, quoique non par mes mœurs, je fuis prêt à recevoir la correction de tout le mon de. Et je ne compte pour amis, que ceux dont les difcours me font effacer les tâches de mon ame, avant la venue du Juge terrible. Il remet à l'arrivée de fes députés, à juger fon diférend avec Honorat. Mais Natalis mourut environ fix mois aprés.

r. Au mois d'Octobre de la même année 592. indiction onzième, S. Gregoire rétablit Adrien évêque de Thebes, injuftement dépofé. Il avoit lui-même dépofé deux diacres de fon églife", només Jean & Cofme: l'un pour un péché d'impureté, l'autre pour n'avoir pas adminiftré fidélement les biens de l'églife. L'un & l'autre le pourfuivirent devant l'empereur, pour des caufes civiles & criminelles. L'empereur fuivant les canons, renvoya Adrien devant Jean évêque de Lariffe fon métropolitain pour juger définitivement le civil, & informer du crime, puis en faire fon raport à l'empereur. Le premier crime dont les diacres Jean & Colme accuferent leur évêque, fut de n'avoir pas dé

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pofé Etienne diacre de la même églife de The- AN. 592. bes, quoi qu'il connût fa vie infame. Ils prouverent bien la mauvaise vie d'Etienne : mais non que l'évêque Adrien en eût eu conoiffance. Le fecond chef d'accufation étoit d'avoir empêché de baptifer des enfans, qui étoient morts fans baptême. Mais les témoins produits fur ce fait, ne difoient point que l'évêque Adrien l'eût fçu ; &ne parloient que fur le raport des meres, dont -les maris avoient été excomuniés pour leurs crimes. D'ailleurs il étoit conftant que les enfans avoient été baptifés à Demetriade. Jean archevêque de Lariffe, ne laiffa pas de condamner Adrien de Thebes, tant fur le criminel, que fur › de civil.

Adrien apella de cette fentence à l'empereur: mais nonobftant fon apel, Jean de Lariffe le fit mettre dans une étroite prifon, où il le contraignit de lui doner un libelle; par lequel il acquief-çoit à fa fentence, tant pour le criminel, que pour le civil. Toutefois il n'avouoit fes crimes prétendus, que par des paroles ambiguës, qui lui laiffoient ouverture à s'en juftifier. Čependant il fit pourfuivie fon apel devant l'empereur, & porter tous les actes de la procédure faite par Jean de Lariffe. L'empereur comit pour examiher cet apel Honorat diacre de l'églife Romaine, & nonce, à C P. avec un de fes principaux fecrétaires, nomé Sebaftien ; &ule procés ayant été foigneufement examiné, Adrien de Thebes fut srenvoyé absous.› › í

:. Mais on obtint enfuite un autre ordre de l'empereur, par lequel la caufe fut renvoyée à Jean évêque de la premiére Juftiniene, primat d'H lyrie, & vicaire du faint fiége. Dans ce nouvel Epist. 6. examen, Adrien de Thebes ne fe trouva convaincu, ni par les dépofitions des témoins, ni par fa confeffion; & néanmoins le primat Jean C iiij

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AN. 592.

ne laiffa pas de le condamner, & de le dépofer de l'épifcopat. Adrien de Thebes apella au papé, & fignifia fon apel à Jean de Juftiniene, qui par fes nonces promit au diacre Honorat nonce du pape à C P. d'envoyer des gens à Rome, pour foutenir fon jugement. Adrien s'y rendit lui-même, & fe plaignit au pape des injuftices qu'il avoit fouffertes de fon métropolitain & de fon primat. Le pape S. Gregoire attendit long-temps, s'ils envoyeroient quelqu'un, pour foutenir leurs fentences: mais enfin ne voyant paroître perfone de leur part, & ne voulant pas toutefois juger fans

conoiffance de caufe, il examina les actes des procédures faites, tant devant Jean de Lariffe, que devant Jean de Juftiniene, & trouva leurs fentences irréguliéres dans la forme, & injuftes Epift. 6. dans le fond. C'est pourquoi il caffa la fentence - du primat, & le condamna à trente jours de pé-nitence, pendant lefquels il feroit privé de la fainte comunion: fous peine d'être puni plus févérement, s'il n'obéïfloit. Le pape rétablit auffi Adrien dans fon fiége, & fe réserve à examiner plus amplement ce qu'il doit ordoner contre Jean de Juftiniene, qui avoit ainfi abufé du pouvoir qu'il avoit dans l'Illyrie, comme vicaire du faint fiége.

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Quant au métropolitain Jean de Lariffe, S. Epift. 7. Gregoire lui parle ainfi : Vous mérités d'être privé de la comunion du corps de nôtre Seigneur, pour avoir méprisé l'admonition de mon prédéceffeur, par laquelle il exemptoit de vôtre jurifdiction Adrien, & fon églife de Thebes: toutefois nous nous contentons d'ordoner l'execution de cet ordre: en forte que fi vous avés quelque prétention civile ou criminelle contre l'évêque Adrien, elle foit décidée par nos nonces á C P. fi elle eft médiocre ; ou renvoyée ici au faint fiége, fi elle eft confidérable. Le tout fous

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