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Livres les plus excellents, & faites vos délices de leur fociété. Un Abbé qui ne fait rien, est un homme qui fe joue du Public, qui déshonore la Religion, & qu'on méprife.

Craignez d'obtenir des bénéfices & des dignités; & du moins fi l'on vous y nomme, n'en foyez redevable ni à l'adulation, ni à l'intrigue on perd fon ame & fon honneur quand on achete des baffeffes une Abbaye ou un Evêché. Le feul mérite doit être la recommandation d'un Eccléfiaftique qui connoît les regles de l'Eglife & qui veut s'y conformer.

par

Souvenez-vous d'ouvrir votre cœur & votre bourse à tous les malheureux, & fur-tout fi vous avez des bénéfices, car c'est là leur bien: il n'y a rien de plus oppofé à l'Evangile, qu'un Prêtre tourmenté par l'avarice ou par l'ambition. Votre patrimoine vous fuffira, fi vous favez vous garantir du fafte & de l'orgueil: c'eft prefque toujours le luxe qui nous appauvrit.

Faites-vous un devoir d'être fimple

dans

dans vos ameublements & dans tout votre extérieur les vertus font l'ornement d'un Eccléfiaftique, & il n'en doit pas connoître d'autre.

Que la hauteur ne s'empare jamais de votre efprit; c'eft le ridicule des petits génies, & le moyen d'être haï. Il n'y a perfonne qui ne foit fenfible à des manieres douces & infinuantes; & d'ailleurs, comment concilier l'orgueil avec la morale de l'Evangile?

Tels font, mon cher fils, les confeils que j'ai cru devoir vous donner; la tendreffe me les a dictés, amfi que le defir que j'ai de votre bonheur. Le Séminaire, d'où vous fortez, a dû vous inspirer le goût de l'étude & de la piété; n'oubliez jamais cette Ecole, & rappellez fouvent dans votre efprit qu'un Prêtre ne doit plus reparoître dans le monde que pour y édifier. Ses fautes ne font point ifolées; elles deviennent pour la plupart de ceux qui les voient, un prétexte de fe fortifier dans le mal & d'y perfévérer.

Souvenez-vous que la conduite de vos freres ne doit point vous être indifféren

G

te, & que vous êtes chargé par votre état de leur remontrer leurs devoirs, au cas qu'ils vinffent à s'en écarter. Mais pour cela, il faut donner bon exemple, & favoir employer la douceur : les réprimandes font toujours, mal reçues, fi l'on n'a foin d'en tempérer la févérité.

Votre pere ne vous perdoit pas de vue, & il auroit pris tous les foins pour éprouver votre vocation; mais Dieu, qui l'a retiré de ce monde, veut être luimême votre conducteur. Attachez-vous fortement à lui; il n'y a de gloire & de bonheur qu'à le bien fervir.

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TREIZTEME SOIRÉE.

IL m'a femblé, mes chers enfants, que

le faste étant, pour ainfi dire, attaché à la perfonne des Grands, je devois vous en faire connoître les ridicules & les dangers. C'eft forgueil, n'en doutez pas, qui a élevé le fafte au point où il eft, & qui l'a rendu l'idole de prefque toutes les conditions. On s'épuife dans tous les états pour paroître faftueux, & it n'y a point de ftratagêmes qu'on n'emploie à deffein de briller aux yeux du Public.

On veut faire difparoître cette origine & cette deftinée commune qui nous rend tous égaux, afin de perfuader, s'il étoit poffible, qu'un homme riche eft abfolument différent du Peuple, & qu'il n'y a de grandeur réelle dans l'univers que des biens & des honneurs.

5 Laverty, en conféquence, n'a plus rien qui frappe les efprits ; c'eft une on bre qu'on évite, pour le tourner du côté

t

a

de la fortune, qu'on admire comme un autre foleil.

On a vu ce fafte, qui remplit aujourd'hui nos Villes, commencer & s'accroî tre de maniere à ruiner les maifons les plus opulentes; on l'a vu faire rentrer dans le néant cette fimplicité qui caractérifoit nos Peres, & qui rendoit nos mœurs fi honnêtes & fi douces. Bientôt on rougit de fe lóger & de fe vêtir comme eux, bientôt on eut honte de leurs portraits, & ce ne furent de toutes parts que des profufions exceffives pour bâtir des Palais, pour fe procurer les plus beaux habits & les plus riches ameublements.

Quelles fomptuofités ne voyez-vous pas em ce genre? je fuis sûre que vous en êtes étonnés, & que vous avez affez de raifon pour en fentir le ridicule, & • pour vous appercevoir que les mœurs en fouffrent & que la vertu en gémit.

Quand on fe familiarife avec le faste, quand on en fait l'objet de ses recherches & de fon amour, Tame n'eft plus qu'une here, & le corps devient une diviniLe ce n'eft plus que pour lui qu'on fe

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