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rale font fauffes, fi elles ne font pratiquables. Car toute la morale eft de pratique, puifque ce n'eft que la fcience de ce que nous devons faire. Donc on ne peut faire une plus grande injure à un legiflateur, que de traiter fes loix de belles, mais impratiquables; puifque c'est l'accufer d'ignorance, d'imprudence, de vanité. Non, mon cher lecteur, les comandemens de JESUS1.Joan.v.3. CHRIST ne font pas impoffibles; ils ne font pas même pefans, comme dit fon apôtre bienaimé. Et en promettant d'affifter son église juf ques à la fin des ficcles, il nous a promis les graces néceffaires, pour nous élever au-dessus de nôtre foibleffe.

XI. Doctrine, Trinité.

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Aprés la difcipline, confidérons aussi la doctrine des anciens, & pour le fonds, & pour la maniere d'enseigner. La doctrine, dans le fonds, est la même, que nous croyons, & que nous enfeignons encore: vous l'avés pû voir par les extraits des peres, que j'ai raportés, & vous le verrés encore mieux dans les fources. Ils ont premierement établi la monarchie; c'est-à-dire > l'unité de principe: tant contre les payens, accoûtumés à imaginer plufieurs dieux, que contre certains hérétiques, qui embaraflés à trouver la caufe du mal, mettoient deux principes indépendans; l'un bon, l'autre mauvais, comme les Marcionites & les Manichéens.

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La Trinité eft prouvée contre les Sabelliens, les Ariens & les Macedoniens. Non que l'on explique ce mystére, incompréhensible à nôtre foible raifon; mais on montre la néceffité de le croire. Il eft certain que JE'S US-CHRIST a été toûjours adoré par les Chrétiens, comme étant leur Dieu. On le void par les apologies & les actes des martyrs, par les témoignages des payens mêmes: la lettre de Pline à Trajan, les Hift. liv. objections de Celfe & de Julien lapoftat. Il est certain

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certain, d'ailleurs, que les Chrétiens n'ont ja- vi. n.19. mais adoré qu'un feul Dieu. Donc JEsus XV.. 45. CHRIST eft le même Dieu, que le Pere créateur de l'univers. Mais il eft encore certain, que JESUS-CHRIST eft le Fils de Dieu, & que le même ne peut être Pere & Fils à l'égard de foi-même. C'est ce que Tertullien montre fi bien contre Praxeas. Les difcours de JEsu sCHRIST feroient abfurdes & infenfés, lorfqu'il dit, qu'il procede du Pere, que le Pere l'a envoyé, que le Pere & lui ne font qu'un. Ce fe roit dire: Je procede de moi; je me fuis envoyé moi-même ; moi & moi nous fommes un. Il ne peut y avoir de fens à ces paroles, qu'en difant, que JESUS-CHRIST eft une autre perfone que le Pere, quoiqu'il foit le même Dieu. Son autorité fuffit pour nous faire croire qu'il eft ainfi, quoique nous ne comprenions pas comment il eft.

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Le Fils étant Dieu, doit être, parfaitement égal & parfaitement femblable au Pere; c'eft ce qui a été prouvé contre les Ariens, Autrement il y auroit deux Dieux, un grand & un petit ; & ce petit ne feroit en effet qu'une créature. Il ne feroit donc pas permis de l'adorer. Joint que l'idée de créature, quelque parfaite qu'on la fupose, ne remplit point celle que l'écriture nous done du Fils de Dieu. Contre les, Macedoniens, qui admettoient la divinité du Fils, & rejettoient celle du Saint-Efprit, on a montré que le Saint-Efprit procede du Pere, & eft envoyé par le Pere auffi

bien

que le Fils: mais qu'il eft autre que le Fils, Liv. xiv. puifqu'il n'eft dit nulle part, qu'il foit Fils ni en- n. 31. gendré. Il elt nomé également en la forme du Athan, ad baptême. Allés, baptifés au nom du Pere, & du Serap. Fils, & du Saint-Esprit : donc c'est une troifiéme perfone, mais le même Dieu.

Voilà comment les peres ont prouvé le myfteē iij

re

XII. Incarnation, Grace.

:

te de la Trinité. Non par des raifonemens phi lofophiques: mais par l'autorité de l'écriture & de la tradition. Non fur des principes de métaphyfique; d'où l'on conclut que la chofe doive être ainfi mais fur les paroles expreffes de J ESUS-CHRIST, & fur la pratique conftante de l'adorer avec le Pere, & de glorifier le SaintEfprit avec l'un & l'autre. Il eft vrai toutefois, qu'ils ont beaucoup raifoné fur ce mystere : mais feulement, autant qu'ils y ont été forcés par les hérétiques, qui employoient toute la fubtilité du raifonement humain pour le renverfer. De-là vient que les peres fe font expliqués diversement, felon les differentes cbjections, qu'ils vouloient réfoudre. Il falloit parler autrement aux payens autrement aux hérétiques, & diverfement à chaque hérétique en particulier ; & c'eft cette diverfité d'expreffions, felon les temps & les occafions, qui a doné fujet à quelques modernes, d'abandoner trop legerement fur cette matiere de la Trinité les petes plus anciens que le concile de Nicée. Mais je penfe avoir raporté dans mes dix premiers livres, de quoi juftifier fuffifament ces

anciens.

La Trinité bien prouvée, emporte la preuve de l'Incarnation contre Ebion, Paul de Samofate & les autres, qui ne reconoiffoient en J ESUS-CHRIST qu'un pur homme. Car il n'étoit pas fi difficile de prouver, qu'il eût eu une véritable chair, contre les Docites & les Manichéens: qui difoient, qu'il n'avoit été homme qu'en aparence, Pour ceux qui le reconoiffoient. homme étant certain, par la doctrine de la Trinité, qu'il eft Dieu : il n'y avoit qu'à montrer, que pour être Dieu, il n'en étoit pas moins homme; & c'est ce que les peres ont prouvé. contre Apollinaire, qui vouloit que le Verbe divin lui tint lieu d'ame raifonable. En com-battant

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battant cette héréfie, Neftorius & fes auteurs avoient doné dans l'excés opofé, divifant le Dieu d'avec l'homme, & foûtenant que le Fils de Marie n'étoit que le temple de la divinité, & un pur homme : ce qui revenoit à l'erreur de Paul de Samofate. On a donc montré contre Neftorius que le même eft Dieu & homme ; & que JESUS-CHRIST eft une feule perfone en deux natures fans qu'elles foient con fufes, comme prétendoit Eutychés. Voilà les deux myfteres, fans la foi defquels on ne peut étre Chrétien puifque tout Chrétien fait profef fion d'adorer JESUS-CHRIST, & qu'il n'eft permis d'adorer ni une créature ni un autre Dieu que le feul Tout-puiffant. C'est donc unecalomnie trop groffiere, quand les Mahometans, les Juifs & les Sociniens, nous accufent de propofer dans nos cathéchifmes des fubtilités de théologie, & d'en embarraffer les fimples. Il faut renoncer à l'adoration de JS US-CHRIST & par conféquent au nom de Chrétien; ou favoir qui eft JESUS-CHRIST, & à quel titre on Fadore.

:

,

La doctrine de la grace eft une conféquence de celle de l'Incarnation. Le Fils de Dieu s'eft

fait homme pour notre falut: mais s'il ne l'a procuré, que par fa doctrine & par fon exem ple, il n'a rien fait que n'eût pû faire un pur homme, tel que Moïfe & les prophetes. Or f SUS-CHRIST a fait plus, il nous a mérité par fon fang, la rémiffion de nos péchés : il nous a envoyé le Saint-Elprit, pour nous éclai rer & nous doner fon amour; qui nous fait accomplir fes comandemens, en furmontant la réfiftance de nôtre nature corrompue. C'est ce que faint Paul a fi bien enfeigné, & faint Auguftin fi bien foûtenu contre les Pelagiens, qui donoient tout aux forces naturelles du libre arbitre : en

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forte

forte que felon eux, ils n'étoient redevables qu'à eux-mêmes de leur falutils ne devoient rien à JEsus-CH RDS É, & s'étoient rendus meilleurs » que Diet'ne, les savoit faits Pour combattre cette erreory faints Auguftin a fouvent employé les pratiques de l'éghle, Ea priere,' qui en général feroit inutiler, fi ce qui nous importe le plus qui eft der 1 nous rendres bons dépendoit de nous. La forme des prières ; qui a toûjours été de demander à Dieu par JESU SCHRIST, de nous délivrer des tentations, de nous faire accomplir ce qu'il nous comande, de nous doner la foi & la bone volonté. L'ufage de baptifer les petits enfans, pour la rémiffion des péchés: preuve évidente de la créance du péché originel. Tous les peres en ont ufe de même, à l'égard de tous les myfteres, & ontoemployé les pratiques immémoriales de l'églife, comme des preuves fenfibles de fa créance. Ils ont prouvé la Trinité par la forme du baptême, où les trois perfones divines font invoquées également & ils ont infifté fur les trois immerfions qui fe pratiquoient alors comme une preuve de la diftinction des perfones. Ils ont tire de Beuchariftie, une preuve de l'incarnations, puisqu'il ne XXVII. n. 1. ferviroit de rien de recevoir la chair d'un pur honime, & qu'il ne feroit pas permis de l'adorer. Ce qui montre une providence particuliere, de Dieu fur fon églife, d'avoir attaché à des prati ques & des cérémonies fenfibles, la créance des myfteres les plus relevés: afin que les fidéles, même les plus fumples & les plus groffiers, ne puffent les ignorer ni les oublier. Car il n'y a perLone qui ne fache, comment il a vû toute la vie prier dans l'églife, administrer le baptême & les autres facremens.

Liv. XXV.

n. 22.

Cyrill. anath.11. bomil.ad ciena.

La doctrine des facremens en général a été folidement établie par les difputes contre les Do

natiftes

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