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J. Do-foit, il naquit vers le commence ment du 16e fiecle.

RAT

Son nom de famille étoit Dinemandy, qui en langage Limousin fignifie Dine-matin. Mais ce nom lui ayant déplu, il le changea en celui de Dorat, foit parce qu'un de fes ancêtres avoit été ainfi appellé par fobriquet, à caufe de fes cheveux blonds, comme Menage dit l'avoir appris de Nicolas Bourbon, Profeffeur Royal, homme très-verfé dans l'hiftoire des hommes de Letres, foit à caufe de la d'Aurance petite riviere du Limousin, qui fe décharge dans la Vienne, comme l'affure Papire Maffon dans fa defcription de la France par les Rivieres, p. 87. foit par allufion à la ville nommée le Dorat, Capitale de la Baffe-Marche, comme l'a remarqué M. Baluze.

,

La famille des Dinemandy étoit ancienne, auffi bien que celle de Bermondet, mal appellée Bremondais par la Croix-du-Maine, dont étoit fa Mere. Cependant il naquit pauvre, & fut toûjours un fi grand difipateur, qu'il ne put jamais fe voir dans l'abondance.

Après avoir fait fes études, il fut J. Dos réduit à être Précepteur d'Antoine RAT. de Baif, fils du fameux Lazare de Baif. S'étant acquis de la reputation dans cette place, il fut choifi pour être Précepteur des Pages du Roi, & non point des fils du Roi, comme Teiffier l'a fait dire mal à propos à M. de Thou, dans fa traduction des Eloges tirés de ce fameux Historien. Mais il ne conferva cette derniere place qu'un an, comme il le témoigne lui-même dans ces vers à Pierre de Therme part. 2. de fes Poëfies P. 15.

Aulica nam paffus faftidia mille per

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Hunc tandem in portum ventis jace
tatus & undis

Naufeam ut evomerem tanti maris,
alter Vlyffes

Evafi.

Paroles qui font voir qu'on ne fut pas content de lui à la Cour, & qu'il eut bien des defagrémens à y effuier.

Il fe retira après cela au College

RAT.

J. Do- de Coqueret, dont on lui avoit don né la conduite; & il s'occupa à inftruire les penfionnaires qu'il y prenoit. Ronfard y fut entre autres fon éleve pendant fept ans.

La grande connoiffance que Dorat avoit de la langue Gréque lui procura en 1560. une place de Profeffeur Royal en cette langue, dans laquelle il fucceda à Jean Strazeel, Flamand, mort l'année précedente, Il la remplit avec beaucoup de réputation & de fuccès, & il fortit de fon école un grand nombre d'ha biles gens.

Ses Poëfies lui firent auffi un grand nom & lui procurerent la qualité de Poëte du Roi, Poëta Regius, qu'il reçut de Charles IX. qui l'aimoit, & fe plaifoit à s'entretenir avec lui. Ses vers François l'ont fait mettre dans la Pleiade des Poëtes François de fon temps, qui font avec lui Jean Antoine de Baif, Etienne Jodelle, Joachim de Bellay, Remi Belleau, Pierre Ronfard, & Pontus de Tyard. Mais il eft à préfumer que c'eft leur multitude, plûtôt que leur bonté, qui lui a fait obtenir cet hon

neur;

meur; car ce qui nous refte de lui en J. Doce genre n'eft pas fupportable. Ses RAT. Poëfies Latines font un peu meilleurés: cependant on trouve dans le Recueil qui nous en refte, quantité de pieces negligées, qui n'ont ni force, ni délicateffe, ni pureté de ftile, parce que la trop grande facilité aves laquelle il les compofoit ne lui permettoit pas de fe donner le temps de les limer & de les polir. On peut même, dire qu'il eft difficile de trouver dans tout fon livre une piece ou deux qui arrêtent l'efprit, & qui puiffent contenter ceux qui ont le goût fin & l'oreille delicate; & qu'il n'eft jamais fort heureux, ni dans l'invention, ni dans l'expreffion, ni dans l'harmonic. Mais il étoit difficile qu'un homme dont la maladie fembloit être de faire des vers, pût y réuffir mieux. En effet il ne s'imprimoit point de livre, & il ne mouroit aucune perfonne de confequence, que Dorat ne fît des vers fur ce fujet, comme s'il avoit été le Poëte banal du Royaume, ou comme fi fa Muse avoit été une pleureufe à louage. Ainfi il n'eft pas éton Tome XXVI.

K

RAT.

J. Do- nant qu'il ait fait plus de cinquante mille vers tant en Grec, qu'en Latin, comme l'affure du Verdier, qui met à part les François, qui ont été auffi en grand nombre.

Le mauvais goût du fiecle, où il vivoit, doit lui faire pardonner celui qu'il eut pour les Anagram➡ mes, dont il fut le premier reftaurateur, & dont on prétend qu'il trouva la tablature dans Lycophron. II paffa pour un grand devin en ce genre, & plufieurs perfonnes illuftres lui donnerent leur nom à anagrammatifer. Il mit même ce badinage pueril tellement en vogue, que tout le monde voulut s'en mêler.

Mais ce qu'on ne peut lui paffer, eft la folie qu'il avoit de vouloir interpréter les fonges, & de s'imaginer que Nostradamus étoit un vrai Prophete, à qui un Ange avoit dicté fes propheties. Ce fut cette derniere imagination qui le fit travailler à en donner l'explication; mais cet Ouvrage n'eft point paffé jufqu'à nous.

Se fentant fatigué des fonctions de la Charge de Profeffeur Royal il s'en démit en faveur de Nicelas

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