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AN. 593. tit, & ajoûta : Pour ôter tout fujet de doute je marquerai à chaque fait ceux de qui je l'ai apris. En quelques-uns je raporterai leurs propres paroles: en d'autres je me contenterai de raporter le fens, parce que leur langage feroit trop ruftique. C'est que la langue latine étoit déja fort corrompue dans la bouche du peuple : en forte que ces expreffions auroient été indécentes dans un ouvrage férieux.

Sup. liv.

'XXXII 2. 20.

Saint Gregoire continue fon dialogue entre lui & Pierre, lui racontant les hiftoires merveil- › leufes de plufieurs faints d'Italie, diftribuées en quatre livres. Le premier comence à S. Honofat, qui établit un monaftére à Fondi, cù il gouverna environ deux cens moines, & mourut vers l'an 550. Il paffe enfuite à S. Libertin, & S. Hortulan du même monaftére : puis il vient à faint Equice abbé, dans la province de Valerie: dont j'ai parlé en fon lieu. Il fait mention de plufieurs autres faints abbés & moines: par où l'on peut juger que dans le fixiéme fiècle, le nombre des monaftéres étoit déja grand en Italie. Il parle auffi de quelques faints évêques : Marcellin d'Arcone, Boniface de Ferente, Fortunat de Todi, Le fecond livre est tout entier, de la vie de faint Benoît le troifiéme traite encore de plufieurs faints évêques; entre autres des papes Jean premier & Agapit: de S. Datius de Milan, S. Sabin de Canufe, S. Caffius de Narni, S. Sabin de Plaifance, S. Cerbone de Populonium, S. Herculan de Peroufe; de plufieurs faints prètres & 11. dial. moines. Le quatrième livre eft principalement employé à prouver l'immortalité de l'ame, dont plufieurs doutoient même dans le fein de l'églife;; & S. Gregoire avoue dans un de fes fermons que lui-même avoit autrefois douté de la réfurxv.Dialog. rection. II prouve donc l'immortalité de l'ame premierement par l'autorité de l'Eccléfiafte, qui

1. Dialog.

c. 6.9.10.

Sup. XXXII.

n. 13. &c. 2. 47.

c. ult.

Hom. 26.

in evang.

:

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1

Eccl. v1.8.

dit: Quel avantage a le fage fur l'infenfe & AN. 193. quel avantage a le pauvre, finon qu'il va où est la vie? Et en paffant, il done la clef de ce livre, en diftinguant les objections des folutions. Enfuite, rendre cette vérité sensible aux hompour mes les plus groffiers, il raporte plufieurs aparitions des ames, ou à la fortie de leurs corps, ou

aprés la mort. Et à cette occafion, il enfeigne tv. Dialog. qu'il y a un purgatoire par le feu, pour purifier c. 39. les ames des péchés les plus légers, qu'elles n'ont pas expiés pendant cette vie.

Je fçai que cet ouvrage de S. Gregoire, eft celui que les critiques modernes ont trouvé plus digne de leur cenfure, & quelques-uns de leur mépris. Mais ce que j'ai raporté, & ce que je raporterai encore des actions & des fentimens de ce faint pape, ne permet, ce me femble, de le foupçoner, ni de foibleffe d'efprit, ni d'artifice. On voit par tout l'humilité, la candeur, la bone foi, avec une grande fermeté & une prudence confomée. Il eft vrai qu'il avoit plus tourné fon efprit aux réflexions morales, & à la conduite des affaires, qu'à l'étude des fciences fpéculatives & des lettres humaines. C'est pourquoi il ne faut pas s'étoner s'il a fuivi le goût de fon fiécle, de raconter & de recueillir des faits merveilleux. D'ailleurs S. Gregoire n'avoit point à combattre des philofophes, qui attaquaffent la religion par raifonement. Il ne reftoit guéres d'autres payens, que des payfans & des ferfs ruftiques, ou des foldats barbares, que les faits merveilleux perfuadoient mieux, que les fyllogifines les plus concluans, Tout ce que S. Gregoire a crû devoir faire, eft de ne raporter que ceux qu'il croyoit les mieux prouvés, aprés avoir pris, pour s'en affurer, toutes les précautions poffibles. Car en général, fa foi & fa piété ne lui permettoient de douter de la puissance de Dieu. Son inten Tome VIII.

pas

D tion

AN. 193.

Paul. hift.

Long. IV. 6.5.

XXXVI.

Afire de

Maxime

de Salone. Sup. n. 26.

11. ind. 11. ep. 12.

tion, en raportant fes miracles, est tres-pure
c'eft de confirmer la foi des foibles fur l'immor-
talité de l'ame, & la réfurrection des corps: fur
l'interceffion des Saints, & la vénération de leurs
reliques: fur l'utilité de la prière pour
les morts
particuliérement du faint facrifice: toutes créan-
ces & pratiques établies, comme nous avons vû,
dés les premiers temps de l'églife.

Auffi ces dialogues furent reçus d'abord avec
un merveilleux aplaudiffement, & ont continue
d'être eftimés pendant huit ou neuf cens ans,
S. Gregoire les envoya à la reine Theodelinde ;
& l'on croit qu'elle s'en fervit pour la converfion
des Lombards, qui pouvoient fçavoir la vérité
de la plupart des miracles qu'ils contiennent,
puifqu'ils étoient arrivés fur des gens
de leur na-
tion, qui n'étoient en Italie que depuis environ
trente ans. Le pape Zacarie traduifit cet ouvrage
en grec environ cent cinquante ans aprés ; & il
fut tellement du goût des Grecs, qu'ils en done
rent à S. Gregoire le furnom de Dialogue. Sur la
fin du huitiéme fiécle, ces livres furent traduits
même en Arabe.

593.

Saint Gregoire ayant apris la mort de Natalis évêque de Salone métropole de Dalmatie, écrivit ainfi au foudiacre Antonin, recteur du patrimoine de cette province, au mois de Mars de l'indiction onzième, l'an Avertiffes inceffa mert le clergé & le peuple de la ville, d'élire unanimement un évêque, & nous envoyés le décret d'élection : afin que l'évêque foit ordoné de nôtre confentement, comme dans les anciens temps. Prenés garde fur tout qu'il n'y ait dans cette action, ni préfens donés, ni protection de perfones puiflantes; car celui qui eft élu par cette voie, eft obligé d'obéir à les protecteurs, aux dépens des biens de l'églite & de la difcipline. Faites faire devant vous un inventaire fi

déle

5

déle des biens & des ornemens de cette églife, & AN. 193.
en donés la garde au diacre Refpectus, & à
Etienne primicier des notaires, à la charge d'en
répondre en leur propre bien. Mais avertiffés
l'évêque Malcus de ne fe mêler de cette affaire
en aucune façon. C'étoit un évêque de Sicile,
qui avoit adminiftré le patrimoine de Dalmatie
mais avec fi peu de fidélité, que S. Gregoire
n'en étoit pas content. Il continue de parler ainfi
à Antonin: La dépenfe néceffaire fera fournie
par l'économe, qui s'est trouvé en charge à la
mort de l'évêque, & il en rendra compte au
fucceffeur.

i

Cependant comme Natalis étoit mort avant 11. ind. 18. que d'avoir fait juger à Rome fon differend avec ep. 36. l'archidiacre Honorat, qu'il avoit dépofé: S. Gregoire écrivit à Honorat, le déclarant abfous

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111. epift.

& lui ordonant de continuer les fonctions. Il fut Ibid. epift.
élû lui-même par le clergé de Salone. Le pape +6.
aprouvoit extrêmement cette élection: mais
plufieurs s'y opoferent ; & les évêques de la pro-
vince préférérent à Honorat un nomé Maxime,
qu'ils regardoient comme plus traitable & plus
favorable à leurs paffions. Il obtint un ordre de
l'empereur, qui confirmoit fon élection; & le fit
exécuter à main armée, les
par
éxarque de Ravenne, qu'il avoit gagnés par
préfens. Il y eut des prêtres & des diacres battus
en cette occafion; & le foudiacre Antonin rec-
teur du patrimoine, eût été tué, s'il n'eût pris la
fuite.

gens

de Romain

2

29

Vix. epift.. xv,epift.34、

IV

Si-tôt que S. Gregoire eut avis de cette en- 11.epift.15€ treprife, il écrivit aux évêques de Dalmatic pour leur défendre par l'autorité de S. Pierre, d'ordoner un évêque à Salone fans fon confentement, fous peine d'être privés de la participation du corps & du fang de nôtre Seigneur, & de nullité de l'élection: excluant nomément la perDij Lone

AN. 194.

111.epift.

20.

fone de Maxime. La lettre eft du mois d'Octobre indiction douzième > en 593. Au mois d'Avril fuivant, l'an 594. S. Gregoire informé des violences comises à l'intrufion de Maxime, lui écrivit à lui-même : déclarant d'abord, qu'il tient pour fubreptice ou pour faux l'ordre de l'empereur. Car, dit-il, nous n'ignorons pas vôtre vie, & nous fçavons l'intention de l'empereur, qui n'a pas accoûtumé de fe mêler des affaires des évêques, pour ne fe pas charger de nos péchés. Nous ne pouvons donc nomer ordination une cérémonié célébrée par des excomuniés ; & juíques à ce que nous fçachions par les lettres de l'empereur, ou de nôtre nonce, que vous avés été véritablement ordoné par fon comandement, nous vous défendons à vous & à vos ordinateurs, de faire aucune fonction facerdotale, ni d'aprocher du faint autel, jusques à nô, tre réponse. Le tout fur peine d'anathême. On voit ici le refpect du pape pour les ordres de vii. epist.1. l'empereur. Cette lettre fut affichée publiquement à Salone; mais Maxime la fit déchirer, & continua de faire les fonctions d'évêque, fars y avoir aucun égard,

XXXVII.

111. epift.

26.

Dans le même temps, c'est-à-dire, au mois Affaires de de Juin 594. indiction douzième, S. Gregoire Sardaigne. travailloit à la converfion des Barbaricins, habiIv.epift.33 tans de Sardaigne, encore idolatres. Il y envoya Felix évêque en Italie, & Cyriaque abbé de S. André de Rome, parce que Janvier évêque de Caillari, métropolitain de la province, n'étoit pas affés zélé: jufques-là, que les ferfs de sa propre églife étoient encore payens. Les autres évêques de l'ifle ne négligeoient pas moins la converfion de ces idolâtres. Zabarda, qui comandoit en Sardaigne pour les Romains, feconda les intentions de S. Gregoire, & offrit la paix aux Barbaricins, en cas qu'ils vouluffent être Chré

i11. epift.

25.

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