8 cretaire qu'on avoit fait cacher adroi tement, séparé de l'appartement de la Maréchale par une fimple cloison: il copioit à mesure qu'elle parloit. Sans cette fage prévoyance, le Public étoit privé d'un Manuscrit qui vaut un Traité d'éducation, & qu'on ne peut lire avec indifférence. Le Lecteur n'aura pas de peine à reconnoître que la Maréchale, quoique fimple dans fes expreffions, fut une femme beaucoup plus instruite qu'on ne l'eft communément. On devoit fans doute à fa mémoire l'honneur de la nommer; mais comme elle exigea qu'on ne parlât point d'elle après la mort, on fe croit obligé de refpecter les dernières volontés. Je ne crains point que ce filence faffe fufpecter la vérité de cet Ouvrage il eft conçu de maniere à 1 convaincre tout homme qui pense, qu'on ne peut jouer ainfi le fentiment. Ce ne font ni des pensées brillantes, ni des phrafes recherchées; mais la tendreffe maternelle, qui s'exprime fans art & fans prétention. Je plaindrois celui qui ne fe rendroit pas à cette évidence, comme un homme qui ne fauroit pas diftinguer le langage de la nature, & qui n'auroit jamais éprouvé ce que peut le sentiment. La vraisemblance ne fe rencontre pas toujours avec la vérité, mais ici elles fe réuniffent en faveur de cet Ouvrage. Qu'y a-t-il en effet de plus naturel, qu'une mere tendre & courageuse profite d'une maladie de confomption, pour détromper fes enfants fur les vanités du monde, & pour leur donner des confeils capables de les guider! Qu'on rentre en foi-même, qu'on écoute la voix du fang; & les grands fentiments de la Maréchale ne paroîtront point une fiction. Elle vécut trop peu, étant morte à l'âge de trente-neuf ans; mais elle va revivre dans cet Ouvrage, que mes larmes arroserent plufieurs fois. de CARACCIOLI. LA A Jouiffance de foi-même. La Converfation avec foi-même. Le véritable Mentor. Le Langage de la Raifon. Le Langage de la Religion. Le Cri de la Vérité contre la féduction du fiecle. La Religion de l'honnête-homme. Lettres récréatives & morales fur les Les derniers Adieux de la Maréchale de*** à fes Enfants. LES P. DEPAS LES DERNIERS ADIEUX DE LA MARECHALE DE *** A SES ENFANTS. PREMIERE SOIRÉE. L'ÉTAT TAT de langueur qui m'accable depuis dix-huit mois, & qui ne me permet plus d'efpérer des jours fereins, m'engage à vous raffembler ici, mes chers enfants', pour fatisfaire à mes obligations, & pour m'entretenir avec vous. Il me femble que devenue doublement votre mere par la perte de mon époux, je dois fuppléer aux confeils qu'il vous A |