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AN. 593.

XXXIV. n. .28%

même peu de remps aprés, & Anaftafe rentra dans le fiége d'Antioche, vingt-trois ans aprés qu'il en avoit été chaffé : c'est-à-dire, l'an 593. Sup. liv. Jean patriarche de Jerufalem, mourut la même année 593. & eut pour fucceffeur Amos, qui tint le fiége huit ans. C'eft à cette année douziéme de l'empereur Maurice, qu'Evagre finit fon hiftoire ecclefiaftique, le fiége de Jerufalem étant vacant aprés la mort de Jean. Depuis Evagre, nous n'avons plus d'histoire.ccclefiaftique fuivie, & nous la tirons des vies particuliéres des Saints, des lettres & des autres écrits de chaque temps, même des hiftoires profanes.

XXXI.

les foldats moines.

Sup. VIII.

H. 23.

11.

62.

ind.

ep..

L'empereur Maurice avoit fait l'année précéLoi contre dente une loi, portant défenfe à ceux qui auroient exercé des charges publiques, d'entrer dans le clergé, ni dans les monafteres ; & à tous ceux qui étoient marqués à la main, comme foldats enrôllés, d'embraffer la vie monaftique. S. Gregoire reçut cette loi par un écuyer de l'empereur, nomé Longin, & ne put alors faire de réponse, étant malade. Mais fur la fin de l'indiction vonzieme, au mois d'Aoûts 593. il écrivit à l'empereur une lettre, qui comence ainfi: C'eft fe rendre coupable devant Dieu, que de ne pas agir avec les princes en toute fincérité. Je ne vous parle en cette remontrance, ni comme évêque, ni comme miniftre public, mais comme particulier: parce que j'étois à vous avant que vous fuffiés le maître de tout le monde. Il raporte enfuite la difpofition de la loi, & loue la première partie, qui exclut de la cléricature les officiers publics. Car, dit-il, ces gens veulent plûtôt changer d'emploi, que quirter le fiécle. Mais j'ai été fort étoné de ce que vous défendés par la même loi, à ceux qui ont adminiftré les affaires publiques, d'embraffer la vie monaftique, Car le monaftére peut rendre

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leurs

leurs comptes, & payer leurs dettes. C'eft que AN. 193 les moines portoient alors leurs biens avec eux Nou...z. dans la comunauté, & recevoient des fucceffions: ainfi le monaftére qui profitoit de leurs biens, devoit fe charger de leurs dettes, ou ne les pas recevoir. Saint Gregoire continue: La défenfe que la loi fait aux foldats, d'embraffer la vie monaftique, m'épouvante pour vous, je l'avoue. C'eft fermer à plufieurs le chemin du ciel: car encore que l'on puiffe vivre faintement dans le fiécle, il y en a beaucoup qui ne peuvent être fauvés, fans tout quitter. En cette lettre, & en plufieurs autres, S. Gregoire parle des empereurs en plurier: parce que Maurice avoit affocié à l'empire Theodofe fon fils, le 14. d'Avril 591. Il continue:

Moi, qui parle ainfi à mes maîtres, qui fuisje, finon un ver de terre? Toutefois je ne puis m'empêcher de leur parler, voyant cette loi opofée à Dieu. Car la puiffance vous a été donée d'en haut fur tous les hommes, pour aider les bons défirs, & faire fervir le royaume de la terre au royaume des cieux. Et cependant on dit tout haut,

, que celui qui fera une fois engagé au fervice de la terre, ne pourra fervir Jesus-CHRIST, avant que fon temps foit expiré, ou qu'il n'ait reçu fon congé, comme invalide. Voici ce que JESUS-CHRIST vous répond à cela par ma bouche: De fecrétaire je vous ai fait capitaine des gardes, puis cefar, puis empereur & pere d'empereurs, j'ai foumis à vôtre puiflance mes prêtres; & vous retirés vos foldats de mon fervice ? Répondés, je vous prie, Seigneur, à vô tre ferviteur, que répondrés-vous à vôtre maître, quand il viendra vous juger & vous parler ainfi Et enfuite: Je vous conjure par ce juge terrible, de ne pas obfcurcir devant Dieu tant de larmes que vous répandés, tant de prières, de

jeûnes

AN. 593. jeûnes & d'aumônes, que vous faites: mais d'a→ doucir ou de changer cette loi. Pour moi, étant foumis à vos ordres, je l'ai envoyée dans les diverfes parties du monde, & je vous ai représenté

qu 'elle ne s'accorde pas avec la loi de Dieu. J'ai donc rempli mon devoir de part & d'autre: puifque j'ai obér à l'empereur, & déclaré mes fenti mens pour l'intérêt de Dieu.

Saint Gregoire adreffa cette lettre à Theodore fon ami particulier, medecin de l'empereur, auprés duquel il avoit grand crédit, & qui l'employa depuis à négocier la paix avec le Can des Avares. S. Gregoire lui dit entre autres choses : Si le motif de cette loi eft que les converfions des foldats diminuent les armées, l'empereur doit fonger, que c'est moins par la force de fes troupes, que par celle de fes prières, qu'il a vaincu les Perfes. Or il me femble dur, qu'il détourne fes foldats du fervice de celui, qui l'a rendu le maître non-feulement des foldats, mais des évêques. Et enfuite: Je vous prie de préfenter ma remontrance à l'empereur en fecret, & dans un temps favorable. Je ne veux pas qu'elle lui foit rendue publiquement par mon nonce. Comme vous le fervés avec plus de familiarité, vous pouvés lui parler plus librement de l'intérêt de fa confcience, au milieu de tant d'occupations qui le détournent. Si vous êtes écouté, vous procurerés le bien de fon ame & de la vôtre: fi vous ne l'êtes pas, vous aurés toûjours travaillé Inf. n. 53. pour la vôtre. Nous verrons enfuite comment cette loi fut modérée.

XXXII. Conftan

tius évêque de Milan.

11. ind. 11. epift, 25.

Laurent archevêque de Milan, étant mort vers le mois de Mars de cette année 593. un prêtre de la même églife, nomé Magnus, fe plaignit au pape que Laurent l'avoit excomunié injuftement. Le pape ayant reconu qu'il étoit ainfi, permit à Magnus d'exercer fes fonctions,

&

de comunier: laiffant à fa confcience, s'il fe AN. 193 fentoit coupable de quelque faute, de l'expier en fecret. En même-temps il le charge d'avertir le clergé & le peuple de procéder unanimement à l'élection d'un évêque. Ils choifirent en effet Ibid. Conftantius diacre de la même églife de Milan: Ep. 29.30, & le clergé envoya le décret de l'élection de S. Gregoire, par le même prêtre Magnus, & un clerc nomé Hippolyte. Mais parce que ce décret n'étoit pas foufcrit, le pape craignit qu'il n'y eût de la furprife, & envoya Jean foudiacre de l'églife Romaine, avec ordre d'aller à Gennes, ou plufieurs Milanois s'étoient retirés, pour éviter les hoftilités des Lombards. Vous les affemblerés, dit S. Gregoire ; & fi vous voyés que tous unanimement s'accordent à l'élection de Conftantius, vous le ferés confacrer, de nôtre confentement, par les évêques de la province, fuivant l'ancienne coûtume. En forte que le faint fiége conferve fon autorité, fans diminuer les droits des autres. Dans le refte de l'Italie, évêques élûs fur les lieux, venoient à Rome, pour être facrés par le pape: : comme nous avons vû par l'exemple de Naples. Dans la province" de Milan, l'archevêque les confacroit, & ils le confacroient lui-même ; mais avec le confentement du pape.

les

Saint Gregoire chargea le foudiacre Jean de deux lettres: l'une, pour le clergé de Milan'; l'autre, pour Romain exarque d'Italie, à qui il recomande Conftantius. Dans la premiére, il Ind. 11. ep. dit: Je connois bien le diacre Conftantius, que 29. vous avés choifi ; il a été long-temps avec moi, quand j'étois nonce à C P. & je n'y ai rien connu de répréhenfible. Mais parce que j'ai formé la réfolution depuis long-temps, de ne procurer l'épifcopat à perfone, je me contenterai de joindre à votre élection mes priéres vers Dieu, afin

AR. 193. qu'il vous done un digne pafteur. Jugés à préfent celui qui vous convient, avec d'autant plus de circonfpection, que quand il fera une fois confacré, il ne vous fera plus permis de le jugers mais feulement de lui obéir avec une entiére foumiffion, ou plûtôt à Dieu, qui vous l'aura doné. Ce que S. Gregoire dit ici, qu'il ne procure à perfone l'épifcopat, fe doit entendre des églifes, qui ne dependoient pas immédiatement de lui: car en celles-là, il ne faifoit pas difficulté de nomer des évêques, quand le clergé & le peuple avoient peine à s'accorder. Conftantius fut élu & confacré évêque de Milan, d'un co1. epift.. mun confentement : S. Gregoire le félicita fur fon élection, lui donant les avis convenables, & lui envoyant le pallium. La lettre eft du mois de Septembre 593. au comencement de la douzième indiction.

XXXIII. Conftantius avoit envoyé au pape fa confeffion Theodede foi, felon la coûtume; & quoi qu'il n'y fut linde fépoint parlé des trois chapitres, trois évêques. duite par les fchif de fa province ne laiffoient pas de faire courir matiques. le bruit, qu'il s'étoit obligé par écrit à les con11.epift.4. damner. Sous ce prétexte ils fe feparerent de la comunion & perfuaderent à la reine Theo delinde de s'en feparer auffi. Saint Gregoire 11. epift. 4. l'ayant apris, écrivit en même-temps deux let tres à Conftantius la premiére, pour lui feul, Id. ep. 2. où il lui dit: Vous fçavés s'il a été parlé entre nous des trois chapitres: quoique Laurent vô tre prédécefleur en eût envoyé au faint fiége une reconoillance tres-expreffe, à laquelle fouferivirent les perfones les plus nobles, & moi entre eux, comme étant alors préteur de Rome. 1. epift.3. La feconde lettre étoit pour être montrée aux évêques qui s'étoient feparés. Le pape y déclare encore, qu'il n'a point été mention des trois chapitres entre lui & Conftantius, &. pro

teste

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