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dent une femme efclave de fa parure, ne conviennent qu'à de Petites Maîtreffes, que le fiecle, tout futile qu'il eft, n'a pu encore estimer.

Que vos journées foient remplies, & vous trouverez du temps pour adorer Dieu, & vous faurez faire quelque bonne lecture à propos; & vous ne connoî¡rez ni les maladies imaginaires, ni les tourments de l'ennui : une vie occupée est toujours agréable.

N'allez pas vous amufer à lire des Romans : c'est une vraie maladie qu'un cerveau rempli de ces idées; on ne voit plus les chofes telles qu'elles font; on n'a plus de goût que pour des paflions folles, pour des aventures extraordinaires, pour des fentiments outrés; on ne parle plus que le langage des précieufes ridicules, & l'on devient foi-même un perfonnage de Roman.

Les Livres que vous lirez doivent être purs comme votre cœur, & fe réduire à une petite quantité. C'eft une erreur de prétendre que notre fexe doit étudier. N'ayant ni charges à remplir, ni des di

gnités à pofféder, nous ne devons apprendre que ce qui peut former notre cœur & nourrir notre efprit. Toute femme favante eft la meilleure preuve que les Sciences ne font point notre partage; je n'en ai point vu qui ne fuffent vaines, décifives & fingulieres dans leur façon d'agir & de penfer.

Votre étude doit être le travail des mains, & le foin de votre maifon quand vous vous établirez. On aura beau vous dire que ce n'est plus l'ufage: la coutume ne preferit point contre le devoir. Une femme dont la vie n'eft qu'un cercle de frivolités, n'eft bonne qu'à faire un fujet de Comédie.

L'orgueil perfuade aux perfonnes d'un certain rang, qu'elles n'exiftent que pour fe réjouir. Que je vous plains, fi vous aviez jamais de tels fentiments! Le plaisir n'eft qu'un adouciffement dont on peut ufer en faveur du travail, & encore fautil qu'il foit avoué par la vertu. Retenez cette maxime, & vous faurez ce qu'on doit penfer des Spectacles. J'ai affezbonne opinion de vous, pour croire que vous

me

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me mépriferiez quelque jour, fi je vous
en confeillois l'ufage. Il fuffit qu'une ame
innocente puiffe s'y corrompre, pour
qu'ils foient dangereux; & d'ailleurs les
libertins en font trop l'éloge, pour les
juger fans reproche.

Quant aux jeux de fociété, vous au-
riez mauvaise grace de ne pas vous y prê-
ter;
ils ne ruinent perfonne, ils arrêtent
le cours de la médifance, ils entretiennent
Tunion; & s'il eft un paffe-temps permis,
c'eft fans doute celui-là, pourvu que l'u-
fage en foit modéré. J'en dirai de même
de la Mufique; elle entre avec raifon dans
l'éducation d'une fille de qualité, & elle
eft d'un grand fecours dans les moments
d'ennui.

Souvenez-vous, ma chere fille, que la
complaifance & l'aménité font l'ame de
la Société. Il n'y a perfonne qui n'aime un
vifage riant: fi vous avez de l'humeur,
yous deviendrez infupportable à vous-
même, ainsi qu'à tous ceux qui vous ap-
procheront. Une ame raifonnable ne
doit fe conduire que par la raifon les
caprices d'une maîtreffe font le défespoir

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de ceux qui la fervent. Voulez-vous être aimée? rendez-vous digne de l'être.

Le mal qui me confume & qui augmente chaque jour, ne me laiffera pas le temps de vous établir; mais Dieu le veut, & c'eft fur fa providence qu'il faut fe repofer. Un mari eft prefque toujours bon, quand une femme fait être douce & patiente. N'aimez que votre époux, ne cherchez qu'à lui plaire, & la paix fera dans votre maison. Si malgré cela il a des torts, du moins vous ne les partagerez pas avec lui: c'eft un grand foulagement dans les chagrins, qu'une confcience fans reproche.

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Ne connoiffez ni les fupercheries, ni les intrigues; on n'a befoin que de la vérité, quand on eft fidelle à fon devoir. La conduite d'une femme vertueufe ne craint point le grand jour; plus on éclaire fes démarches, plus elle eft fatisfaite. C'est une cruelle fituation que de vivre au milieu des remords, & de n'avoir pour sûreté que la difcrétion d'un domestique qu'on a rendu fon confident. Rien ne fe paie auffi cher qu'une confiance donnée

à des ames baffes & vénales. Ne vous liez qu'avec des femmes vertueufes : les liaisons font notre réputation.

Si vous avez des enfants, ne les perdez pas de vue dans ces premieres années où la raifon commence à s'annoncer. C'est alors que l'ame eft capable d'impreffions qui ne s'effacent jamais; & c'eft alors qu'il faut la remplir de tout ce qui pent infpirer l'amour de la vérité: on n'eft mere qu'à demi, quand on ne voit fes enfants que pour les admirer ou pour les gronder. Confidérez les oifeaux; toujours occupés de leurs petits, ils ne s'en féparent que lorfqu'ils leur ont appris à voler. Nous fommes moins fages que les animaux on diroit à nous voir agir, que notre raifon ne vaut pas leur initinct.

Quand vous ferez bien remplie de l'amour de votre devoir, vous n'aurez point d'adorateurs de votre perfonne, mais des admirateurs de votre vertu. Il n'y a rien de plus fade que le rôle d'une femme qui écoute des fleurettes & des compliments; on la joue à force de la flatter, & fon triomphe est le comble du ridicule. Une

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