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S, Bafil. reg. fuf.

2.35.

Hift. liv. Xix n. 8. n. 17.

obfervances, comme effentielles, la ftabilite & le travail des mains. Chaque moine demeuroit attaché à fa comunauté, & chaque anachorete à fa cellule, s'il n'y avoit des raifons fort puiflantes d'en fortir: : parce que rien n'eft plus contraire à l'oraifon parfaite & à la pureté de cœur qu'ils fe propofolent, que la légèreté & la curiofité. Ils avoient un tel foin d'écarter la multitude des penfées, & de rendre leur ame tranquille & folide, qu'ils évitoient les beaux païfages & les demeures agréables ; & paffoient la plupart du temps enfermés dans leurs cellules. Ils eftimoiens le travail néceffaire, non-feulement pour n'être à charge à perfone, mais encore pour conferver l'humilité, & pour éviter l'ennui.

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Les comunautés étoient nombreuses, & l'on tenoit pour maxime de ne les point multiplier en un même lieu: par la difficulté de trouver des fupérieurs, & pour éviter la jaloufie & les divifions. Chacune étoit gouvernée par fonabbé ; & quelquefois il y avoit un fupérieur général, qui avoit l'intendance fur plufieurs monastéres fous le nom d'exarque d'archimandrite, ou quelque autre femblable: mais ils étoient tous fous la jurifdiction des évêques, & on ne parloit point encore d'exemptions. Les moines ne faifoient point un corps à part, diftingué, nonfeulement des féculiers mais du clergé, fans paffage de l'un à l'autre. Il étoit ordinaire de prendre les plus faints d'entre les moines, pour en faire des prêtres & des clercs : c'étoit un fonds où les évêques étoient affurés de trouver d'excellens fujets ; & les abbés préféroient volontiers l'utilité générale de l'églife, à l'avantage particulier de leur comunauté. Tels étoient les moines tant loués par faint Chryfoftome, par faint Auguftin & par tous les inftitut a continué plufieurs fiecles par fa pureté, peres ; & leur

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comme on verra dans la fuite. C'eft principalement chés eux que fe conferva la pratique de la plus fublime piété, que j'ai montré dans les auteurs les plus anciens aprés les apôtres dans le Hig. 10. livre du Pafteur, dans faint Clement d'Alexan- 11. n. 44. drie, particulierement lorfqu'il décrit le véritable contemplatif, qu'il nome Goftique. Cette piété intérieure plus comune d'abord entre les Chrétiens, fe renferma enfuite prefque toute dans les monaftéres.

liv. IV.

41.

IV.

Clercs.

Un autre genre de Chrétiens encore plus parfaits, étoient les évêques, les prêtres & le refte Evêques & du clergé : qui à l'exemple des apôtres, pratiquoient la vie intérieure, expofés au milieu du Chryfoft. de monde fans être foutenus comme les moines facerd

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par la retraite, le filence & l'éloignement des occafions. Auffi étoient-ils bien perfuadés, qu'il n'y avoit aucun avantage pour eux dans ces fonctions publiques. Nous fommes Chrétiens pour Hift. liv. nous-mêmes, difoit faint Auguftin, & évêques xx11, n. 23. pour vous. Ils fçavoient, que tout pafteur com- 30. Aug. me pafteur, ne regarde que le bien du troupeau, al. 36. Jerm. 358 & non pas le fien: autrement il devient mercemaire, ou voleur. En général tout gouvernement Plat. . a pour but le bien de celui qui eft gouverné, & Repub. non pas de celui qui gouverne: le medecin. fe propofe, non de fe guérir, mais de guérir le malade: le docteur veut inftruire, & non pas aprendre. S'ils demandent une récompenfe, elle eft étrangere à leur art; & celui qui la prend, ne la prend ni comme pafteur, ni comme medecin, ni comme docteur, mais comme mercenaire.

Les faints avoient renoncé à tout intérêt temporel, en fe faifant Chrétiens : ils n'étoient ni avares, ni ambitieux, & ne voyoient aucun avantage pour eux à gouverner les autres. Au contraire, ils y voyoient de grands périls: la vanité

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de la premiere place, le plaifir de comander & de faire fa volonté, les louanges & les aplau diffemens. D'un autre côté la réfiftance & la haine de ceux que l'on veut corriger, ou à qui l'on refufe ce qu'ils demandent injuftement : la peine de dire des chofes fâcheufes, de menacer de punir: enfin dans ces premiers temps la perfécution & le martyre: car les évêques & les prêtres y étoient les plus expofés. Il n'y avoit donc que le motif d'une ardente charité, ou la foumiffion à l'ordre de Dieu, qui pût les engager à préferer la peine de fervir les autres, à la comodité d'en être fervis. L'humilité les empêchoit de s'en croire capables: il falloit que la volonté de Dieu leur fût fignifiée bien clairement. C'eft pourquoi ils ne feignoient point de fuir & de fe cacher tant qu'ils pouvoient: perfuadés que fi Dieu vouloit qu'ils gouvernaffent, il fçauroit bien les y forcer, malgré toute leur réfif Rep. tance. Platon avoit dit, que dans une republique de gens de bien, il y avoit autant d'empreffement à s'éloigner des charges, qu'il y en a comuné ment à s'en aprocher. Vous aves vu cette idée fouvent réduite en pratique dans l'histoire de l'églife.

Apolog.

€ 39.

Auffi pour avoir de tels évêques, prenoit-on toutes les précautions poffibles. C'étoit d'ordinaire aux vieillards les plus éprouvés, comme dit Tertullien , que l'on confioit le gouvernement. On prenoit un ancien prêtre, ou un ancien diacre de la même églife, qui y eût reçu le baptême, & n'en füt point forti depuis : en forte que fa vie & fa capacité fuffert conuës de V.hift liv, tout le monde. Il conoiffoit de fon côté le trou11. n. 25. peau qu'il devoit gouverner: ayant fervi fous plufieurs évêques de fuite, qui l'avoient promû par dégrés, aux différens ordres, de lecteur, d'acolyte, de diacre: il avoit apris fous eux &

la doctrine qu'il devoit enfeigner, & les canons felon lefquels il devoit gouverner: en forte qu'il n'y avoit rien à aprendre de nouveau. Il ne faisoir que monter à la premiere place, & continuer ce qu'il avoit fait & vû faire toute sa vie. On ne croyoit pas, que le peuple ou le clergé d'une églife pût prendre confiance en un inconnu : ni qu'un étranger pût bien gouverner un troupeau qu'il ne conoilloit pas.

Par la même raifon le choix fe faifoit par les évêques les plus voifins, de l'avis du clergé & du peuple de l'église vacante: c'eft-à-dire, par tous ceux qui pouvoient mieux conoître le befoin de cette église. Le métropolitain s'y rendoit avec tous fes comprovinciaux. On confultoit le clergé, non de la cathédrale feulement, mais de tout le diocéfe. On confultoit les moines, les magiftrats, le peuple: mais les évêques décidoient ; & leur choix s'apelloit le jugement de Dieu, comme parle S. Cyprien. Auffi-tôt on facroit le nouvel évêque, & on le mettoit en fonction: mais on avoit tellement égard au confentement du peu ple, que s'il refufoit de recevoir un évêque, aprés qu'il étoit ordoné, on ne l'y contraignoit pas, & on lui en donoit un autre qui lui fût agréable. La puiffance temporelle ne prenoit point de part aux Elections: fi ce n'eft depuis la converfion des empereurs, pour les évêques des plus grands fiéges, & des lieux où le prince réfidoit. Auffi ces grands fiéges, comme Antioche & Conftantinople, furent-ils dés-lors les plus expofés à l'ambition. Voilà la promotion des évêques, telle que vous l'avés vûë pendant les fix premiers, fiécles, & vous la verrés encore à peu-prés femblable dans les quatre fuivans. Jugés par les effets fi elle étoit bone; & confiderés le grand nombre de faints évêques, que cette hiftoire vous préfente, en tous les païs du monde.

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Hift. liv.

XIX. 7. 25.

Epiph.bar.

30. n. 4. &'c.

Matth. xx. 27. 28.

Ces évêques ainfi choifis vivoient pauvrement ✈ ou du moins frugalement quelques-uns travailloient de leurs mains, plufieurs étant tirés de la vie monaftique, en confervoient les pratiques. Le titre de ferviteur des ferviteurs de Dieu, & les autres femblables, n'ont paffé en formule, que parce qu'ils ont été pris d'abord tres-férieufement. Je ne fache aucun prince temporel, ni aucun magiftrat qui ait pris de tels titres. Les premiers qui les ont employés, avoient fans doute en vûë ces paroles de l'évangile : Que celui qui voudra être le premier entre vous, foit le ferviteur des autres comme le Fils de l'Homme eft venu pour fervir & non pour être fervi. Ils ne croyoient donc pas que le clergé & les évêques mêmes dûffent étre diftingués du peuple par leurs comodités temporelles : mais par leur aplication à l'inftruire, le corriger, le foulager dans tous fes 4. Repub. befoins fpirituels & temporels. Il ne s'agit pas, difoit Platon, de faire dans nôtre république une certaine efpéce de gens heureux; mais de faire la république toute entiere la plus heureuse qu'il eft poffible aux dépens mêmes de quelques particuliers. A plus forte raifon dans une république fpirituelle comme l'églife: il eft jufte que ceux qui gouvernent & qui fervent le public, oublient leurs intérêts temporels ; pour procurer le falut des autres, par leurs travaux & leurs fouffrances.

init.

1. Tim. v. 17.

Mais, dira-t-on, faint Paul n'a-t-il pas dit que les prêtres qui gouvernent bien font dignes d'un double boneur; & ne convient-on pas que cet honeur eft la retribution temporelle ? Il eft vrai: Ibid. v1.8. mais il a dit auffi : Ayant le vivre & le vêtement foyons-en contens. Les faints évêques des premiers fiécles ne refufoient pas fans doute aux bons ouvriers les comodités néceffaires: mais ils favoient que la nature le flatte toûjours, & ne

garde

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