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LOYE

UN Procureur des moins fameux,

Pauvre par confequent, mais pourtant ge

nereux,

Avoit famille très-nombreuse,

Comme lui pauvre & genereuse.

I attendoit pour l'étrenner,

Ce grand jour où plaideurs fe piquent de donner. Ce jour vint & rien plus; du Perche, ni du Maine

Il ne vint pas la moindre aubaine;

Mais une Oye arriva de la part d'un coufin:
Auffi-tôt pour étrenne il envoye à fa tante,
Et la tante à fa bru, par qui l'Oye ambulante
De parens en patens continuant fon tour,
Revint au Procureur vers le milieu du jour.
Un autre l'eut de lui, foit ou gendre ou beau-
frere

Et par l'étrenne circulaire,

Chacun fut étrennant, chacun fut étrenné,

Donnant ce qui lui fut donné.

C'eft ainfi que fouvent liberalité brille :

Une Oye à peu de frais étrenna la famille; Et par le dernier étrenneur

Revint encore au Procureur,

Qui le foir à fouper pour étrenne derniere,
La donna de bon cœur à fa famille entiere.
Je fuis & genereux & pauvre comme lui :
Au public de bon cœur je redonne aujourd'hui
Tout ce que le public m'envoye,

Ce font les étrennes de l'Oye.

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L'AGE

D'OR.

Es deux fexes étoient unis des plus beaux

Ce qui pouvoit les rendre heureux
N'étoit jamais illegitime.

Leur penchant étoit leur maxime.
Par la fimple nature ils étoient vertueux.
Le refpect, l'amour & l'eftime

Etoient les feuls liens de leur focicté ;
Et chacun poffedoit fans crime

Son plaifir & fa liberté.

Mais, o funefte barbarie !
Bien-tôt l'infame volupté,
Vint troubler par fa tyrannie
La commune fimplicité.
La mutuelle Sympathie ;

Qui s'expliquoit dans tous les cœurs,
Effrayée à l'afpect de tant de frenefie à
N'y fit plus fentir fes douceurs.

Sous les Loix de cette traitreffe

Le cœur ne connut plus les innocens defirs:
Et tous les fens troublés d'une honteuse yvreffe ;
Lui ravirent le droit de choifir fes plaifirs.

Depuis ce tems fatal, l'amant & la maîtrefle
Que ce monftre unit en un jour
Goûtent les plaifirs de l'amour,

Sans goûter ceux de la tendreffe.

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CAPRICE

D'UNE FEMME JALOUSE: Sur l'énigme Torrens impetueux qui cours après toi-meme & qui te fuis tolmeme auffi.

T

Aftant le pouls

A fon Epoux,

La jeune Aminte

Fit cette plainte :
Ton fang fe fuit
Et fe poursuit,

Son cours l'entraîne

De veine en veine,

Ainfi le cours

De tes amours,
Cher infidelle,

De belle en belle

T'entraînera ;
Quelle fera

Pour lors ma rage!

Non... je fuis fage,

Tremble pourtant,
En un inftant

La

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