Imágenes de páginas
PDF
EPUB

J. M. paffa, & que ce fut par une espece WAN- de defefpoir qu'il fe fit Moine.

SLEB.

Ces paroles pourroient paroître fufpectes dans la bouche d'un Prote-` ftant, fi les chofes que Wanfleb rapporte de lui-même dans un Journal Manufcrit,qu'il a fait d'une partie de fa vie, ne les rendoit fort croyables. Wanfleb s'embarqua à Alexandrie au commencement de l'année 1665. & arriva à Livourne le 16 Fevrier. Il paffa de-là à Rome, ou ayant abjuré le Lutheranifme, il fe fit Religieux de l'ordre de S. Dominique l'an

1666.

Quatre ans après, c'est-à-dire en 1670. il fut envoyé à Paris, ou s'étant fait connoitre à M. Colbert, ce Miniftre jugea à propos de le renvoyer en Orient en habit feculier, pour y acheter d'anciens Manufcrits Grecs, Syriaques, Arabes, Turcs, & Perfans, & des Medailles.

,

Il s'embarqua à Marseille le 20 May 1671. pour l'Egypte, & arriva au Caire au mois d'Avril de l'année fuivante. Il demeura près de 20 mois en Egypte, d'où il envoya à la Bi

bliotheque du Roi 334 Manufcrits, J. M. Arabes, Turcs, & Perfans. WAN

Ne pouvant plus continuer ce SLEB. Commerce, à caufe de la jaloufie des Mahometans, il crut ne pouvoir mieux faire que d'aller à Conftantinople, où d'ailleurs il pretendoit être obligé d'aller, afin d'obtenir du grand Seigneur un paffeport pour l'Ethiopie.

Il partit du Caire le 12 Octobre 1673. fon vaiffeau eut une tempête à effuyer fur mer, pendant laquelle le Capitaine, fuivant la fuperftitions des gens de mer, demanda au P. Wanfleb, s'il n'avoit point de Momie avec lui. Il n'en avoit pas, mais il eut une autre fuperftition; car croyant que la tempefte étoit peutêtre caufée par le Sepher Adam, ou Livre d'Adam, qu'il avoit fur lui parce que ce livre traite de Magie, il le jetta dans la mer; action dont par une nouvelle fuperftition il fe repentit dans la fuite, s'imaginant qu'il auroit pû par ce livre rétablir la Science des Talifmans & celle de la connoiffance des Efprits.

En paffant à Smyrne, il y fut fort

J. M. mal reçu de M. Louis Chambon ConWAN- ful de France; ce qui fut caufe qu'à SLEB. Conftantinople, où il arriva le 24 Mars

1674. les Marchands François, pour qui il avoit des Lettres de recommandation, n'y eurent aucun égard, le regardant comme un Avanturier. Cependant ils furent defabufés par des lettres de change, & des Lettres de la Cour qui lui furent adreffées alors à Conftantinople.

;

Il avoit promis d'aller chercher des Manufcrits au Mont Athos mais il s'en excufa fur ce que Leon Allatius en avoit envoyé enlever les meil

feurs pour la Bibliotheque du Vatican, & fur ce que les Moines avoient livré par trahifon aux Corfaires une barque Françoife.

Il fe difpofoit à partir pour l'Ethiopie au commencement de l'année 1676. lorfqu'il reçut une lettre de M. Colbert, qui le rappelloit

en France.

Il s'embarqua à Conftantinople le 9 Janvier de cette année, & arriva à Paris le 22 Avril fuivant.

Il y demeura quelque temps avec fon habit de Levantin hors de fon

Ordre fous differens pretextes; mais J. M. les Peres Hervé & de Marigny Jaco- WANbins de la ruë S. Jacques, l'ayant SLEB. engagé à venir demeurer parmi eux, il s'y retira le 29 Octobre de la même année & reprit l'habit de l'Ordre, cinq ans & demi après l'avoir quitté. Comme il avoit été tout ce temps fans dire la Meffe, il s'y prepara par uneConfeffion generale,qu'il fit à M. Charton, Penitentier de Nôtre-Dame, & par les Exercices fpirituels, & la dit le jour de Saint-Martin.

Mais l'hyver il fe trouva dans la derniere neceffité; & fut reduit à emprunter de toutes parts & à vendre prefque pour rien les Manufcrits Ethiopiens qu'il avoit apportés.

Il écrivit en vain à M. Colbert pour obtenir de lui ce qu'il pretendoit lui être dû, & les recompenfes qu'il croyoit meriter : ce Miniftre lui répondit toûjours qu'il ne lui devoit plus rien, & qu'il étoit trop mécontent de fa conduite, pour avoir égard à fes demandes. Il favoit apparemment la vie peu reguliere qu'il avoit menée dans l'Orient, & qu'il

1

J. M. lui étoit arrivé à Conftantinople le 17 WAN- Septembre 1674. une affaire, qui SLEB. lui auroit fait perdre la vie & l'honneur, s'il n'eût gagné par un prefent celui à qui la connoiffance en appartenoit, comme il nous l'apprend lui-même dans fon Journal Manufcrit; il favoit auffi qu'il entretenoit publiquement dans Paris un Commerce, dont il n'a pas eu honte d'écrire dans le même Journal les détails les plus fecrets & les plus particuliers. Les Jacobins même n'ignoroient point tout cela; & ce fut ce qu'ils en apprirent au Pere de Sainte Marthe, General de l'Oratoire, fon Protecteur, qui l'engagea à l'abandonner, & à renoncer au deffein qu'il avoit de le faire envoyer à Conftantinople avec M. de Guilleragues, Ambaffadeur de Fran

ce à la Porte.

D'un autre côté le Prieur de SaintJacques voyant qu'il ne payoit pas la penfion dont on étoit convenu, & fachant qu'il depenfoit fon argent ailleurs, le congedia.

Wanfleb fe trouva alors fort embaraffé fur ce qu'il deviendroit. Il

« AnteriorContinuar »