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J. LE

bien difputé, s'en remettoient quelquefois à fa décifion; qu'il GRAND. » travailla aux préliminaires de la

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paix, & qu'il fournit les memoires pour ce fameux traité qui fer» vira toûjours de modele pour tous les autres. » Il obferve pour l'Abbé de Villeloin: » Que s'il n'a pas » donné la derniere main à ses Ouvrages, nous lui avons du moins cette obligation qu'il a frayé le » chemin à plufieurs traducteurs qui » font venus après lui, & qui peutêtre ne lui ont pas rendu toute la

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juftice qui lui étoit dûë: car il eft conftant que c'étoit un homme » d'une grande érudition, & qu'il » y à dans avoit beaucoup à profiter dans

» fon entretien.

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L'éducation du Marquis de Vins & celle du Duc d'Eftrées dont l'Abbé le Grand fut chargé fucceffivement, ne dérangerent rien dans le plan de fes études. Il continua de s'appliquer à l'Hiftoire & à la Critique.

L'Hiftoire de la Réformation d'Angleterre compofée par le Docteur Burnet mort Evêque de Salisbury

J. LE ayant paru en François en 1683 GRAND. l'Abbé le Grand l'examina avec foin & fit part de fes obfervations à M. Thevenot.

Le Docteur Burnet qui vint à Paris en 1685. informé du jugement que l'Abbé le Grand portoit de fon Hiftoire, pria M. Thevenot de lui menager une conférence avec notre Abbé; ce qui ne fut pas difficile. Elle fe tint à la Bibliotheque du Roi en préfence de MM. Thevenot & Au

zout.

L'Abbé le Grand propofa fes difficultés d'une maniere fimple & plûtôt comme des doutes, que comme de véritables objections. Le Docteur Barnet parla avec une éloquence qui charma les Affiftans. La conférence ne fut pas longue: ils examinerent les trois premieres années. (a)

L'Abbé le Grand attaqua d'abord l'autorité de Fox & de Parker, & foûtint que des écrivains fi emportés

ne méritoient aucune créance. Le Docteur Burnet répondit qu'il ne les avoit pas cités fouvent. Ce point mé

(a) Le Grand Disc. prélim. fur l'Hist, du Divorce d'Henri VIII,

iitoit une longue difcuffion; mais on

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paffa à une autre matiere, après que GRAND. 'Abbé eût fait obferver, que fi le Docteur n'avoit pas d'autres garants que ces deux écrivains pour l'éloge de Cranmer, cet éloge devoit être examiné de nouveau

Il avança enfuite qu'on avoit lieu de douter que le Pape Clement VII. eût donné aucune Bulle dans fa prifon. Il s'appuya même du témoigna gede fon adverfaire. Le Docteur tâcha de fe débarraffer de l'objection en répondant que la lettre de Wolfey faifoit mention d'une Bulle. Il fut cependant forcé de convenir que la difficulté méritoit quelqu'attention. L'Abbé prouva que quand Wolfey propofa de rompre le mariage d'Henri VIII. & de Catherine d'Arragon ̧ il fongeoit moins à affûrer la fucceffion de ce Prince qu'à le broüiller avec Charles V. & cita quelques lettres de M. du Bellay fans les produire. Ces lettres l'obligerent de parler de l'Ambaffade de M. de Grammont Evêque de Tarbes, & du paffage d'Anne de Boulen en Angleterre. Le Docteur ne répondit que fur l'arti

GRAND.

J. LE cle de l'Ambaffade, & avoüa n'avoir pú examiner l'affaire qu'après Sanderus, A quoi l'Abbé repartit que Sanderus ne tiroit pas les mêmes confequences que lui; & remarqua en paffant que tous les fcrupules de Henri VII. 'étoient que de pures illufions. Il para après de la conclufion de la Sorbonne, & trouva le Docteur plus équitable fur ce point, & prêt à reconnoître que l'on ne devoit point faire grand fond fur celle qu'il produit. Il ajoûta que f cette Univerfité n'étoit pas pour Henri VIII. il lui en reftoit encore kept ou huit autres.

Enfin l'Abbé le Grand lui demanda pourquoi l'on fe plaignoit de Clement VII. que s'il n'avoit pas prononcé, ce n'avoit été qu'à la priere d'Henry VIII. & de François I. qui vouloit trouver quelque accommodement. Le Docteur répondit que le Pape avoit agi trop lentement dès commencement; que dans la fuite il s'étoit trop preffé & avoit tout gâté. C'est une longue difcuffion repliqua l'Abbé, qui ne fe peut faire qu'en examinant toutes les dépêches de ce tems-là.

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Comme par cette conférence il paroiffoit que le Docteur Burnet ne GRAND, s'étoit mépris que faute de Memoires, l'Abbé le Grand lui offrit tous ceux qu'il avoit entre fes mains, s'il vouloit corriger fon Ouvrage, & y travailler. Il s'excufa de le faire fur ce que fes Memoires étoient en Angleterre. On admira l'érudition, la memoire, & la présence d'efprit de ces deux fçavans.

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Cette affaire parut alors terminée; mais le Docteur Burnet ayant publié une nouvelle édition de fon Ouvrage en 1686. à Amfterdam en 4 vol. avec un Difcours Apologetique de la Réformation où il combloit l'Abbé le Grand de loüanges, mais fembloit le prendre en garantie de fon Ouvrage; l'Abbé, malgré la répugnance qu'il avoit à fe produire en public, crut qu'il ne lui étoit pas permis de garder le filence, fans trahir ce qu'il devoit à la verité, à fa Religion, & à son honneur ; & comme le Docteur n'avoit pas accepté l'offre qu'il lui avoit faite, il crut devoir donner au Public les pieces qu'il avoit citées dans la confé

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