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J. LE en faififfoit les difficultés, & fon GRAND. efprit pénétrant & fécond lui fuggeroit des expediens pour les franchir. Rien de plus judicieux que conduite, rien de plus inftructif que La converfation. Comme il fçavoit beaucoup, & qu'il avoit beaucoup voyagé, fa memoire lui fournissoit à propos fur toutes fortes de fujets des faits curieux & intereffans. Auffi la droiture de fon cœur, la folidité de fon jugement, & la fagefle de fa conduite lui avoient-elles acquis l'eftime, l'amitié, & même la confiance d'un grand nombre de perfonnes les plus diftinguées, foit par leur naiffance, foit par leurs emplois, foit par leur mérite.

Cet Article eft de M. B. D. L.

A

SIMON DE LA LOUBERE.

IMON de la Loubere naquit à S. DE LA Toulouse au mois de Mars 1642. LOUBERE & y fit fes études au College des Je fuites, où il avoit un oncle celebre par fon érudition.

Son pere, qui étoit un des principaux Officiers du Préfidial de cette ville, & qui étoit auffi homme de Lettres, n'épargna rien pour lui donner une bonne éducation; mais il ne vêcut pas affez long-temps pour récueillir le fruit qu'il avoit lieu d'efperer de fes foins. Sa mere nommée Bertrand, & de la même famille que le Cardinal Bertrand, qui fut premier Préfident, d'abord du Parlement de Toulouse, enfuite de celui de Paris, & enfin Garde des Sceaux fous Henri II. fupplea à fon défaut. Elle fuivit fon fils dans toutes fes études, avec une attention & une patience fingulieres.

Ce que l'on fçait de ces premiers temps de M. de la Loubere, c'est qu'à l'âge de 15 à 16 ans, il avoit com

S. DE LA Pofé une tragedie Latine, dont le LOUBERE. fujet étoit tiré de l'Ecriture Sainte & une Comedie Françoife imitée de Plante, & qu'il les fupprima toutes deux, lorfque venu à Paris, répandu dans le monde, & fréquentant le Théatre, le Barreau, & les gens de Lettres, il fentit la foibleffe de ces effais.

L'envie de fe perfectionner, & furtout de fe polir, l'engagea particu lierement à faire fa cour aux Dames,' & ce fut dans cet innocent commerce qu'il compofa une infinité de vers tendres & galants, que les meilleurs Muficiens s'empreffoient de mettre en air, & que tout le monde chantoit enfuite; deforte qu'il eut été, difoit-il, le plus grand Chansonnier de France, fi les Opera n'étoient venus lui en enlever la gloire; mais il la leur ceda volontiers, parce qu'il cherchoit d'ailleurs à s'occuper de quelque chofe de plus ferieux.

Il s'appliqua à la connoiffance du Droit public, & des interêts des Princes. Ce fut pour cette raifon que lorfque M. de Saint-Romain fut nommé Ambaffadeur en Suiffe, il le

demanda pour Secretaire de l'Am- S. DE LA baffade; & à fon retour il joignit aŭ LOUBERI. témoignage authentique des fervices qu'il avoit rendus en ce pays-là celui de s'y être fait generalement efti

mer.

Peu de temps après le Roi, qui avoit de grandes vûës pour l'établiffement de la Religion& du commerce dans le Royaume de Siam y envoya de la Loubere avec le titre d'Envoyé extraordinaire. Il partit de Breft le premier Mars 1687. & arriva à la fin de Septembre à Siam, où il demeura jufqu'au mois de Janvier fuivant.

Dans cet intervalle, qui ne fut que d'environ trois mois, il raffembla des notions fi exactes fur l'hiftoire & la nature du Pays, fur l'origine, la langue, les ufages les mœurs, l'induftrie & la Religion des habitans, que la Relation, qu'il en publia à fon retour, quoique précédée de trois ou quatre autres fe fit rechercher avec empreffement.

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On jetta encore dans la fuite les yeux fur lui pour l'envoyer, fans caractere, exécuter une commiffion

S. DE LA fecrette en Efpagne & en Portugal. LOUBIRE. L'objet principal de fa commiffion étoit de connoître & de préparer les moyens de détacher ces deux Cours de l'alliance, qui venoit de produire la révolution d'Angleterre, & qui avoit rallumé la guerre dans toute l'Europe. Malheureufement ce deffein tranfpira par quelque voye indirecte, & peut-être par le feul foupçon. De la Loubere fut arrêté à Madrid, & n'eut la liberté de revenir en France, que parce qu'on y ufoit de repréfailles fur tous les Efpagnols, qui s'y trouvoient.

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Ce fut au retour de ce voyage d'Efpagne, que de la Loubere, qui étoit déja en liaison avec M. le Chancelier de Pontchartrain, alors Con trolleur Général des Finances Secretaire d'Etat de la Marine, s'attacha entierement à lui, pour être auprès de M. le Comte de Pontchartrain, fon fils, reçu en furvivance de la charge de Secretaire d'Etat. Il Paccompagnoit dans fes tournées, il mêloit à fes travaux particuliers des recits inftructifs & curieux, & des lectures favantes, & lui rendoit

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